Selon les salles de lecture des archives départementales que l’on fréquente, les généalogistes amateurs qui veulent compléter leur généalogie s’entendent répondre « il faut regarder dans les hypothèques » ou « vous pouvez utiliser l’enregistrement ». Le tout, bien évidemment, accompagné d’un « je vais vous aider » (profitons-en pour saluer le formidable travail des archivistes).
Dans certaines salles, l’un est proposé systématiquement et pas l’autre. Lacunes ? Facilité à expliquer ou à utiliser ? Pourquoi ces différences ?
L’enregistrement a été créé en 1790 pour succéder au contrôle des actes. Il avait pour but de percevoir un impôt (le droit d’enregistrement) sur les mutations et transmissions de propriétés et sur les actes.
Les hypothèques ont été créées par des lois de 1798 et 1799 qui rendent obligatoires l’inscription et la transcription des actes de mutations immobilières et permettent à ces documents de leur donner une valeur juridique probante. La transcription est soumise à une taxe.
Vous avez explorez tous l’état civil, vous voulez connaitre l’histoire de votre maison, vous cherchez à débloquer une branche, il vous faut alors chercher d’autres « actes » de la vie de vos ancêtres.
Passés devant le notaire, ou signés sur un coin de table d’une maison ou d’une auberge, il existe des traces de ventes, d’achats, de contrats concernant votre arbre généalogique et pour les trouver, il n’est pas nécessaire d’envisager de dépouiller l’intégralité des minutes de notaires du département… Vous pouvez commencer par fouiller les papiers familiaux (c’est toujours une source intéressante), puis venir aux archives consulter les fonds d’hypothèques et d’enregistrement.
Par ailleurs, si les archives du notaire ne sont pas déposées , si elles ont été détruites ou si les actes ont été signés devant un notaire en dehors du département pour un bien du département, les fonds d’hypothèques et d’enregistrement vont vous paraitre utiles !
Enregistrement et hypothèques sont en série Q des archives départementales. L’enregistrement est en sous série 3Q, les hypothèques en sous série 4Q. Elles peuvent cependant être cotées différemment selon les AD que vous fréquentez.
Une des principales raisons pour lesquelles on vous orientera vers l’un ou l’autre de ces documents est la présence ou non des registres dans les fonds d’archives. A quoi bon vous demander de consulter les hypothèques si les tables alphabétiques n’ ont pas été conservées ? Impossible de consulter les répertoires généraux des bureaux de Lyon, ils sont en lacune . Inutile de chercher une union de la fin du 19 ème dans les tables de contrat de mariage qui s’arrêtent en 1865. Et que dire de certains registres qui sont devenus incommunicables du fait de leur mauvais état…
Il faut donc commencer par regarder l’inventaire des fonds (en salle de lecture ou numérisé) pour vérifier quels documents sont disponibles.
Pour chercher dans les hypothèques, il suffit d’un nom et d’un lieu de domicile . C’est (à priori) facile d’aider un généalogiste à trouver son ancêtre et les références de ses achats/ventes de propriété.
Pour l’enregistrement, c’est souvent la date de décès qui permet d’enchainer les nombreux et différents registres à disposition (tables de successions, tables de contrats de mariages, tables de baux, tables d’acquéreurs et de vendeurs, tables de testaments, registres d’actes civils publics, registres d’actes sous seing privés…)
Tout dépend donc de l’élément dont vous disposez pour déterminer quelle série consulter.
Enregistrement et hypothèques comportent des registres d’ordre et des registres de formalités.
Les registres d’ordre sont des instruments de recherche, les registres de formalités comportent les actes transcrits.
Les noms des registres dans l’enregistrement
Jusqu’à 1865, l’enregistrement regroupe
A partir de 1865, l’enregistrement est profondément réformé :
Les noms de registres dans les hypothèques
Les hypothèques conservent les mêmes documents pendant tout le 19 ème siècle :
Pour l’enregistrement (après 1865) et les hypothèques, chaque personne ayant passé un acte de mutation de propriété possède sa case dans les registres . La trouver permet d’obtenir les références de tous les actes de l’ancêtre.
Pour l’ enregistrement , la case du répertoire générale est composée à gauche de l’actif
et à droite du passif.
Pour certains registres plus récents, ces deux colonnes sont regroupées.
Pour les hypothèques , la case du répertoire de formalité est composée à gauche des mutations de propriétés,
à droite des inscriptions de créances.
Plusieurs avantages sont à concéder aux hypothèques :
Côté inconvénients des hypothèques, on peut citer :
En théorie, la transmission de biens par contrat de mariage n’est pas présente dans les hypothèques, on retrouve cependant cette notion dans les cases d’hypothèques.
Parmi les avantages de l’enregistrement, on peut évoquer :
Dans les inconvénients de l’enregistrement, on ne doit pas oublier :
Ne l’oublions pas, le but de l’enregistrement et des hypothèques est de donner les références précises d’autres actes et surtout des actes notariés. Dans les inconvénients de ces 2 sous séries, vous aurez noté que l’acte n’est pas forcément transcrit intégralement et qu’il vous faudra donc rechercher la minute du notaire en série 3E, un jeu d’enfant avec les informations que vous aurez glanées !
Deux remarques en passant, sur les minutes des actes notariés, vous trouvez la mention de l’enregistrement de l’acte avec le bureau, le folio et les numéros de case. Sur certaines grosses d’actes, on peut lire les références de transcription aux hypothèques.
Est-il facile de trouver la case de l’hypothèque quand on connait celle de l’enregistrement et inversement ? On a déjà évoqué les lacunes dans les archives. Quand celles-ci apparaissent, il peut être intéressant de basculer d’une ressource à l’autre.
Si vous avez la transcription d’un acte d’hypothèque , vous avez les dates et bureaux d’enregistrement (à la fin de la transcription). Si celles-ci sont postérieures à 1865, il suffit de consulter les registres d’ACP pour trouver les références de la case de l’enregistrement.
Quand vous avez une case de l’enregistrement , prenez la date d’enregistrement d’un acte (pas celle de sa signature) et armez vous de patience pour consulter les différents articles des registres de transcription jusqu’à trouver celle concernant votre ancêtre, vous aurez alors les références de la case des hypothèques.
Si vous n’avez aucune des deux (pas de contrat de mariage, succession soldée par un certificat d’indigence, pas d’acte notarié), il vous faudra faire la recherche
Comme toujours en généalogie, il ne faut exclure aucune source. Chacune permet de compléter les informations ou les lacunes de l’autre.
La logique veut que l’on étudie d’abord l’enregistrement avant de consulter les hypothèques (par ordre d’établissement des actes). Mais si vous faites l’histoire de votre maison, il n’est pas incohérent d’aller directement aux hypothèques…
Bref, si vous avez le choix, c’est que vous avez la chance de ne pas avoir de lacunes, donc profitez-en !
Sources : inventaires 4Q-AD12, 4Q2037-AD12, 49Q48-AD12, 55Q220-AD12, 58Q441-AD12, 65Q1446-AD12, 68Q126-AD12,78Q3952-AD12, 3E18436-AD12
© 2016 Généalanille - Article publié le 17 aout 2016
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