La fondation Carnegie est créée en 1909 pour récompenser les personnes qui ont réalisé des actes héroïques civils (inondations, incendies, noyades, sauveteurs en mer ou en montagne et autres faits….)
On est le 26 avril 1944. Il est 13H45. Une explosion retentit sur la place d’armes à Rodez. Les policiers accourent. Une voiture est en flammes devant le café du parc à deux pas de la cathédrale et face aux « Dames de France ».
Une femme est couchée sur le trottoir près du kiosque à journaux. Elle est brûlée aux jambes . Son mari est près d’elle. Il a la moustache, les cils, les sourcils et les cheveux roussis. Et surtout, il ne semble pas savoir ce qui se passe. Il a le regard hagard.
Un autre blessé vient d’être transporté à la pharmacie toute proche. La voiture de l’hôpital arrive rapidement et embarque le mari et la femme dans la clinique du Dr Bonnefous et le blessé à l’hôpital.
Quant à la voiture, les flammes s’élèvent à plus de 2 mètres et il n’est « plus humainement possible » de s’en approcher. Les pompiers sont là. Ils ont été appelés vers 13h50 et resteront une heure sur place. 14 sapeurs, 3 sous-officiers et 1 officier font le maximum pour éteindre l’incendie. Malheureusement, ils découvrent le cadavre du conducteur , mort sur le coup par l’explosion, puis calciné.
Les policiers récupèrent alors les objets personnels : une montre, un briquet, des papiers brûlés et des billets de banque pliés en quatre… qui se réduisent à l’état de poussière si on les touche. Un bien maigre héritage.
L’enquête montre que le conducteur (propriétaire de son taxi) avait pris en charge son frère et sa belle sœur de passage à Rodez, mais aussi son cousin , agent d’assurance à Villefranche de Rouergue. Travaillant pour la Kommandatur, le conducteur avait reçu des lettres de menaces (selon sa collègue de travail).
Mais comme il avait un planning très routinier (même heure et même lieu pour prendre son café, stationnement au même endroit), il a été facile de placer un engin explosif dans le siège du conducteur et de le faire se déclencher à un endroit fréquenté.
Par ailleurs, le taxi vivait « en garçon » à Rodez. Marié sans enfant, il n’était pas séparé de sa femme. Il avait 48 ans.
15 jours plus tard, le cousin va bien. Son tendon d’Achille au pied gauche a été atteint et il lui restera probablement une légère claudication.
Le frère est complètement rétabli et est retourné chez lui.
La belle-sœur, elle, a été amputée de la jambe gauche , mais globalement son état est satisfaisant.
L’engin explosif a tué sur le coup le conducteur. Mais pour les autres passagers ? D’après les témoins, les hommes sont sortis seuls de la voiture mais la femme n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention de Rachel Foulquier et de Rabah Tlemsani qui ont tiré la personne hors du véhicule.
Melle Foulquier habite Pont les Bains. Elle est couturière. Et elle est brûlée aux avant-bras. Mr Tlemsani est originaire du département d’Oran. Il est manœuvre et habite dans le quartier St Cyrice. Il n’est pas blessé.
Une fois la femme sortie du véhicule, il y a aussi Robert Stassiaux , le marchand de journaux, qui a aidé pour porter secours.
Ces trois héros ordinaires recevront de la part de la fondation Carnegie:
Andrew Carnegie écrit le 9 février 1909 à Clemenceau. Il a créé un « Hero Fund » qui fonctionne au Canada, aux Etats Unis et en Grande Bretagne et il souhaite l’étendre à la France.
Le principe est simple : il donne un capital d’un million de dollars en obligations (= 5 millions de francs or ). En échange, il demande aux français de créer une commission pour gérer cette somme et de la distribuer en cas d’actes héroïques civils sur le territoire français.
La commission crée rapidement un groupement sous le nom de fondation Carnegie. Il suffit de constituer un dossier pour qu’elle statue sur l’attribution ou non d’une somme d’argent.
La liste des bénéficiaires est diffusée tous les ans (notamment dans un petit livret). La plaquette mesure 55 x3,5mm et son poids varie selon le métal.
Depuis 2010, la fondation a cessé son activité et ses archives sont versées aux archives nationales . Plus localement, vous pouvez trouver des informations dans la série 1M des archives départementales .
Le document est issu de la cote 1M977-AD12. Il représente le revers de la plaquette.
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de février 2021 sur le thème imposé “un acte de bravoure”.
© 2021 Généalanille - Article publié le 24 février 2021
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