La pénurie de papier pendant la seconde guerre mondiale a eu un impact sur toutes les impressions, tant sur les livres que sur les fournitures administratives et scolaires. Elle a été contrôlée, entre autres, par la mise en place des cartes de points d’articles d’écoliers. Aujourd’hui, cet outil peut être utilisé d’une manière détournée en généalogie.
La note N°2.044 du 19 aout 1942 de la direction générale des contributions directes indique :
« Le plan d’impression est très serré et ne pourra fournir que
- 45% des besoins normaux des administrations
- 50% de la consommation d’avant guerre des cahiers d’écoliers
- 66% de la consommation d’avant guerre du livre scolaire
- 10% de la consommation d’avant guerre du livre en général. »
Il est donc préconisé les actions suivantes :
1°) Utilisation, dans tous les cas, du papier sur les deux faces.
2°) Exécution des travaux de dactylographie à petit interligne avec marge réduite.
3°) Emploi aussi généralisé que possible du format in 8° carré, les têtes de lettres un 4° carré habituellement fournies par les imprimeurs pouvant être séparées en 2 parties et utilisées pour les correspondances ne nécessitant pas de longs développements.
4°) Tirage par les Directions des instructions et ronéos sur du papier du format in 8° carré chaque fois que le format in 4° carré n’est pas indispensable. »
NB : le format in-octavo ou in-8° permet d’obtenir 8 feuillets (soit 16 pages) en pliant 3 fois une feuille de papier. Le format in-quarto ou in-4° ne nécessite que 2 pliages de la feuille et produit 8 pages.
La carte de points n’est pas, comme on pourrait l’imaginer, un collecteur de points. Intitulé « Articles d’écolier », il s’agit d’une feuille de papier avec des coupons à découper.
Les modèles comportant un numéro de 1 à 6 en fonction de l’âge : N°1 pour les maternelles. N°6 pour les facs.
Pour les professeurs, ils ont une
- soit une carte N°3 (maternelles et primaires, cours professionnels divers),
- soit une carte N°5 (EPS, grands écoles, cours complémentaires).
Chaque carte a 80 tickets chiffres avec une numérotation différente en fonction de la carte et 20 tickets lettres (à partir de la carte N°4 et supérieure)
Un point correspond approximativement à 4 feuilles soit 16 pages du format habituel (17 X 22,5 cm)
Les cartes sont distribuées individuellement par les professeurs et sont non cessibles. Elles sont nominatives, tamponnées par la mairie et indiquent le nom de l’établissement scolaire.
La mise en place a lieu pour l’année scolaire 1942-1943
Comme toute mise en place d’un nouveau système, il faut prévoir des ajustements.
Ainsi dans les préconisations, des conditions sont prévues pour les étudiants isolés, mais aussi pour les professeurs isolés (ceux qui ne sont pas rattachés à un établissement), les cours du soir (modèle N°1) ou les cours spécifiques comme langues ou dessin (modèle N°1).
Pour les cours par correspondance, ce sont les établissements qui délivreront la carte.
On affinera ensuite avec les catégories non prévues (cours ménagers) ou avec les cartes de perte (déclaration écrite des parents).
Les élèves réfugiés sont susceptibles d’être admis à la gratuité des fournitures scolaires. Ils ont, eu aussi, des cartes à point délivrées par l'établissement où ils sont scolarisés pendant leur refuge.
L’occupation allemande continue. Le système de carte de points d’écoliers est prorogé.
Pour l’année scolaire suivante (1943-1944), quelques modifications sont prévues : les professeurs sont mieux « notés » : ils ont dorénavant des cartes N°4 et N°6. Les chantiers de jeunesse sont classés en 4.
Les zones ont changé et quelques classes ont été surclassées !
Pour l’année 1944-1945, les cartes restent valables (inutile donc de les réimprimer). Chaque élève et professeur conservera sa carte même si il a changé de catégorie (du cours primaire au secondaire par exemple). Mais on lui attribuera les points correspondant à sa catégorie.
Ne pas réimprimer de nouvelles cartes, c’est une belle initiative ! Sauf que certain enfants n’ont plus leurs cartes : il faut prévoir alors un nombre important de demandes de remplacement pour cartes perdues ou de création pour nouveaux élèves.
Dès 1942, il est demandé aux établissements d’évaluer la liste des élèves et professeurs par classe. Cette liste, nominative, est transmise à la préfecture via la mairie. C’est donc un recensement systématique des enfants scolarisés (dont les réfugiés et probables enfants cachés) que vous pouvez potentiellement retrouver dans les archives.
Mais les cartes servent aussi pour les associations de dessin, ou de musique. Peut-être verrez-vous le nom de votre ancêtre dans la liste de la fanfare locale...
Dans certaines classes, beaucoup d’enfants semblent avoir perdu leur carte au début de l’année 1944-1945. Le maitre d’école en a profité pour faire une dictée collective ! Parmi tous ces mots d’enfants sollicitant une nouvelle carte auprès du maire, vous retrouverez peut-être l’écriture de votre ancêtre.
Outre les recherches dans la série W des archives départementales du lieu de scolarisation pour trouver des listes nominatives, vous pouvez fouiller vos tiroirs et papiers de famille pour retrouver la carte à point de vos ancêtres.
Illustrations : cartes à point d'articles d'écoliers - Collection personnelle
© 2022 Généalanille
Article publié le
27 mai 2022
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