C’est l’histoire d’un l’architecte départemental qui est viré par le préfet après 35 ans de services pour avoir pris des congés sans prévenir.
Etienne Joseph Boissonnade est né le 27 décembre 1796 (7 nivôse an V) à Saint Geniez d’Olt d’un père entrepreneur de travaux publics. Sa naissance est déclarée dix jours plus tard à la salle commune.
Il est nommé architecte départemental de l’Aveyron le 9 novembre 1820 par délibération du conseil général. C’est le premier architecte du département. Cette fonction était assurée par les ingénieurs des ponts et chaussées qui doivent dorénavant se concentrer sur les routes.
Il entre en fonction le 1 er janvier 1821 avec un salaire de 1500 francs. Mais en raison des voyages qu’il est obligé de faire, son allocation passe à 2500 francs la même année et est reconduite jusqu’en 1825 avec ce montant.
Etienne Joseph Boissonnade va faire restaurer tous les édifices publics de l’Aveyron. Il va aussi être l’acteur majeur de toutes les constructions publiques du département.
Parmi ses nombreux travaux, on notera sa participation à la restauration de la cathédrale de Rodez (toujours en restauration), celle de la préfecture, de l’école normale primaire, de l’église de Conques…
On lui doit les constructions des prisons de Millau, Villefranche et St Affrique d’après l’ancien système. Mais aussi la construction de la maison d’arrêt d’Espalion. Commencée dès 1837, cette dernière est la 1 ère maison d’arrêt de France élaborée selon le système cellulaire dont le gouvernement ait autorisé l’exécution.
Il est l’architecte du palais de justice de Rodez (adjugé au printemps 1833). Il a également établi les plans de l’ asile d’aliénés de Rodez qui était considéré comme un modèle. Sans compter ses travaux pour des églises, presbytères, ou même l’abattoir de Saint Geniez…
Par arrêté préfectoral du 29 octobre 1855, Mr Isidore Loirette, ancien élève de l’école des Beaux Arts est nommé architecte départemental à la place de Mr Boissonnade, révoqué. Cette fonction est provisoire en attendant le concours officiel de remplacement.
Mr Boissonnade est révoqué pour avoir quitté Rodez une douzaine de jours pour se rendre à la campagne sans avoir donné avis au Préfet.
Le 12 mars 1855, l’architecte départemental demande un congé d’un mois à compter du 17 pour affaires particulières l’appelant à Paris. Le congé lui est accordé par arrêté du 15 mars avec retenue du traitement.
Le 28 juillet 1855, l’architecte demande des instructions pour aller à Villefranche. Il doit aussi aller à Villeneuve mais il ne compte pas être absent plus de 8 jours.
Mais fin octobre, il oublie de prévenir….
Mr Boissonnade est parti le dimanche 14 octobre 1855 « pour venir faire procéder, non à mes vendanges car la grêle m’a enlevé les raisins, mais à la réparation de nombreux dégâts que m’ont causé les orages de toutes espèces du mois de juillet dernier. »
Il est convoqué à la commission des bâtiments civils qui a eu lieu le 18 octobre à l’hôtel de préfecture…. Mais la convocation ne lui arrive que le 18 octobre à 15h, soit à l’heure même de la réunion ! S’il l’avait reçue la veille il serait venu….
Le préfet est en colère. Il prend un arrêté le 25 octobre 1855 pour exercer une retenue de moitié du traitement de l’architecte à compter de son départ et pendant tout le temps que durera son absence. Il estime qu’il néglige les affaires courantes et la surveillance du palais de justice
Mr Boissonnade répond le 27 octobre à ce préfet (présent seulement depuis 2 ans) qu’il ne néglige pas la surveillance des travaux. Il a d’ailleurs laissé un agent qui le supplée pour le faire et pour réexpédier les dépêches de son domicile. Hors de Rodez, il continue de travailler.
En effet, il a réalisé
Tout cela, ainsi que le préfet lui a demandé le 16 octobre. Par conséquent, le préfet ne se serait pas rendu compte de son absence si cette dépêche était arrivée en temps et heures.
Les échanges entre les deux hommes sont virulents. Mais le préfet est le plus fort et révoque l’architecte de 59 ans. Il lui demande de faire un inventaire en double exemplaire de ses affaires en cours et des documents professionnels qu’il détient.
Les pièces officielles sont restées à la préfecture. Mr Boissonnade transmettra 3 documents :
Quant aux avants projets pour la construction des prisons de Rodez, il refuse de les communiquer s’il n’est pas payé proportionnellement à son travail.
L’arrêté de nomination de son successeur est diffusé dans la presse début novembre 1855.
Il décède le 22 avril 1862 dans la maison Albouy au N°7 de la rue de la paix à Rodez atteint d’une apoplexie foudroyante à la fin d’un repas pris avec son frère. Il était veuf de Caroline Foulquier décédée le 10 mars 1847.
Etienne Joseph Boissonnade était Chevalier de la légion d’honneur depuis 1840, architecte diocésain depuis 1823, membre de la société des lettres.
Sources 4E234/3-AD12, 4E213/35-AD12, 4E213/43-AD12, 4N147-AD12, annuaire biographique des artistes français, le journal de l’Aveyron, LH/270/70-base Léonore
© 2017 Généalanille - Article publié le 16 juin 2017
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