André Lebrun, né en théorie à Reims, pupille de l’assistance publique dans l’Aisne, va passer 2 ans dans l’Aveyron comme réfugié de la 1 ère guerre mondiale.
André Lebrun est né le 30 décembre 1907 en théorie à Reims, plus probablement dans l’Aisne. Enfant abandonné, orphelin ou trouvé, il est classé parmi les enfants assistés du département et on peut tracer brièvement sa vie à partir de l’âge de 10 ans grâce à son dossier aveyronnais.
Il est mis en garde chez Mme Veuve Boucher Daussin le 1 er avril 1917 à Ugny le Gay (02). Une carte d’identité lui est remise et nous apprend qu’il arrive de Flavy le Martel (02) au sud de St Quentin.
Sa « gardienne » touche l’ allocation de l’état aux réfugiés pour la période de novembre 1917 à avril 1918. Cependant il lui est dû le montant mensuel de la pension qu’elle a demandé trop tard à la perception locale.
Fin mars 1918, on annonce l’arrivée à Rodez d’un train spécial de 1150 évacués « des pays où se déroulent les opérations militaires actuelles ».
Mme veuve Boucher-Daussin arrive à Rodez le 3 avril avec sa famille et son pupille de l’assistance publique. Mais elle doit être hospitalisée dès son arrivée. Cette pauvre femme âgée de 78 ans est devenue subitement gâteuse et il y a peu d’espoir qu’elle ne ressorte de l’hospice et donc qu’elle s’occupe du petit. Ce dernier a été mis au dépôt en attendant d’être placé. La famille de la gardienne a remis la vêture donnée à cet enfant. On note que ce dernier est atteint d’incontinence d’urine fort prononcée.
Le 11 mai 1918, André est placé chez les époux Turq à Druelle. Il est de retour à l’hospice de Rodez le 25 mai 1918, ramené par ses gardiens qui disent qu’il est « atteint d’incontinence d’urine et d’une intelligence bornée ». Même si les propos sont vrais, il faut trouver un autre placement.
Il est confié le 17 juin 1918 à Mr Mme Cuq à Centrès qui devront « l’élever et le nourrir convenablement ». Comment se comporte-t-il ? L’inspecteur pose la question à son « gardien » qui fait savoir « qu’il est à peu près satisfait de l’enfant et qu’il le gardera peut être ».
« Le pupille que vous mas vait confiait je panse qu’il ferat par se que il est trais au béysant mes encore il est pas au courant. Mes il me contant à ses bien pour le momen »
Mr et Mme Cuq ont 25 ans environ. Ils habitent à 200 mètres d’une école et à 100 mètres d’une route. Ils sont propriétaires cultivateurs et possèdent 2 vaches. Parents d’un petit garçon de 10 mois, ils sont tous les deux valides, bien portants et de bonnes mœurs. Ils ont sollicité l’inspecteur le 1 er avril 1918 pour se voir confier un enfant « de préférence un garçon de l’âge de 5 à 6 ans. »
Mr Cuq est réformé depuis juillet 1916. Il s’est marié en janvier 1917.
Le 19 septembre 1918 Mme Boucher Daussin va recevoir incessamment la somme de 450 francs pour l’exercice 1917. Il faut dire qu’elle vient tous les deux jours dans le bureau de l’inspecteur pour réclamer son dû. Le 8 octobre 1918, l’AP de L’Aveyron demande à son homologue de l’Aisne (délocalisé à Chartres) si les 30 francs par mois comprennent la vêture. La réponse est non.
Pour les vêtements qu’elle a payé (60 francs), Mme Boucher-Daussin doit donc faire un mémoire en triple exemplaire pour être remboursée.
L’armistice est signé. Mais les hommes ne sont pas encore rentrés et les réfugiés ne sont pas tous rapatriés.
Le 18 décembre 1918, André est vu en classe et dans son placement. « Bien portant, mais très en retard pour la classe. Est peu intelligent. Il se montre désobéissant et entêté. Il est incontinent d’urine. »
Le 6 janvier 1919, le voisin se plaint du pupille « le petit […] nous coupe des petits arbres ». Comme le gardien ne fait rien, le maire a été averti…
Le 9 avril, la famille de placement explique qu’André doit faire sa première communion le 27 avril. Il lui faut son extrait de baptême. L’Assistance publique transmet la demande dans l’Aisne. La réponse ne tarde pas : « tous les dossiers des pupilles de mon service ont été complètement détruits par les boches »… alors le certificat de baptême, il faudra s’en passer.
Le 23 avril 1919, André retourne à l’hospice de Rodez. Sa fiche de placement évoque un abcès. Fait-il finalement sa première communion ?
Le certificat médical donne un avis favorable à son placement le 10 mai 1919.
André est confié le 17 mai 1919 à Mr Labit à Lédergues.
Le 19 octobre 1919, il est vu par le service de placement, et c’est plutôt sa famille d’accueil qui est jugée. « Assez bien portant, mais peu intelligent. Bons soins, excellent placement. »
Il a maintenant bientôt 12 ans et le 6 décembre 1919, il a besoin d’une vêture. L’inspecteur de l’AP de l’Aveyron contacte son homologue de l’Aisne. Ce dernier envoie directement le paquet à la nourrice.
Le 28 février 1920 il revient à l’hospice de Rodez, son rapatriement dans l’Aisne à lieu dès le lendemain. Il continuera probablement d’être placé jusqu’à sa majorité.
Source 1R958-AD12, 4E57/7-AD12, Etat civil mairie de Reims, 3X126-AD12, le journal de l’Aveyron.
© 2017 Généalanille - Article publié le 28 mai 2017
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