La garde nationale mobilisée sera habillée, armée et payée par les départements et les communes. Tel est le décret du 22 octobre 1870. Et vu de l’Aveyron, la guerre c’est loin….
19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Les batailles se succèdent dans l’Est de la France et les défaites aussi. Napoléon III doit capituler le 2 septembre 1870 à Sedan. Mais la guerre continue.
En face des prussiens, on trouve l’armée active française, mais aussi la garde mobile appelée à l’activité dès le 12 juillet 1870. Parmi elle, des hommes peu équipés et non entrainés.
Le décret est signé le 29 septembre 1870. « Il sera dressé immédiatement dans chaque commune, par les soins des Maires, une liste de tous les Français valides âgés de 21 à 40 ans qui ne sont ni mariés, ni veuf avec enfants et qui ne sont incorporés ni dans l’armée activie ni dans la garde mobile. » La garde mobile sédentaire est à son tour mobilisée !
La liste des soldats s’élargit avec le décret du 2 novembre 1870. « Tous les hommes valides de 21 à 40 ans, mariés ou veufs avec enfants sont mobilisés. »
Faire la guerre coûte cher. Il faut équiper les hommes, les nourrir … Et par décret du 22 octobre 1870, cette dépense est à la charge des départements et des communes.
« L’armement sera fourni par l’État. Toutefois, les communes contribueront aux frais d’achat ou de transformation d’armes effectuées par les commissions d’armement dans la proportion de la moitié. »
Le contingent à payer par le département est de :
Payable au trésor public le 30 novembre pour l’habillement et l’équipement et les 15 et 30 décembre par termes égaux pour la solde.
Préfets, vous avez 3 jours pour calculer le total à payer de votre département et pour prévenir les communes de leur quote part !
12 000 hommes. C’est le nombre évalué du contingent de gardes mobiles pour le département de l’Aveyron. Avec l’équipement et la solde, cela porte à 2 580 000 francs de dépenses… Car le coût est de 215 francs par garde national mobile célibataire!
Mais un nouveau décret est tombé le 3 novembre. Il impose à chaque département de mettre sur pied « autant de batterie de campagne que sa population renferme de fois cent mille âmes. » Et ces quatre batteries aveyronnaises doivent être montées et équipées ! Montant prévisionnel 634 000 francs !
Total de la facture 3 214 000 francs
3 millions ce n’est pas rien ! Le conseil général dans sa session du 3 octobre décide de voter un emprunt exceptionnel de 1 millions de francs remboursables en 8 annuités de 125 000 francs payables à compter de 1875.
Restent 2 213 439, 93 centimes qui est le montant du principal des 4 contributions directes (foncières, personnelles, patentes, portes et fenêtres) et qui sera réparti entre les communes.
Quelques exemples de villages:
Mais nos politiques expliquent que ce n’est que 55% d’impôt annuel qui est demandé aux habitants…
Pour les communes, l’heure de réunir les conseils municipaux est arrivée. Trois choix (cumulables) s’offrent à nos élus :
Dans son arrêté du 17 novembre 1870, Louis Oustry, préfet de l’Aveyron, demande la création de 5 légions réparties en 10 bataillons et 73 compagnies.
Et c’est un nombre d’hommes mobilisables qui est évalué à 13 074! Cependant, ce chiffre pouvait être revu à la hausse ou à la baisse. La facture s’annonce encore plus salée.
C’est le sous préfet de Millau qui l’affirme:
« Quand à la garde mobilisée, vous pouvez tenir pour certain que rien de sérieux et d’utile ne se fera dans les communes, il faudrait réunir dans un camp tout le contingent de l’arrondissement et le soumettre à la discipline militaire. […] Quelque triste qu’elle paraisse, la vérité est que tous ces gens là ne se résigneront à un sacrifice quelconque que quand l’ennemi sera dans le pays et alors même ils diront qu’il est trop tard et ils capituleront tout qu’on voudra. »
Loin de penser que les aveyronnais n’ont pas été, eux aussi, touchés par les événements de 1870-1871, le sentiment qui ressort des délibérations des conseils municipaux est que l’effort financier à fournir était beaucoup trop important.
Les aveyronnais n’ont pas été en reste pour donner des vêtements, de l’argent, ou de l’énergie pour soutenir ces soldats, moblots et légionnaires. Ils ont, eux aussi, eu leur lot de morts, blessés et amputés. Mais il n’empêche que d’ici, la guerre c’est loin et c’est cher !
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de février 2017 sur le thème imposé “la garde mobile”.
Sources: Rapports et délibérations du conseil général de l’Aveyron, Bulletin des lois, Le journal de Villefranche, 24R39-AD12, 1M552-AD12, PER1181-AD12, 1K374-AD12, 1K377-AD12
© 2017 Généalanille - Article publié le 1er février 2017
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