La carte d’alimentation, rendue obligatoire pendant la Seconde Guerre mondiale, nous permet, aujourd’hui, de bénéficier d’un recensement de la population entre 1936 et 1946.
Entre 1936 et 1946, les recensements quinquennaux de population sont mis en suspens, en raison de la guerre.
D’autres listes, associées à des critères spécifiques (par sexe, par tranche d’âge, ou autre) sont instaurées pendant le conflit. Elles peuvent vous permettre de retrouver la trace d’un ancêtre.
La carte d’alimentation, instaurée en 1940, est obligatoire pour tous (jeunes, vieux, hommes, femmes, français ou étrangers…). De fait, elle devient un document officiel pouvant remplacer partiellement la carte d’identité. Son caractère obligatoire et officiel nous permet aujourd’hui de la considérer comme une forme de recensement de population.
Son renouvellement régulier (1941-1944-1946) donne la possibilité de trouver la trace de votre ancêtre pendant cette période.
Une carte individuelle avait été instaurée pendant la Première guerre mondiale (décret du 27 juin 1918) pour que
« l’État établisse l’égalité devant les restrictions » Elle répartissait la population en sept catégories.
E : enfant de moins de 3 ans
J : enfant de 3 ans à moins de 13 ans
A : enfant de 13 ans et au-dessus et adultes (hommes et femmes) de 70 ans et au-dessous, ne se livrant pas à des travaux de force ou n’accomplissant aucun travail
C : toute personne d’au moins 11 ans et sans limite d’âge, se livrant à des travaux agricoles
T : adulte se livrant à des travaux de force
V : hommes ou femmes de plus de 70 ans
La catégorie était précisée sur la carte (dans les quatre angles, ou dans le bas à gauche).
Le gouvernement prévoit de recenser la population et de lui distribuer des cartes de rationnement par décret du 29 février 1940. Les modalités pratiques sont fixées par le décret du 9 mars, paru dans le Journal Officiel du lendemain.
Les cartes de rationnement deviennent obligatoires pour toute personne résidant sur le territoire français, sauf les militaires (hospitalisés ou non) et les personnes embarquées sur les navires (et nourries par le bord).
Dans la pratique, chaque individu (ou chef de famille) doit remplir un formulaire pour renseigner sa situation.
Les mêmes catégories sont prévues qu’en 1918, mais la limite d’âge est élevée à 70 ans pour les catégories A, T et V. La catégorie C débute à partir de 12 ans.
Un listing est établi et les cartes sont émises par les communes qui en assurent la distribution. Celle-ci est organisée par nom patronymique, les personnes ayant un nom débutant par A étant convoquées en premier.
Cela implique que des listes ont été constituées comme les listes électorales, mais en comprenant toute la population (hommes, femmes, enfants, étrangers)… comme un recensement de population !
La carte d’alimentation de 1940 ressemble à celle de 1918.
En octobre 1941, de nouvelles cartes d’alimentation sont émises, avec une validité à compter du 1er janvier 1942 et de nouvelles catégories apparaissent.
L’arrêté du 15 juin 1941 créée de nouvelles catégories en différenciant les enfants selon leur âge, permettant ainsi de ne pas prévoir la même quantité de nourriture pour un jeune de 4 ans et un de 10 ans. La publication du JO du 1er juillet 1941 indique les huit catégories de "consommateurs" :
E : enfants de moins de trois ans ;
J1 : enfants de trois à six ans ;
J2 : enfants de six à treize ans ;
J3 : Adolescents de treize à vingt et un ans ;
A : consommateurs de vingt et un à soixante-dix ans ne se livrant pas à des travaux donnant droit au classement en catégorie " T " ou " C " ;
T : consommateurs de vingt et un à soixante-dix ans se livrant pas à un travail pénible nécessitant une grande dépense de force musculaire ;
C : consommateurs à partir de vingt et un ans et sans limite d’âge se livrant personnellement et professionnellement aux travaux agricoles ;
V : consommateurs de plus de soixante-dix ans dont les occupations ne peuvent autoriser un classement en catégorie " C ".
