Un ancêtre parti pour l’étranger
Un des membres de votre famille est-il parti pour l’étranger ? Voici quelques cas de figures pour vous donner des pistes de recherche.

L’étranger, ce n’est pas la France
Dans l’Allier, on appelle cela une Lapalissade. L’étranger, ce n’est pas la France ! Mais cette affirmation doit éveiller votre curiosité sur les limites territoriales de notre pays au fil du temps. Les colonies, les pays envahis, les annexions, les territoires à rétrocéder ou à bientôt obtenu comme récompense… les frontières de la France ont évolué au fil du temps. L’étranger d’une époque n’est pas forcément celui d’aujourd’hui.

Pourquoi partir ?
Il y a de multiples raisons de partir, peut être plus de mauvaises que de bonnes. Nos ancêtres ont pu partir pour suivre l’amour de leur vie, dans l’espoir de gagner plus, pour fuir une situation de guerre ou un régiment politique, parce qu’ils ont été chassés judiciairement d’un pays, parce que leur travail les amenait à changer de lieux… et bien sûr pour le tourisme !
En fonction du métier, du sexe, de la situation géographique
Si votre ancêtre était diplomate, explorateur, chasseur d’or, avait une compétence d’exception, est médaillé de concours étrangers, ou si vous avez un missionnaire dans la famille, il est probable que la piste du départ pour l’étranger va effleurer votre esprit. Si vous recherchez le parcours d’un homme, peut-être que vous pourrez envisager un passage de frontière. Cela vous semblera sans doute moins évident pour une infirmière, une religieuse, voire une chanteuse lyrique, et pourtant…
Si vous habitez à proximité d’un autre pays, vous aurez la sensibilité de savoir que le bassin de vie ne s’arrête pas à la baraque des garde-frontières. N’oubliez pas d’imaginer que vos ancêtres limitrophes avaient probablement des habitudes similaires, c’est-à-dire de considérer le pays voisin comme une extension de son lieu de vie.

Le cas des guerres
S’il y a une recherche systématique à prendre en compte, ce sont les périodes de guerre. Certes vos ancêtres ont pu partir pour l’étranger non pas pour s’y installer de manière définitive, mais pour des raisons contraintes : c’est le cas des deux guerres mondiales, du travail obligatoire en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale, mais surtout des conflits précédents. Il vous faut envisager la présence de votre ancêtre en Prusse pendant la guerre de 70, en Crimée pendant la guerre éponyme, mais aussi en Grèce, au Mexique, en Italie, en Espagne depuis la paix de 1815, et surtout dans les pays conquis pendant les guerres napoléoniennes. Imaginez votre ancêtre en Russie, en Égypte, en Autriche et ailleurs !

Les touristes
Au sens touristique du terme, il faut envisager que vos ancêtres ont également partir pour l’étranger pour des raisons de loisirs, ou de pèlerinage. La possibilité de découvrir le monde reste cependant un privilège dont toutes les familles n’ont pas pu bénéficier.

Comment et où chercher ?
Un départ pour l’étranger n’est pas forcément un déménagement pour un autre pays. Ce peut être un passage ponctuel de l’autre côté d’une frontière, limitrophe ou non. Alors comment et où chercher des pistes ?
Pour les périodes les plus récentes, les informations peuvent être dans les archives familiales ou les mémoires encore vives de l’entourage (parents ou voisins). Il faudra ensuite fouiller les fonds d’archives publiques (nationales, départementales et communales)
Les passeports vont être la réponse la plus souvent citée par les généalogistes et archivistes. Il faut cependant rester vigilant sur le sujet. Ils n’ont pas été conservés de la même manière selon les départements : certains comprennent toutes les périodes, d’autres n’ont que des talons imprécis.

Par ailleurs, des conventions signées entre la France et certains pays ont permis les déplacements sans avoir de passeport, il vous faut donc consulter la réglementation en vigueur pour la période qui vous intéresse.

L’adresse à l’étranger est une bonne piste. Elle peut être citée dans n’importe quel document : état civil (parents non présents mais consentants), actes notariés, enregistrement (dont les mutations par successions,) hypothèques, presse, petites pièces isolées, fiche de renseignements, recrutement militaire…
Le recrutement militaire (et plus généralement les documents liés à la période d’obligations militaires et aux remplacements) est à regarder de manière systématique. N’oubliez pas de consulter les archives du Service Historique de la Défense, dont une partie est numérisée sur leur site dédié.
Pour les religieux et religieuses, un point de départ peut être la nécrologie de ces personnes. Elle pourra donner des informations précieuses sur les périodes et les lieux.

Dans les archives spécialisées, on veillera à consulter les listes de passager, tant au départ de France, qu’à l’arrivée dans de grands ports. Les numérisations et indexations exécutées depuis plusieurs années facilitent grandement les recherches (et la conservation des documents).

Pour la partie travail, il est important de se pencher sur les offices d’émigration, les ressources liées aux compétences spécialisées (construction du canal de Suez ou de Panama), mais aussi des métiers techniques à valeur ajoutée (gantiers, boulangers, orfèvres, …), des entreprises ayant des échanges commerciaux (actes notariés et documents issus des tribunaux), des métiers liés au déplacement (consuls et diplomates) ou des métiers purement artistiques ou sportifs (gens du cirque, chanteurs, athlètes)…

N’oubliez pas que votre ancêtre a pu échouer dans sa nouvelle vie, et qu’il a pu, donc, faire une potentielle demande de secours pour indigents afin d’être rapatrié en France.
Enfin, si vous voulez d’autres pistes, pensez à regarder les « listes de diminutions » des listes électorales, les émigrés de la révolution, les permis de conduire internationaux, les listes de STO, les échanges scolaires linguistiques ou les voyages de club du troisième âge, … Le tout, bien évidemment, en fonction des périodes que vous étudiez.

Tous concernés ?
Il est difficile de confirmer si toutes nos familles ou la majorité d’entre elles sont concernées par le déplacement, même provisoire, d’un ancêtre à l’étranger. Mais il n’est pas improbable, qu’en fonction de leur origine géographique ou de leur profession, certaines familles fassent des trouvailles sur le sujet. De belles (et difficiles ?) recherches en perspective.
Cartes postales et documents - collection C. Cheuret
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de janvier 2025 sur le thème imposé "un départ pour l'étranger".
© 2025 Généalanille Article publié le 27 janvier 2025