La guerre de 14-18 a mis sur la route de nombreuses personnes (hommes, femmes et enfants) qui ont dû quitter leur lieu de vie pour un ailleurs inconnu. Une partie d’entre eux sont arrivés en Saône et Loire dont certains étaient originaires de Longlaville en Lorraine.
Longlaville est une commune de Meurthe et Moselle, à la frontière du Luxembourg et à proximité de la Belgique. Son recensement en 1911 dénombre 2858 personnes issues de 484 ménages et réparties dans 222 maisons.
Sa population est jeune et la commune a vu la naissance de 84 enfants lors des deux années précédentes.
Quand la guerre vient une nouvelle fois frapper ses terres, les allemands ne tardent pas à envahir la ville de Longlaville et à la détruire. En fin de l’année 1914, les journaux se veulent rassurants : quelques maisons ont souffert, les violences des allemands se sont traduites par des incendies mais peu d’habitants ont été molestés.
En décembre 1914, les nouvelles sont plus radicales : Mr Georges qui tenait le café du midi a été fusillé avec sa femme par les allemands qui ont brûlé leur maison.
Il faut parfois attendre plusieurs mois pour que les journaux distillent d’autres atrocités.
Ceux qui ne sont pas mobilisés doivent choisir entre partir ou rester.
Ils sont deux frères à travailler comme lamineurs aux aciéries.
Charles Hocquard est né en 1883 à St Dizier (52). Marié avec Justine Prêcheur née en 1889 à Longlaville (54), il habite la rue Basse à Longlaville avec sa femme et sa belle-mère. Mobilisé dès le 2 aout 1914, il est noté disparu le 26 août. Il faut attendre 2 ans pour trouver son nom sur la liste des prisonniers .
Pierre Hocquard est né en 1884 à St Dizier (52). Marié avec Lydie Prêcheur née en 1886 à Longlaville, il habite aussi la rue Basse à Longlaville avec leur fille Simone née en 1909. Mobilisé le 1 août, il rejoint le lendemain la commission de réquisition de chevaux et voitures. Il est renvoyé dans ses foyers le 4 aout et « est resté en pays envahi pendant la durée des hostilités. »
Un peu plus loin dans la rue vivent leurs parents, Charles Hocquard et Marie Antoinette Schetzel avec deux de leurs sœurs Yvonne et Justine.
Les deux filles sont respectivement nées en 1895 et 1897 à Maxéville (54) et Champigneulles (54). Yvone quitte la région avec Elisa Hocquart (probablement sa belle-soeur). Accompagnées de 4 enfants, elles migrent vers la Saône et Loire où elles sont signalées à Toulon sur Arroux.
Elles rejoignent ensuite Le Creusot en avril 1915.
La famille Cristiny habite rue Ste Barbe à Longlaville en 1911. Les parents, nés en actuelle Moselle et n’ayant pas opté, sont considérés comme étrangers . Ils vivent avec leur fille Joséphine née en 1898 à Villerupt.
Leur fils Julien s’est marié avec Jeanne Loubeau et le couple a déjà 3 enfants : Mathilde née en 1910, Adolphe né en 1911 et Léone née en mars 1914.
Quand survient la guerre, la mère part avec sa fille, sa belle-fille et ses petits-enfants vers le sud. Ils sont recensés à St Aubin à Charollais (71) où Jeanne Loubeau épouse Christiny accouche quelques jours avant l’armistice de son 5 ème enfant prénommé Léon Louis Eugène.
La famille repart à Longlaville en avril 1919.
En Saône et Loire, on dénombre presque 100 personnes issues de Longlaville sur les cahiers qui servent à l’enregistrement des arrivées et départs des refugiés. (Ce document n’a pas été conservé pour l’arrondissement de Louhans.) Les populations déplacées se rassemblent dans le département à proximité des grandes villes ou autour des lieux de travail (les aciéries du Creusot par exemple).
Les réfugiés Longlavillois originaires de Saône et Loire retournent dans leur famille c’est le cas de Claude Quincy originaire du Creusot qui revient dans sa ville natale avant de partir pour Paris en 1917, mais aussi de Mme Deslorières née Pelletier au Creusot qui émigre à St Symphorien de Marmagne, et également de Philibert Genevois né au Creusot qui s’installe à St Aubin en Charollais avec 5 de ses enfants. Cette famille habitait la rue Ste Barbe et une Jeanne Genevois de Longlaville est recherchée par Mr Genevois présent à l’hôpital de Chagny (71) en mars 1915.
Dès mars 1915, une autre catégorie de personne est déplacée : les rapatriés. Ce sont des civils indigents ou volontaires qui acceptent d’être évacués vers la France non occupée. Dans le convoi du 14 mai 1915 au soir se trouve Jeanne Quency née Charleux qui rentre dans sa famille au Creusot.
En mars 1918, Mme Gossert Hévert qui est souffrante attend le train pour quitter Longlaville.
Les réfugiés et rapatriés de Longlaville n’ont pas choisi que la Saône et Loire, on retrouve leur trace dans d’autres villes de France : Paris, Pierrefitte, Cherbourg (50), St Cyprien (24), Cahors (46), La Rochelle Palice (17), Pourcheroux (03), Nancy (54), Aubervilliers (93), Nantes (44), Villeneuve St Georges (94), Bordeaux (33), Thonon les Bains (74), St Rambert en Bugey (01), Vitré (35), Grand Croix (42), Privas (07), Alençon (72), Alfortville (94), Colombes (92), Sucy en Brie (94), Firminy (42), St Rémy en Rollat (03).
Cette liste n’est pas exhaustive.
Avec l’éloignement, l’absence de moyens de communications modernes et la guerre, avoir des nouvelles de ceux qui sont partis et de ceux qui sont restés est difficile. Les nouvelles arrivent parfois par le biais de journaux.
Ceux qui sont restés indiquent qu’ils sont en bonne santé, ou que certains décès sont survenus.
D’autres cherchent des nouvelles
.. même quand ils sont militaires
… ou quand ils sont prisonniers
Les naissances et décès loin de leur patrie d’origine sont également annoncés par les journaux.
A voir aussi
Les archives départementales offrent parfois de réels trésors en série R. Les AD de Mâcon présentent sur leur site internet quelques-uns de ces documents liés aux réfugiés de 14-18.
Sources:
6M33-AD54 , 1R175-AD08, 1R181-AD08, 2R249-AD57, 10R143-AD71, 10R144-AD71, Le journal de la Meurthe et le Bulletin de la Meurthe et Moselle numérisés par le kiosque-lorrain.fr
© 2015 Généalanille Article publié le 07 septembre 2015
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