L’article 3 précise que les jeunes de 12 à 13 ans appartenant à la catégorie " C " au moment de la publication de l’arrêté sont à classer dans la catégorie J3.
Pour obtenir sa nouvelle carte, il faut rendre l’ancienne. Mais là encore la distribution a lieu par nom patronymique. Un nouveau recensement est donc établi à cette époque.
Avec la libération du territoire français en août 1944, le nouveau régime fait renouveler provisoirement les cartes d’alimentation émises sous le gouvernement de Pétain avant de prévoir de nouvelles catégories. Au fur et à mesure de la libération du territoire, les anciennes cartes seront renouvelées par une vignette spéciale apposée dans l’angle gauche de la couverture supérieure de celles-ci. La vignette devant être revêtue du cachet de la mairie.
Chaque préfet fixe le délai pour faire renouveler les cartes.
Les cartes ne comportent plus la catégorie aux angles mais dans des cases en haut. Il est même prévu une date de validité utilisée pour les changements de catégorie des enfants (J1-J2-J3)
Les catégories sont modifiées par le décret du 22 février 1945.
Deux modifications sont à noter : la suppression de la catégorie T (liée à un travail pénible) et le renommage de la catégorie A par une catégorie M consommateurs des deux sexes de vingt et un à soixante -dix ans ne se livrant pas à des travaux donnant droit au classement en catégorie C.
Les cartes resteront valables jusqu’en 1946 où, par décret du 6 juin (JO du 7 juin 1946), elles doivent être renouvelées pour toute la population pour un début de validité au 1er octobre.
La catégorisation est celle prévue en 1945.
Un système de fiche de contrôle est établi. Il doit être fourni par le demandeur avec l’ancienne carte d’alimentation pour en obtenir une nouvelle.
Pour les personnes qui ne résident pas dans leur commune de naissance, la fiche de contrôle est transmise par la mairie de résidence à celle de naissance. En cas de naissance à l’étranger, c’est le service de la direction régionale du service national des statistiques qui doit être informé.
Le rationnement alimentaire prendra fin le 1er décembre 1949 et il n’est pas rare que nos anciens nous parlent encore des tickets de rationnement, de leur usage, voire de leur punition pour avoir joué avec des tickets…
Dans le principe, pour pouvoir obtenir une carte d’alimentation, vos ancêtres ont dû rendre la carte précédente. C’est pourquoi vous ne trouverez généralement dans vos archives personnelles que la dernière carte émise en 1946 et après.
Retrouver les listes de délivrance de carte d’alimentation permet d’obtenir un recensement de la population d’une commune sur une période où les recensements quinquennaux n’existent pas. Dans la théorie, plusieurs listes ont été dressées entre 1940 et 1946. Cependant, certaines archives peuvent avoir disparu pour des raisons diverses. Ces listes, quand elles ont été conservées, sont dans les fonds des archives communales.
Comme expliqué précédemment, on y trouve pour chaque distribution de cartes (1940-1941-1944 et 1946) une liste par ordre alphabétique arrêtée à une date puis les ajouts, suppressions ou modifications demandées. Certains noms peuvent être déclassés, comme dans toutes les listes (par exemple pour les femmes entre le nom marital et le nom de jeune fille ou sur une mauvaise interprétation de l’orthographe d’un nom).
Enfin, ne vous privez pas de solliciter les personnes de votre entourage encore en vie qui ont connu cette période de rationnement. Elles pourront vous raconter leur souvenir des tickets et de l'importance qu'ils avaient dans leur quotidien.
Bonnes recherches.
© 2025 Généalanille Article publié le 24 mars 2025
Documents d'illustration : collection C. Cheuret
Net'image : pour la sauvegarde et restauration de vos souvenirs (photo, vidéo et audio)
Clic-archives : la solution facile, rapide et transportable pour numériser des documents (utilisatrice depuis 2017)
Buro Club - Rodez : espace de coworking à proximité de Rodez
Liens Directs
Salons virtuels ou "en présentiels", retrouvez ici les affiches où nous pourrons nous retrouver au moment où la manifestation sera confirmée mais aussi des événements proposés par nos partenaires.
Rencontres Généalogiques et Historiques de Mauguio (34) 5 et 6 avril 2025