1870. Le tir à la cible de Sainte Radegonde dans l’Aveyron devient le lieu de dispute entre la population et les militaires.
C’est le curé de Ste Radegonde, le curé Souques qui lance les hostilités le 24 mai 1870 en écrivant au préfet.
Un jour, alors qu’il se promenait avec le curé du Monastère sur le chemin qui va de Ste Radegonde à Arsac et Comels, à 250 mètres environ de Ste Radegonde, les 2 hommes voient arriver des balles à droite et à gauche sans savoir de quel côté tourner. Ils craignent pour leur vie mais la providence les sauve. En effet, un mur assez élevé leur permet de se mettre à l’abri en attendant la fin des tirs.
Ils sont à 130 mètres environ derrière la cible utilisée par les militaires pour leur entrainement mais les balles qui ont traversé le chemin auraient pu « abattre l’homme le plus robuste. »
« Mourir sur le champ de bataille c’est beau, c’est honorable ; mourir pour sauver des âmes à Jésus Christ, c’est plus beau, c’est plus honorable encore, mais mourir sans combattre, c’est triste, c’est lamentable. »
Le préfet ne voudrait-il pas croire le curé ? Il a des témoins : l’instituteur, Mr Flottes, le maire de Ste Radegonde, Mr Nozéran, le jeune Albouy qui a eu la chance de voir atterrir une balle dans le faix de bois qu’il portait sur ses épaules plutôt que dans sa chair…. Et d’autres propriétaires encore qui sont obligés d’arrêter leurs travaux pour ne pas se faire blesser.
Il est temps d’agir. Déplacer la cible, ériger des murs plus hauts ? Bref, conserver la vie des gens de Sainte Radegonde et des voyageurs.
Une enquête est demandée au général de Rodez qui ne réagit pas.
Une deuxième lettre est envoyée le 19 juin 1870 au préfet. Cette fois ci, elle prend la forme d’une pétition et est signée par un grand nombre de villageois dont à nouveau le curé Souques.
Ils expliquent qu’ils sont journellement exposés aux tirs des soldats qui vont au tir à la cible.
La butte est trop petite et sur un mamelon. Les terres autour sont excellentes mais on ne peut pas les exploiter à cause des tirs. Les personnes qui passent sur les chemins sont exposées continuellement et doivent courir pour se cacher derrière le mur en attendant la fin des tirs.
Selon la délibération du conseil municipal de Sainte Radegonde du 18 octobre 1863, il avait été demandé :
Le général répond enfin le 15 juillet 1870. Suite aux réclamations et à l’enquête en interne, il a été décidé qu’un poteau à l’extrémité duquel on hisserait un drapeau au commencement du tir serait placé à 300 mètres derrière la butte de manière à être aperçu à 1km.
De plus un fonctionnaire placé dans un abri à 300 mètres plus loin empêcherait d’approcher les habitants qui n’auraient pas vu le signal. Enfin des batteries et sonneries seraient faites avant l’ouverture du feu.
Ces précautions ont été prises, mais les habitants ne tiennent pas compte de ces signaux. Ils s’approchent quand même de la butte au point de forcer les officiers à faire suspendre les tirs le temps de les éloigner.
Le poteau a été brisé. Les cordes de la poulie pour faire hisser le drapeau ont été dérobées. La butte est dégradée par les habitants qui la fouille sans cesse pour en extraire le plomb.
Avoir un lieu de tir est gênant pour les voisins mais c’est pareil dans toutes les garnisons. Et partout ailleurs ce sont les habitants qui s’adaptent aux tirs des militaires et pas l’inverse. De plus, cela fait 3 ans que le nouveau fusil est en usage et c’est la première année que les habitants se plaignent.
Le Général demande au préfet de bien faire rappeler les règles de précaution tant pour les habitants que pour les animaux à l’approche du champ de tir surtout pendant les périodes où il est en exercice.
L’histoire ne dit pas qui, des villageois et des militaires, se sera adapté à la situation…
Sources: 2R17-AD12
© 2018 Généalanille - Article publié le 26 février 2018
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