Avez-vous un mariage intergénérationnel dans votre arbre généalogique ? Cette pratique est-elle commune ?

Une génération d’écart

Une génération, en généalogie, représente un degré de filiation, par exemple du fils au père correspond à une génération, du fils au grand-père à deux générations.

Parler de mariage intergénérationnel, c’est évoquer des noces qui ont eu lieu entre deux êtres dont l’un aurait pu être le père ou la mère de l’autre. L’écart d’âge peut être de 15 à 50 ans, voire plus. Cette variation est liée, notamment, à l’espérance de vie.

La règlementation en vigueur

Depuis plusieurs siècles, les lois règlementent les mariages entre parents en lignée directe, en situation de consanguinité et d’affiné, parfois en permettant l’obtention de dispenses pour ces deux derniers cas. Le Code civil  prévoit les conditions, les cas d'opposition ou d'annulation des mariages mais la règlementation n’évoque pas les cas de différence d’âge, seulement l’âge minimum pour contracter mariage.

Cette pratique est-elle courante ?

Pour savoir si cette pratique est courante, il faudrait étudier de manière précise et statistique l’ensemble des mariages d’un lieu et d’une période.

Les données statistiques issues des recensements quinquennaux de population n’ont pas collecté ce type d’information. On trouve, dans ces données, le nombre de mariage entre célibataire et veuf ou veuve, le nombre et la durée du mariage (en 1891), mais pas l’écart d’âge.

Les données les plus pertinentes seraient les indexations systématiques des registres d’état civil ou paroissiaux, sous réserver que les informations y soient indexées et complètes (registres en lacune, images non numérisées, actes incomplets).

A défaut, on peut imaginer faire un test sur une commune pour vérifier le nombre de mariages intergénérationnels.

L’exemple d’une commune

C’est la commune de Villefranche-de-Rouergue, sous-préfecture de l’Aveyron qui a été choisie pour évaluer le nombre de mariages intergénérationnels. Cette commune permet, avec sa population de 8 à 10 000 habitants sur la période étudiée (une année par décennie entre 1807 et 1917), d’avoir un panel suffisant d’actes à consulter.

Pour les résultats, il a été choisi de n’évoquer que les mariages ayant 20 ans et plus d’écart entre les jeunes mariés. Il est à noter que pour cette commune, peu de jeunes gens se marient avant cet âge.

La notion d’actes pertinents exclue les actes autres (rectification, divorces, annulation), les actes manquants (mauvaise numérotation ou non numérisés), et les actes incomplets (dont l’âge ou la date de naissance ne sont pas précisés).

Les écarts sont notés en positif quand les hommes sont plus âgés que les femmes et en négatif pour la situation inverse.

Le plus grand écart d’âge sur ces 12 années étudiées, et pour cette commune, est de 37 ans en 1817, suivi de 36 ans en 1917. Mais comment ne pas évoquer le cas de ce monsieur de 80 ans épousant une jeunette de 58 ans en 1857.

A chaque année étudiée ou presque, il y a au moins un cas de mariage intergénérationnel. Pour les deux années où aucun cas n'a été recensé, on trouve cependant des écarts de -18 et +19 ans...

Ces messieurs n’ont pas l’apanage de séduire de jeunes conquêtes, on trouve en effet plusieurs mariages de femmes mûres ayant 27 ans de plus que leur époux (1847) ou seulement 21 et 22 ans (1867 et 1827). Ces cas sont moins fréquents.

Mariage forcée, d’affaire, de raison ou d’amour

La neutralité des actes d’état civil ne permet pas de connaitre les motivations du mariage. Il est probable que certains d’entre eux n’ont aucun lien avec une histoire d’amour. Ces mariages n’ayant pas, d’ailleurs, une vocation de procréation.

Pour élever ses enfants quand on se retrouve veuf ou veuves, subvenir à ses besoins économiques, ne pas avoir le choix de son époux, s’éprendre d’un vieux riche, avoir été vendue sont des arguments pour se marier, parfois coûte que coûte, et malheureusement, encore aujourd’hui, des faits divers qui émaillent nos journaux et autres canaux d’information.

Le regard des autres

La différence d’âge dans un couple est généralement visible, surtout en cas de mariage intergénérationnel, et peut provoquer jalousie et plus certainement moqueries. Selon les coutumes locales, des charivaris et autres troubles nocturnes peuvent être organisés par la famille, les voisins et les amis, pour signifier au couple la désapprobation de leur union. Les archives conservent parfois des traces des ces événements dans la presse, les procès-verbaux de gendarmerie, voire la justice (et pas uniquement pour des cas d’empoisonnement !)

De nos jours, les critiques prennent d’autres aspects et les traces numériques ne manquent pas, tant pour les couples de « stars » que pour des anonymes. Les organisateurs de mariage s’adaptent à ces situations en prévoyant des salles de réception sans marche, un menu convenant à tous les palais et une playlist musicale transgénérationnelle.

Les dispositions chez le notaire

Plus que pour toute autre mariage de votre arbre généalogique, si vous croisez un mariage intergénérationnel, ce que ne manquera pas de vous alerter votre logiciel ou application de saisie, n’oubliez pas de vérifier la présence ou non d’un contrat de mariage ou d’un testament. L’espérance de vie d’un marié plus âgé étant réduite, il est possible qu’il prévoit, plus qu’en se mariant à 20 ans, sa fin de vie et sa succession.

Dans votre arbre 

Avez-vous un mariage intergénérationnel dans votre arbre ? N’hésitez pas à utiliser les fonctions statistiques de vos logiciels et applications de généalogie. Si c’est le cas, c’est une bonne occasion pour vous pencher sur ce couple et tenter d’en savoir plus.

Bonnes recherches.