“J’ai eu peur du bombardement” c’est ainsi qu’Augustin Lacroix a justifié sa désertion en juin 1916. Ramené à son régiment, il est passé par les armes.
Augustin Lacroix est né le 20 septembre 1882 au hameau de Pinet sur la commune de Viala du Tarn. Il est le fils ainé des 7 enfants de Justin et de Marianne Souyris.
Classe 1902, il passe un an au 142 ème RI avant d’être renvoyé dans ses foyers.
Il déménage à Montpaon et se marie en mai 1911 à avec Eulalie Rosalie Boudes. Cantonnier au chemin de fer du midi, sa fiche matricule l’indique gardien de l’asile St Pierre à Marseille en 1913.
Alors qu’il est susceptible de rejoindre une armée de réserviste, il s’engage volontairement le 26 aout 1914 au 142 ème RI. Il est blessé au front par éclat d’obus à Beauséjour le 18 mars 1915.
En aout 1915, il demande à partir aux Dardanelles mais il est refusé à cause de son phlegmon.
Le 23 février 1916, il est condamné par le conseil de guerre à 5 ans de travaux publics et 1 mois de prison pour outrages envers des supérieurs et ivresse publique et manifeste.
Il est affecté 4 jours plus tard au 53 ème régiment d’infanterie . La bataille de Verdun vient de commencer et c’est là que le destin d’Augustin Lacroix va basculer.
Le 19 mai 1916, le 3 ème bataillon est sur la ligne qui part du saillant d’Hardaumont, contourne le fort de Vaux et descend dans le ravin de la Horgne.
« Pas de tranchées, pas d’abris, le pilonnage incessant de l’artillerie a tout détruit, le terrain chaotique ressemble plutôt à un paysage lunaire. Les hommes s’installent dans les trous d’obus ; les pertes sont sévères. »
Le 53 ème RI parvient à repousser l’ennemi, le 2 ème bataillon est mis en réserve au tunnel de Tavannes.
Ce lieu est un abri pour les hommes, mais ceux-ci sont cependant forcés de coucher à même sur le sol ou sur les traverses de chemin de fer. Humidité, boue et obscurité n’offrent probablement pas le meilleur repos pour les hommes.
Augustin Lacroix ne suit pas sa compagnie qui quitte le tunnel de Tavannes le 22 mai 1916 vers 20H30 pour se porter en première ligne. Il reste 4 jours dans le tunnel, seul, et ne rejoint sa compagnie que quand elle est passe une revue à Belrupt.
Il est incarcéré aux locaux disciplinaires de Belrupt et il en est extrait le 31 mai 1916 une heure avant le départ de la compagnie pour les tranchées. Alors qu’il est censé s’équiper, il s’enfuit.
Arrêté le 7 juin sur le territoire de Moutiers sur Saulx à la ferme de Grignaucourt par Gaston Martin, brigadier des eaux et forêts, il est ramené au régiment le 9 juin.
Augustin est interrogé. Il dit « j’ai eu peur du bombardement » puis se rétracte et déclare être parti parce qu’il n’avait pas la tête à lui.
On découvre qu’il n’a pas de livret matricule. Les punitions antérieures à son arrivée au 53 ème RI ne sont pas connues. Depuis son admission à cette arme le 27/02/1916, il a eu 2 fois 8 jours d’arrêts : le 16 mai pour s’être arrêté après que le régiment ait quitté le village d’Evre et avoir posé son sac à la voiture médicale sans autorisation écrite du médecin.
Son jugement a lieu le 4 juillet 1916. Les déclarations d’Augustin Lacroix pendant son interrogatoire sont les suivantes :
« Si tout le monde faisait comme moi, la guerre serait vite finie. »
« Si je suis fusillé, j’en descendrai d’autres avant. »
A la question, a-t-il quelque chose à ajouter ? Il répondra « Je demande à servir dans les zouaves à Salonique. »
Avoir peur n’est pas un critère valable pour les militaires, considéré comme un lâche et un déserteur il est condamné à mort.
Le 6 juillet 1916, Augustin Lacroix écrit au président de la république pour lui demander la commutation de sa peine. Il a agit dans un moment d’égarement pendant la bataille de Verdun et demande à repartir dans le régiment le plus exposé et où la discipline sera la plus dure.
Le 13 juillet son pourvoi est rejeté et aucun défenseur ne vient participer au nouveau procès.
Le 15 juillet 1916 à 4H30 Jean Autesserre commis greffier du conseil de guerre de la 124 ème division d’infanterie se rend sur un terrain situé à la proximité de la sortie sud ouest de la Neuville et lit la condamnation. Le piquet d’infanterie s’approche et fait feu sur le condamné.
Augustin Lacroix meurt de 8 balles dans le thorax, une dans le crâne.
Il est inhumé au cimetière de Neuville tombe N°19. Son corps est déplacé dans la nécropole de Sainte Ménéhould sous la croix N°1724.
Son décès n’est pas inscrit sur les registres de Saint Beauzély.
Sources: SHD/GR 11 J 2354-1, SHD/GR 11 J 2357 – C, 1R867-AD12, 4E140/13-AD12, 1090W2-AD12, historique du 53ème RI
© 2016 Généalanille -Article publié le 15 juillet 2016
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