La création d’un jour de foire dans un village est réglementée. Les documents la concernant (dans la série M des archives) nous permettent parfois d’en apprendre plus sur son économie et sa géographie.
« Salles possède une vaste et magnifique place, ornée au milieu d’un superbe jet d’eau ; trois avenues y conduisent : impossible de trouver un plus beau champ de foire . Salles est un lieu commerçant, industriel et agricole ; il y a deux filatures, les caves de Saint Laurent qui conservent et améliorent le vin et qui seraient même propres à la fabrication du fromage de brebis ; les villages de Pont, de Cougousse et de St Austremoine qui sont si riants, où les gens sont si laborieux , où la culture de la vigne est si perfectionnée et où l’on engraisse si bien les moutons ; Vanq, Souyri, Solsac, Mondalazac et Cadayrac où on se livre avec tant de succès à l’élève en grand des bêtes à laine et des agneaux que l’on trouve réunis par centaines ; où l’on voit des troupeaux de cochons des meilleures espèces ; où les bœufs, d’une taille colossale, sont poussés à un tel point d’engraissement qu’ils pourraient aller rivaliser avec ceux de Poissy : tout en un mot milite pour l’établissement de foires à Salles. »
Cet extrait n’est pas issu d’un document touristique mais bel est bien d’une délibération du conseil municipal de Salles la Source de 1864 afin d’obtenir deux foires annuelles.
Ouverture du marché à la concurrence, libre échange des denrées mais aussi lieu de débauche, les foires sont un élément essentiel pour la circulation des marchandises. D’ailleurs elles dépendent du bureau du commerce alors que les marchés sont du ressort de l’agriculture et de la subsistance.
Cependant, l’érection de nouvelles foires n’est pas toujours la bienvenue…
Dans le département de l’Aveyron, un recensement des marchés est fait en 1822. Pour les foires, il a lieu en 1837 puis en 1849, en 1866 et en 1896.
Reprenons l’exemple de Salles la Source. Elle fait une première demande en 1840 pour deux jours de foires. Le village qui était autrefois presque inaccessible est devenu très important grâce à l’ouverture d’une route dans la vallée et à l’installation d’établissements industriels.
Il faut cependant demander leur avis à toutes les communes situées à moins de myriamètres par le biais de leur conseil municipal.
Tous sont favorables sauf :
Cet avis est complété de celui du conseil général et du conseil d’administration . Ces deux dernières instances doivent obligatoirement être consultées depuis la loi du 10 mai 1838.
A partir du décret du 25 mars 1852, il faut également l’avis de la chambre d’agriculture .
La décision finale revient au ministère de l’intérieur puis est décentralisée au préfet à compter du 13 aout 1864…
Dès 1838, il est demandé aux communes de fournir une liste de renseignements économiques de leur village : industrie, production, population. Mais c’est une circulaire du 05 juillet 1855 qui fixe un modèle très complet à remplir.
Le nombre de maisons , le nombre de ménages, la population avec répartition par sexe et par situation matrimoniale. La superficie de la commune et la décomposition par type de cultures.
Le nombre d’édifices publics, le nombre de chemins, de rivières. La production agricole et industrielle, la quantité de bêtes élevées, le nombre de dindons, oies, poules et canards. Tout y passe.
La filature qui ne fait jamais chômer ses ouvriers et dont « son passé garantit son avenir » est détaillée. On indique le nombre de métiers à tisser, le nombre d’ouvriers. Idem pour les moulins et les pressoirs à huile….
C’est une véritable occasion de mettre en valeur le village lors de la nouvelle demande de 1864.
« Éducation en grand et avec succès des bestiaux ; culture perfectionnée de la vigne ; fabrique à draps considérable ; exploitation sur plusieurs points de la commune du minerai de fer, chemin de fer, routes et chemins commodes ; champ de foire magnifique, loyauté naturelle des habitants et bons hôtels à Salles la Source. »
D’ailleurs la foire n’est pas gratuite pour les exposants…
Les droits de place sont décidés par le conseil municipal et le prix est un indicateur de la renommée de la foire et de la volonté de faire venir des exposants.
La carte topographique demandée dès 1838 permet de visualiser les communes à environ 20km à la ronde et le nombre de foires déjà existantes. En 1864, elles sont 80 dont 14 dans le canton : 7 à Marcillac, 3 à Pruines, 2 à Clairvaux et 2 à Valady.
La forme de la carte diffère avec les époques ou les communes qui font la demande.
Quelques fois, les dossiers nous montrent aussi des plans de ville avec les noms des propriétaires des maisons, notamment dans les dossiers de droit de place.
Pour les périodes les plus récentes et les foires les plus spécialisées, les archives nous offrent parfois des affiches. … ou des diplômes.
Contraventions, occasion de croiser le notaire, bagarres, ambulants, marchands de bestiaux, la foire est un moment et un lieu de vie privilégiés pour nos ancêtres. C’est donc dans les séries M, E, U, Z et la presse qu’on peut retrouver d’autres traces…
D’ailleurs la première foire de 1865 à Salles la Source s’est bien passée…. selon le journal local.
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de mai 2018 sur le thème imposé “la foire”.
Sources 8M58-AD12, 8M59-AD12, 8M61-AD12, 8M62-AD12, 8M125-AD12, 204W35-AD12, PER1181-AD12, Journal de l’Aveyron-AD12
© 2018 Généalanille - Article publié le 31 mai 2018
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