L’usage croissant de la nicotine comme insecticide pour les vignes a donné idée aux aveyronnais de planter du tabac.
Un article est diffusé dans la revue “le cultivateur aveyronnais” de 1894. Mr Lapoire, président du comité antiphyloxérique de Roanne (42) semble avoir trouvé un insecticide contre la cochylis qui détruit les vignes. Le traitement est composé d’alcool à brûler, de savon noir et de nicotine et donne de bons résultats. En effet, après 24 heures, 70% des larves de l’insecte sont tuées.
Les formules du traitement seront modifiées au fil du temps pour n’utiliser que de l’eau et du savon noir avec la nicotine.
Exploiter du tabac ou en extraire la nicotine sont des activités réglementées. Mr Paulin Vergnes, forgeron à Lédergues (12) se voit dresser un PV en 1906 pour infraction à la culture du tabac .
En mars 1909, un décret autorise les syndicats agricoles à se procurer de la nicotine litrée auprès des manufactures d’état pour 1 franc le litre, il passe à 2,70f en 1911. Et si on n’est pas syndiqué ? Il faut alors rédiger une demande formalisée à faire viser par le maire.
Pourquoi ne pas cultiver dans l’Aveyron du tabac ? Le conseil général du département émet le vœu « que la culture du tabac soit autorisée dans les régions du département dites de rivière » dès 1907.
Le conseil d’arrondissement de Villefranche fait de même en octobre 1908. Les deux organismes renouvelleront régulièrement la demande que la “culture du tabac soit autorisée sur la rive gauche du Lot comme elle l’est sur la rive droite “. Car le département voisin est lui autorisé à produire du tabac!
La réponse du directeur général de la manufacture de l’état est négative: pas assez de personnel et pas de crédit pour créer de nouveaux emplois.
On est en 1911. Le ministre des finances avertit les préfets les quantités d’alcaloïde à livrer à l’agriculture cette année seront 10 fois supérieures à celles de l’année précédente.
Malgré les efforts de production et les achats importants à l’étranger, il est probable que les agriculteurs n’auront pas les quantités dont ils ont besoin. D’ailleurs, le président du syndicat agricole de la commune de Villeneuve (12) qui sollicite 54kg 600 de nicotine pour ses 7 hectares de vignes n’obtient que 7 grammes !
Les communes de l’arrondissement de Villefranche émettent à leur tour le vœu de pouvoir cultiver du tabac. C’est le cas de Saujac (12) dans la délibération du conseil municipal de novembre 1911.
Les arguments sont les suivants :
1) beaucoup de terres situées sur la commune sont aptes à la culture de tabac,
2) la culture du chanvre qui était la principale récolte doit être supprimée à cause d’un parasite, le tabac pourrait la remplacer,
3) pour que les agriculteurs gagnent de l’argent pour payer les impôts,
4) parce que la commune est limitrophe avec le département du Lot où la culture est autorisée,
5) si la nicotine se généralise pour soigner la vigne, l’état va avoir besoin de plus de cultures de tabac,
6) le conseil d’arrondissement a émis plusieurs fois le vœu que la culture soit autorisée.
Les vœux continuent de se multiplier et la grande guerre survient. Il faut attendre la décision du 12 septembre 1922 pour que le ministre des finances autorise la culture de tabac dès 1923 dans l’arrondissement de Villefranche de Rouergue.
La variété sera le Paraguay Bas Rhin d’une compacité de 35 000 à 40 000 plantes à l’hectare. Les récoltes seront livrées au frais des planteurs au magasin de Cahors (Lot).
Sources: 7M123-AD12, le cultivateur aveyronnais
© 2016 Généalanille - Article publié le 18 novembre 2016
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