Par décret, cette élection aura lieu les 6 et 7 aout 1870. Comprenez le dimanche pour les petites communes et le samedi et le dimanche pour les communes de 2500 habitants et plus.

Combien faut-il d’élus ? Entre 10 et 36, selon, là aussi, le nombre d’habitants. (Celui du dernier recensement de population : 1866).
Précisons aussi que les villes de Paris et Lyon ne sont pas concernées.

Un mécanisme rôdé
Révision des listes électorales, convocation officielle des électeurs, présence des assesseurs, utilisation d’une urne... le mécanisme des élections est bien rôdé.

Depuis la loi du 5 mai 1855, les maires ont la possibilité de diviser leur commune en sections pour permettre à chacun de voter plus près de chez lui, mais aussi pour déterminer le nombre de conseiller par sections. Dans la commune d’Auzits (12), ce sont les sections du cadastre qui définissent les bureaux de vote : ABCDE pour le bureau principal et F – section de Ruhle pour le deuxième bureau de vote. Dans d’autres, ce sont les noms de hameaux qui sont utilisés pour repérer les lieux de vie.

A Sainte Croix et à Castelmary, deux communes de l’Aveyron, on va pouvoir utiliser les deux « boites de scrutin » qui ont été offertes en janvier. Ces communes n’étaient pas équipées et n’avaient pas les moyens d’acheter une urne.

Certains maires ont également pris des arrêtés pour permettre au bureau d’ouvrir plus tôt. A 7 heures pour Ségur, à 6 heures pour Grandvabre et à 4 heures du matin pour la section de la gare à Saint Julien d’Empare.

Les élections ont lieu
Le contexte est difficile : la guerre a éclaté le 19 juillet et une partie des hommes est mobilisée. Cependant les élections municipales ont lieu. Et pour certaines, il faut un deuxième tour de scrutin.
Les maires sont nommés par le préfet ou l’empereur comme depuis le début du second empire.

Changement de régime
Le 4 septembre 1870, Gambetta proclame la IIIème république suite à la défaite des armées françaises face aux prussiens deux jours plus tôt. La situation est tendue... et le régime change.

Le 16 septembre le ministre de l’intérieur communique aux préfets via une circulaire confidentielle que les « maires actuellement en fonction n’ont qu’un caractère absolument provisoire. »

Les préfets ont reçu la consigne de révoquer tous les maires qui ne prêteraient pas leur concours. Une deuxième salve de révocation est proposée pour tous les récalcitrants... et si besoin, il est proposé de mettre en place des municipalités provisoires capables de soutenir les préfets dans l’œuvre de la défense nationale et prêtes à céder à l’affranchissement du suffrage universel dans les élections qui se préparent. « Il est probable qu’avant d’élire la constituante, on renouvellera d’abord tous les conseils municipaux dans toute l’étendue de la République. »

En Aveyron, c’est la valse des maires. 13 communes sont dorénavant gérées par des commissions municipales. Côté révocation, on en dénombre 15 dans l’arrondissement de Rodez, 19 dans celui de Millau, 13 dans celui de Villefranche de Rouergue, 14 dans l’arrondissement d’Espalion et 31 dans celui de Saint Affrique !

De nouvelles élections
De nouvelles élections sont prévues pour le 28 ou 29 septembre. Le journal précise que les élections municipales sont ajournées.
« Il n’y a plus maintenant qu’une chose qui doive nous préoccuper: le danger de la patrie »

Les élections municipales suivantes auront finalement lieu en avril 1871.

Source de l'illustration: 3M97-AD12

Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG d'août 2021 sur le thème imposé “une élection municipale pendant un changement de régime”.

© 2021 Généalanille Article publié le 31 août 2021