La cloche des perdus est une des plus célèbres cloches de l’Aveyron : abritée par le clocher de l’église de l’ancien chapitre d’Aubrac, son tintement permettait aux égarés de retrouver leur chemin. Elle a été déplacée plusieurs fois en 50 ans.
« Maria » ou « Marie », la « cloche des perdus », la « grande d’Aubrac », voici les noms les plus connus pour cette cloche de 2200 kgs.
Installée, dans le clocher de l’église de l’ancien chapitre d’Aubrac, les moines la sonnaient à la tombée de la nuit une partie de l’année pour permettre aux « perdus » de retrouver leur chemin jusqu’à un abri.
Elle porte d’ailleurs une mention qui se termine par « errantes revoca, Maria », ce qui signifie « rappelle les égarés, Marie ». Sa dernière fonte date de 1772 selon l’inscription qu’elle comporte. Le baptême de la cloche n’est pas présent dans les archives numérisées.
Pendant la Révolution française, la cloche n’est pas descendue selon la prescription de 1792 de conserver en place la plus grosse des cloches dans les clochers.
Après la Révolution française, l’église de l’ancien chapitre d’Aubrac n’abrite plus de culte. La cloche est alors transportée vers 1793 ou vers 1800 (selon les sources) « sans hune et sans battant » par les paroissiens de Saint Chély dans leur propre église. C’est peut-être ce qui la sauvée de la destruction.
L’église est rétablie en l’an IX et supprimée en 1807. Elle devient ensuite une succursale en 1825.
Les membres de la fabrique vont alors rapidement demander à récupérer leur cloche.
En 1840, une liste de souscription s’organise « pour le rétablissement de l’église de l’ancien Chapitre d’Aubrac ». Mais il faudra l’intervention croisée de l’évêque et du préfet en 1840 pour que la réclamation aboutisse.
Par ordonnance royale du 8 aout 1842, la fabrique d’Aubrac est autorisée à rentrer en possession de sa cloche que les paroissiens vont chercher le 29 septembre aux cris de « vive le Roi ! vive Mgr l’archevêque de Cambrai ! vive M. le Préfet ! » (NB Mgr Giraud est élu évêque de Cambrai début 1842).
En mars 1848, les habitants de Saint Chély, forts mécontents, retournent chercher la cloche de force. Ils l’a ramènent sans la casser dans leur église.
Le sous-préfet, le maire provisoire d’Espalion, le commissaire du gouvernement, le juge d’instruction, une compagnie de la garnison de Rodez et plusieurs brigades de gendarmeries sont obligés de se déplacer sur l’Aubrac, « par un temps affreux » pour faire régner l’ordre.
Pour éviter tout débordement, la décision est prise de transporter et de conserver jusqu’à nouvel ordre la cloche dans la ville d’Espalion. « Tout s’est passé avec calme et dans le plus grand ordre. La troupe, la gendarmerie et la garde nationale ont fraternisé avec les habitants, qui s’empressaient de leur offrir des rafraichissements dans leurs localités respectives ».
Par arrêté du 9 juin 1848, la cloche doit retourner à Aubrac. Elle est probablement rapatriée rapidement car la bénédiction de l’église de l’ancienne abbaye d’Aubrac a eu lieu de dimanche 9 juillet 1848, « avec une grande solennité ».
La cloche n'a plus jamais quitté son clocher.
Quant aux coupables, ils furent condamnés à payer 600 francs de dommages et intérêts à la fabrique d’Aubrac.
Voici leurs noms : Jean François Raynal, Jean Pierre Disdaret, Etienne Larribal tous de Saint Chély, Amary Finel d’Anglos et Jean Brassac d’Autrerac.
Raynal, Disdaret et Larribal soutiendront n’avoir agi que par les ordres du maire, Finel dira n’avoir cédé qu’à la contrainte exercée contre lui, et Brassat affirmera ne pas avoir pu se dispenser de recevoir dans son auberge les auteurs dont s’agit et de leur prêter leur appui.
Carte postale : cloche d'Aubrac - Collection personnelle
Carte du département de l'Aveyron par V.A. MALTE BRUN - Collection personnelle
© 2023 Généalanille
Article publié le 30 janvier 2023
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de janvier 2023 sur le thème imposé "une cloche".
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