« Mon mari ne boit pas, ne fume pas, ne joue pas. Mais le Loto®, ce n’est pas pareil». Le déploiement du jeu aux six numéros gagnants dans l’Aveyron.
Les quines , les lotos, c’est bien connu en Aveyron… Et on y joue toujours ! Mais en juillet 1975, le décret signé de Jacques Chirac ne concerne pas le jeu qu’on pratique le dimanche dans les salles des fêtes mais la réforme de la loterie nationale pour créer le loto®.
Qu’est ce qui change ? Avant on tirait au sort un numéro de série parmi ceux des billets vendus, il y avait donc forcément un gagnant. Dorénavant, les clients doivent cocher 6 numéros sur une grille qui en comporte 49. Il est alors peu probable d’avoir un joueur avec la combinaison gagnante.
Le 1 er tirage a lieu le 19 mai 1976 au théâtre de l’Empire , avenue de Wagram à Paris. Il est animé par Jean Sas, l’animateur qui officie sur la radio et la télé depuis déjà plus de 15 ans.
Mais si Paris et les grosses villes sont plutôt bien placées pour participer à ce nouveau jeu, il n’en est pas de même pour les petites villes de province qui ne seront globalement équipées qu’à l’été 1977 .
Pour l’Aveyron, le premier bureau permettant la validation de sa grille est à Millau. Mr Leduc au dépôt de Presse 1 Rue Ferrer à Millau est équipé depuis, au moins, le 4 mars 1977. Une publicité récurrente lui est faite dans les journaux avec son collègue de Mende.
Mais certains ne rechignent déjà pas à faire des kilomètres : les acharnés de Rodez ou d’ailleurs vont à Millau et à Carmaux (81) pour tenter de devenir millionnaire avec seulement 2 francs.
Il faut attendre le 8 juin 1977 pour que d’autres villes de l’Aveyron permettent aux joueurs de s’adonner à cette nouvelle loterie :
D’autres suivront rapidement.
Pas de grands articles dans la presse, mais on retrouve cependant la trace du (probablement) premier gagnant à Rodez . Il a validé son bulletin au tabac Asmaker 1 boulevard d’Estournel et gagne plus de 6 000 francs au tirage du 20 juillet 1977.
Son identité est préservée mais on sait cependant que c’est un carreleur portugais habitant Rodez et qu’il a gagné exactement 631 000 anciens francs (les nouveaux francs sont entrés en vigueur en 1960 !)
Comment choisit-il ses numéros? La technique est simple : il jette 49 petits carrés de papier numérotés dans une boite et fait procéder par ses 2 enfants à un tirage . Il ne lui reste qu’à cocher les cases de la grille et à patienter le tirage. Nul doute que les enfants auront profité de cette jolie somme.
Les numéros gagnants sont le 11, le 7, le 32, le 12, le 30, le 1 et comme numéro complémentaire le 17.
Il suffit de 3 numéros sur une grille pour gagner un gain… et tout le monde n’a pas deux enfants pour faire un tirage au sort “maison”. Les journaux vont publier des statistiques pour aider les joueurs.
Un exemple début août 1977 avec
Tous les numéros sont déjà sortis. Le 1, le 26 et 28 ont été gagnants 12 fois depuis le démarrage du jeu. Le numéro 5 n’est pas sorti depuis 25 tirages. Les numéros 2 et 21 sont sortis 4 fois au cours des 10 derniers tirages…. Une aide précieuse ?
Il faut démocratiser le loto et pour se faire, les tirages sont décentralisés en province. Une occasion de faire découvrir le jeu.
Le 14 septembre 1977 à 19H c’est dans la salle polyvalente de Decazeville que va avoir lieu le tirage. Les aveyronnais le regarde dans le plus grand silence et avec le bagou habituel de Jean Sas qui anime la soirée.
Les numéros gagnants sont 9, le 18, le 17, le 3, le 44, le 15 et pour numéro complémentaire le 16.
C’est ensuite l’heure du tirage des numéros gagnants des signes du zodiaque. Après un entracte de 15mn, l’animateur invite les spectateurs à participer à d’autres jeux et à suivre un spectacle de variétés (Noëlle Cordier, Guy Mardel accompagné de Charly Oleg….)
Fin juin 1977, les journalistes du département ont été invités à visite les locaux de la société du Loto® pour en vanter les performances et l’impartialité.
Pendant la nuit du mardi au mercredi, les bulletins de toute la France sont envoyés à Moussy. Dès le mercredi matin, les bulletins sont microfilmés. Les films sont classés par courtiers et par détaillants. Une copie des films est déposée dans un coffre dont une personne a la clé et l’autre la combinaison. Le mercredi soir, une fois le tirage effectué, les lectrices trient les bulletins. Elles mettent sur bande magnétique tous les éléments les concernant. Le nombre de gagnants classés par ordre de gain est alors connu.
Puis les bulletins sont classés en trois parts gagnants, non gagnants et rejets. Bulletin déchiré, raturé, croix mal faites ou trop nombreuses constituent les rejets. Les 0,7% de ceux-ci sont traités manuellement. Ils sont ensuite réintégrés avant le jeudi soir où le montant des gains est dorénavant connu.
Il faut finalement attendre le 11 janvier 1978 pour que le tirage soit rediffusé sur la première chaine à la télévision . De plus, cela restera un non événement dans la presse locale aveyronnaise… Par conséquent, rien dans le programme TV dudit jour! Le tirage du Loto® à 19H55 sur la « télévision française 1 » ne sera annoncé que la semaine suivante.
Les lecteurs des journaux ont eu parfois un avis très tranché sur le jeu, critiquant le peu de chance de gagner, se cachant parfois pour aller valider leur grille. Il semble que, 40 ans plus tard, le Loto® est dorénavant bien ancré dans le paysage des français.
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de juin 2017 sur le thème imposé “le chiffre 6”.
Sources: PER386-AD12, PER563-AD12, PER962-AD12
© 2017 Généalanille - Article publié le 4 juin 2017
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