Certaines colonies de vacances ont fait imprimer des cartes postales. C’est le cas de l’Estibo, la colonie des petits parisiens à Mur-de-Barrez en Aveyron.
Dès 1907, la colonie de vacances l'Estibo (l'estive) permet à une cinquantaine de petits parisiens de quitter la capitale et de pouvoir « prendre l’air » en se déplaçant dans le nord Aveyron, dans la commune de Mur-de-Barrez.
L’organisation est calée, tant pour les dates de départs que pour les sanctions en cas de non-respect des règles, mais aussi sur le matériel à acheter. Il est même prévu le prix de l’abonnement de la traditionnelle revue pour financer la colonie, ainsi que son contenu éditorial.
Du côté du personnel, le directeur de la colonie est ravi d’avoir trouvé un musicien qui est « organiste au petit séminaire de Versailles ».
Outre la revue, l’Estibo prévoit de faire éditer des cartes postales. La première série montre les enfants, par exemple, en baignade, dans les châtaigniers ou en acteurs. L’idée est bonne car elle est destinée à trois publics :
Si l’idée est bonne, les ventes de cartes postales, elles, ne sont pas bonnes. Le responsable indique : « Des cartes ont couté assez cher : 150 000 à 15 francs le mille. On en a vendu pour 50 francs environ […] je ne sais pas si on en vend beaucoup à Mur-de-Barrez où il y a un dépôt. »
La photo de groupe permet de voir chaque année les petits parisiens.
La première année, deux photos de groupe sont prises, devant le drapeau de la colonie et avec des enfants allongés en premier plan. Remarquez le pouce levé ou les mains sur les épaules.
Le groupe, mais aussi les activités exercées, permettent d’identifier les séries pour chaque année.
En 1907, sur chaque carte apparait la mention « cliché H. Pradel ».
En 1908, ce sont les mots « Edition de l'Estibo » qu’il faut rechercher.
En 1909, les cartes sont légèrement embossées.
La série de 1910 semble être imprimée sur fond vert.
En 1911, « L’ESTIBO. » en lettres majuscules noires et avec un M en début d’adresse au verso permet de repérer cette longue série.
En 1912 « L’ESTIBO. » est en lettres majuscules rouges.
En 1913 « L’Estibo, 2 bis, quai des Célestins » est encore en rouge mais en lettres minuscules.
D’autres séries sont moins identifiables : « L’Estibo » en lettres minuscules rouges et sans adresse, qui est antérieure à 1915, et donc possiblement de 1914 ; une série avec des ronds et des carrés encadrant les images, et une série à la typographie proche de celle de 1911 mais au verso différent puisque le M n’est pas présent en début d’adresse.
Le tirage de 1907 n’a probablement concerné qu’une dizaine de cartes différentes. Les années suivantes, le nombre de clichés va s’accroitre de manière exponentielle (jusqu'à 140 selon la numérotation présente sur les cartes).
Il faut dire que le nombre de colons a, lui aussi, augmenté, passant de 55 enfants en 1905 à 75 en 1913.
Année | Nombre de cartes estimées |
---|---|
1908 | 20 |
1909 | 40 |
1910 | 60 |
1911 | 105 |
1912 | 125 |
1913 | 140 |
Au fil des années, les cartes montrent chaque endroit visité et chaque activité réalisée.
Visite au clairon Rolland
Excursion à Alpuech
A Cadénou : "Flotte petit drapeau !"
Dès 1908, la colonie rend visite au clairon Rolland, héros de la bataille de Sidi-Brahim pendant la conquête de l’Algérie, qui habite dans le village voisin de Lacalm. Chaque année, les petits colons iront se faire photographier à ses côtés.
Les autres invités sont plutôt des hommes d’église : Mgr de Ligonnès venu bénir les enfants et les médecins à l’occasion de la visite médicale, Mgr Delmont célébrant la messe…
Du côté des activités, outre les visites et les messes, les jeunes garçons vont à la pêche, se baignent, font de la gymnastique, organisent des pièces de théâtre, des fêtes en hommage à Jeanne d'Arc, cueillent le gui, la gentiane, les châtaignes, font de la musique, et plus prosaïquement font leur toilette avec l'eau de la fontaine...
Le budget de la colonie laisse apparaitre des commandes de cartes postales chaque année jusqu’en 1914. Certaines années, plusieurs factures apparaissent dans le livre de comptes.
Les ventes ne suffisent pas écouler des stocks, alors des opérations coup de poing sont effectuées.
En 1912, « la vente par pochette à bas prix a écoulé beaucoup de cartes. Il en reste encore beaucoup ». En 1913, « la vente dans la rue a été d’un bon rapport. Nous avons détruit des flots de cartes de 1ère année – Distribué une pochette à chaque enfant- Donné un mille à Melle Baduel – 1000 sont en vente chez Melle Pailhol ».
Pourquoi rechercher ces cartes postales ? Outre la possibilité de retrouver la trace d'un de vos ancêtres parisiens, l'intérêt de ces cartes est de pouvoir visualiser des lieux (bâtiments, équipements), des personnes (habitants, travailleurs, personnalités), ou des usages locaux.
A moins de n'avoir une carte postale avec une croix et expliquant au verso le nom de la personne concernée, il y a peu de chance que vous reconnaissiez à prime abord votre ancêtre....A vous de vérifier dans vos archives familiales !
Illustrations : coll. C. Cheuret
© 2024 Généalanille Article publié le 15 juillet 2024
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