Elle s’appelle Marie Jeanne Nayrolles. Elle est née à Cabrespines, commune de Coubisou. Condamnée à mort en 1843, elle est la dernière femme guillotinée en Aveyron.
Les statistiques faites par Yves Carcenac dans son livre « la peine de mort aux assises de l’Aveyron 1811-1981 », nous précisent que sur cette période 171 accusés ont été condamnés à la peine capitale en Aveyron. Parmi ceux ci, il dénombre 43 femmes.
Mais accusation ne signifie pas exécution. Par exemple, Rose Bessière en 1859 est graciée. Marie Alary en 1860 est condamnée par contumace. Sur 171 accusés, on en exécute 66.
Pour Marie Jeanne Nayrolles, c’est bien sous la lame de la guillotine que sa vie se terminera.
Qu’a fait Marie Jeanne Nayrolles ? Elle a étranglé sa belle-sœur parce qu’elle avait fait un testament en faveur du mari de Marie Jeanne. Puis elle a décidé de changer son testament, en défaveur dudit mari.
L’acte d’accusation relate toute l’histoire et est même repris mot pour mot dans les journaux.
Condamnée à mort, Marie Jeanne Nayrolles ne réagit pas . Elle se pourvoit cependant en cassation.
Aucune clémence ne lui est accordée et elle apprend la nouvelle dans la cour de la prison. Là encore, pas de réaction, elle continue de discuter avec les autres prisonnières. « Une fois seulement on lui a vu verser quelques larmes » dira le journal.
10H du matin, elle apprend qu’elle va mourir. 14H elle fait rassembler dans la salle commune ses codétenues alors que l’aumônier vient d’arriver.
"Ne suivez pas mon exemple; prenez garde d'offenser Dieu comme je l'ai fait". Aucun doute, elle a des regrets.
Le temps de se préparer, à 15H (heure du journal) elle marche vers l’échafaud à travers une foule nombreuse. Puis elle gravit d’un pas ferme les marches de l’échafaud.
Marie Jeanne Nayrolles est exécutée sur la place « dite du palais de justice » à Rodez le vendredi 18 aout 1843 à 16H (heure du dossier).
Toutes ces informations sont dans la presse (aujourd’hui numérisée). Si tout est dans la presse, sur quoi attirer votre attention ? Dans les affaires criminelles, on cite plus fréquemment les coupables que les victimes. Et jamais, les autres personnes qui ont participé de près ou de loin à l’affaire. Alors faisons le tour de ces anonymes qui ont côtoyé ou croisé Marie Jeanne Nayrolles lors de ses derniers mois.
Peut-être y trouverez-vous la trace d’un de vos ancêtres aveyronnais…
Ils se nomment Louis Andrieu, Alexis Agard, Marcilhac, Lacour. Ils sont en charge de l’arrêter puis de l’emmener en prison. Plus tard, ils l’accompagneront d’une maison d’arrêt au palais de justice ou vers une autre maison d’arrêt.
Le concierge de la prison d’Espalion, qui n’a pas été suffisamment méfiant. La preuve Marie Jeanne Nayrolles lui a échappé alors qu’il était occupé à fermer les portes de cette nouvelle prison. Celui qui signe le registre d’écrou est Mr Fabre.
Mr De Montarnal est l’avocat de la condamnée.
30 des 36 jurés ont répondu à la convocation. Le substitue en récuse 5, l’avocat de la condamnée en récuse 3.
Participent au jugement :
On convoque vingt-cinq témoins. Seuls 24 vont défiler à la barre . Le dernier, Jean Séguis, cordonnier à Espalion s’étant fracturé une cuisse, il a été incapable de se déplacer. 24 hommes et femmes. Et tous connaissent sans doute Marie Jeanne … sauf peut être les deux médecins d’Espalion : Pierre jean Louis Thédenat et Victor Vayssière.
Jean François Truel né en 1781 a été ordonné en 1806. En 1843, c’est lui qui recueillera les derniers regrets, prières et angoisses de la condamnée. Il l’accompagnera jusqu’à l’échafaud.
Il s’appelle Pierre Victor Rives et est l’exécuteur des hautes œuvres depuis 1828. Né à Mirepoix dans l’Aisne, il décède en 1853 à Rodez, dans sa maison boulevard de la Viarague.
Toutes ces personnes ont vécu un moment historique , celui de « la dernière guillotinée en Aveyron ». Ils n’en avaient évidemment pas conscience et vous ne saurez probablement pas ce qu’ils ont ressenti…
Cependant, même si vous n’avez pas un ancêtre assassin, vous avez peut-être un ancêtre “anonyme” qui a vécu la destinée d’un condamné à mort. Cela vous donne une raison supplémentaire de fouiller les archives judiciaires et la presse!
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG
de juillet 2021 sur le thème imposé “une peine capitale”.
© 2021 Généalanille Article publié le 31 juillet 2021
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