Comment faire l’histoire d’un commerce transmis de père en fils ? Voici un exemple à Rodez et quelques pistes pour votre histoire familiale.
Rue du Touat-Rodez. Collection personnelle
A son mariage en 1862, Auguste Barthélémy Théron est perruquier. C’est le premier à exercer ce métier dans la famille car son père est huissier. A la naissance de ses enfants, sa profession est plus classiquement nommée « coiffeur » sur les actes d’état civil.
Le couple Théron achète successivement en 1869 puis 1870, deux anciens lots démembrés en 1814 d’une maison atypique de Rodez. Ils deviennent propriétaires de 3 boutiques contigües situées à Rodez : une sur la rue Saint Roch, une sur la rue du Touat et une à l’angle de ces deux rues. Il ne reste plus qu’à résilier les baux (verbaux ou enregistrés) des locataires (un boucher et la veuve Fabre) pour pouvoir installer le commerce de coiffeur.
Auguste Théron forme probablement plusieurs apprentis. On peut citer de source sûre Léon BENOIT né en 1880 à Laissac qui fait son apprentissage entre 1896 et 1897.
Auguste Barthélémy Théron décède en février 1901. Deux de ses enfants sont coiffeurs : Léopold et Albert.
Léopold cède à son frère Albert tous ses droits successifs le 23 septembre 1901, tant pour la maison que pour le fonds de commerce. Puis la veuve cède le fonds de commerce à son fils Albert le 16 juillet 1902, c’est à dire la clientèle et les marchandises... pas les murs !
Madame Veuve Théron loue à son fils pour 200 francs par an
Albert Théron se marie en 1902 et se met à son compte la même année. C’est aussi la date d’envoi de la carte postale ci-dessous.
Zoom sur la boutique- Collection personnelle
Le couple a un premier enfant, Georges né en 1905.
Le commerce se développe. Il n’y a pas que la coiffure mais aussi des flacons de parfumerie. C’est probablement ce qui attire les cambrioleurs en cette nuit du 5 septembre 1912. Ils sont deux et ils sont audacieux car la façade du salon est éclairée par un réverbère. Après avoir enlevé un panneau de la devanture, les cambrioleurs cassent les carreaux et s’enfuient avec leur butin. La même nuit, on a aussi volé 3 cailles chez Mr Rey, le marchand de gibier...
Comme la plupart des hommes, le coiffeur est rappelé sous les drapeaux pour la première guerre mondiale. Il est donc absent pour la naissance de sa fille Augusta en 1916.
Georges, le fils d’Albert, apprend son métier à partir de l’âge de 16 ans avec son père puis part pour l’école Nationale Chaumier à Paris pour obtenir son CAP en 1924.
Outre de probables autres apprentis, Albert emploie des ouvriers. On peut évoquer Paul Rigal né en 1880 à Decazeville employé entre 1927 et 1928 et Jean Julien Alric né en 1913 à Paris employé entre 1930 et 1933. Mais la 3ème génération est déjà prête.
Georges a eu son CAP en 1924, il exerce alors pour son compte.
En 1932, le père et le fils créent une société en nom collectif pour 5 ans.
Le père se réserve les résultats des ventes d’objets de toilette, d’hygiène et de parfumerie, la société concerne donc uniquement le métier de coiffeur. Cette société est radiée en 1938.
Arrive la seconde guerre mondiale, Georges, le fils, est réformé pour raisons de santé.
Son père est trop vieux pour être appelé et il songe à la suite : il faut passer la main. Le registre de commerce précise que le père, Albert, cesse son activité le 1er juillet 1940 et que le fonds est cédé à son fils Georges qui l’exploite déjà sous un autre numéro.
Albert retiré des affaires ? Pas vraiment ! Car deux ans plus tard, il fait une donation partage à ses enfants dans laquelle est précisé :
« Pour le fonds de commerce, Mr Théron père ne recevra l’usufruit que tant qu’il pourra assurer personnellement l’exploitation. Dès que ce ne sera plus possible, le fils aura la jouissance. »
La donation concerne 2 maisons et un fonds de commerce.
George obtient la maison de la rue du Touat et le fonds de commerce bien que ce soit sa sœur qui vive à cette adresse !
Les parents ne tardent pas à décéder: pour Mme Théron le décès survient 1 mois après la donation; Mr Théron père décède en juin 1945.
Georges devient officiellement le seul gestionnaire. Il a comme employé son beau-frère car Augusta a épousé André Cabrol, employé de la famille Théron depuis 1938...
En 1955, Georges Théron voit s’installer un collègue/concurrent, Mr Serieye à quelques mètres de sa boutique. Il ne peut pas ignorer sa présence car Mr Théron est un des membres fondateurs de l’organisation professionnelle de la coiffure en Aveyron créée en 1940. Il a donc probablement remis de ses mains à Mr Serieye sa carte professionnelle lui permettant de créer son salon.
Georges Théron finit d’exercer probablement dans les années 70 mais continuera sa tâche syndicale jusqu’en 1983. Il décède en 1999... Sa fille est devenue coiffeuse.
L'enseigne de coiffeur à droite
Rue du Touat vers 1980- Collection Personnelle
Il vous reste ensuite à exploiter l’iconographie : cartes postales, photos familiales ou photos de clients selon le commerce, voire menus, objets publicitaires...
N'oubliez pas l'histoire orale: les anecdotes et souvenirs de vos ancêtres, leurs enfants, les voisins et les clients.
L’histoire d’un commerce nécessite d’exploiter beaucoup de sources dont malheureusement une partie est souvent détruite après la fermeture du commerce. (Petit) fils ou (petite) fille de commerçant, il n’est pas trop tard pour partir sur la trace de vos ancêtres !
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de janvier 2022 sur le thème imposé "un commerce."
© 2022 Généalanille
Article publié le 31 janvier 2022
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