Itinéraire d’un enfant de la Seine placé en bord de Loire et de sa requête pour connaitre ses origines.
Il s’appelle Jacques. Il est né à Paris pendant la 1 ère guerre mondiale de père et mère inconnus. Placé au dépôt de l’hospice des enfants assistés, il arbore un PMND dans une case de son dossier : père et mère non déclarés.
On lui attribue un matricule et on l’envoie chez des parents nourriciers à la campagne.
10 jours après sa naissance, il est accueilli en Saône et Loire, à Bourbon Lancy. Ce sera le lieu de son enfance où il se conduit plutôt bien. A l’école, il a le niveau du certificat d’études mais il ne réussit pas l’examen.
L’enfant est surtout chétif. A 15 ans, il en parait 12. On propose donc de l’envoyer à Hendaye pour prendre des forces.
Jacques est cultivateur. Il travaille dans plusieurs familles à Garnat, à St Martin, à Vitry et à Bourbon. Cependant l’opération d’une hernie l’empêche faire les travaux des champs, il réussit alors à se faire embaucher en CDI comme manoeuvre aux usines Puzenat. On dit de lui qu’il “est courageux et docile” mais “il est mou de caractère, il se laisse entrainer et a pris de fâcheuses habitudes d’intempérance “.
La seconde guerre arrive, Jacques n’y échappe pas malgré son ajournement provisoire par le conseil de révision. Il part pour l’Allemagne. Quand il revient en février 1943, il rompt les projets qu’il a d’épouser une ancienne pupille de l’Allier divorcée et mère de 3 enfants. Pourtant, il y avait une jolie proposition de dot…
Jacques préfère rempiler : il s’engage à Paris pour l’Indochine en juin 1945.
C’est en 1947, que Jacques entame des recherches sur ses origines. Agé de 31 ans, il écrit à l’assistance publique pour savoir ce que contient son dossier. Il relancera 2 fois sa demande avec toujours la même rage.
"Je ne trouve aucune excuse pour une mère qui abandonne son enfant à l’assistance publique. Tel est mon cas."
"Que ce soit pour sauveur l’honneur ou un motif quelconque on doit porter le fruit de son déshonneur. Je suis un homme. J’ai fait la guerre et j’ai souffert d’une façon terrible sans famille…Je fais encore la guerre ici en extrême orient exposé à tous les dangers.."
Il n’a probablement jamais eu de réponse.
Sa mère a accouché à la maternité. La case vœu des parents contient les mots « à baptiser ».
La mère de Jacques a expliqué à l’époque qu’elle était mariée et qu’elle avait été prise de force par son beau-frère. Le mari a demandé à ce que l’enfant soit abandonné. Le couple a déjà deux enfants, une fille de 7 ans et un garçon de 4 ans et demi. Pour l’agent de l’assistance publique, « cette femme parait bonne mère, est très peinée de se séparer de l’enfant. »
Comme dans tous les dossiers, la mère a accepté les conditions de l’Assistance publique :
« Elle ne connaitra pas le lieu où l’enfant sera mis en nourrice ou placé, elle n’aura plus de communication (même indirecte) avec lui et qu’elle ne pourra avoir que des nouvelles tous les 3 mois et seulement pour savoir si l’enfant existe ou est mort »
Quelle que soit l’histoire de vos ancêtres, ne les jugez pas...
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de décembre 2020 sur le thème imposé “enfants des hospices de la Seine”.
© 2020 Généalanille -Article publié le 31 décembre 2020
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