Il est assez commun de croiser des plaques indicatrices, voire des plaques de cocher dans tout le département du Rhône et dans d’autres départements. Cependant certaines communes du département du Rhône et de la métropole de Lyon ont la particularité d’avoir une plaque géographique dont les informations ont été fournies par la société de géographie de Lyon.
C’est en novembre 1872 qu’une commission est nommée par la société nationale d’éducation de Lyon pour étudier « l’opportunité d’une exposition géographique dans cette ville. » Les membres réunis se posent la question si la création d’une société plus pérenne ne serait pas plus utile qu’une exposition temporaire. L’idée est innovante car à cette époque il n’existe pas de société de ce type en province et celle de Paris date de 1821.
Le 23 janvier 1873, 35 à 40 personnes se rassemblent dans la salle de l’union syndicale des marchands de soie, 13 rue de l’arbre Sec, et sous la présidence de Mr Louis Desgrand, négociant de Lyon et membre de la société géographique de Paris. Siègent également Mr Goybet, directeur de l’école La Martinière et Mr Pictet, président de la société d’instruction primaire du département du Rhône.
Le comité provisoire compte 20 membres et désigne un bureau composé de 8 personnes :
Fin décembre 1873, une souscription de 250 adhérents est réunie avec une cotisation annuelle fixée à 20 francs.
Les statuts de la société de géographie de Lyon sont adoptés le 5 mars 1874. Un comité de 24 personnes est nommé pour 4 ans avec renouvellement par quart d’année en année. Les membres sortants ne peuvent être réélus qu’après un an d’intervalle.
En janvier 1875, la société produit son premier bulletin et elle loue un immeuble quai de Retz (actuel Quai Jean Moulin).
C’est en 1877 que la société propose, de doter les communes du Rhône de plaques géographiques avec le nom du département et de la commune, la distance qui la sépare de son chef lieu, l’altitude et la longitude. Cette idée semble émaner de Mr Jean Claude Coint Bavarot, membre fondateur.
Ce projet a pour but de vulgariser la science et d’initier les populations rurales aux données utilitaires de cette science.
En 1879, une action est menée par les sociétés géographiques pour que les gares apposent des plaques sur leur fronton.
En parallèle, la société dispose des indications officielles pour 28 communes et le modèle présenté, en tôle émaillé, a été accepté.
Fin décembre 1880, 32 plaques sont prêtes ou commandées. La pose peut commencer. Parmi les premières plaques encore existantes, on peut citer celle de St Genis Laval en mauvais état.
En 1882, les plaques des communes traversées par le chemin de fer PLM diffèrent par le fait que leur altitude est calculée sur la gare la plus proche.
L’altitude n’est plus calculée au clocher mais à la gare la plus proche.
Le prix de la plaque est de 25 francs. Certaines communes ont payé la totalité de la somme sur leur budget. C’est le cas par exemple de Bessenay
D’autres sollicitent une subvention auprès du conseil général qui leur accorde à condition que la commune prenne en charge au moins la moitié du budget. St Marcel l’éclairé par exemple touchera une subvention de 12 francs 50 en 1883.
A Grigny, ce sont les conseillers municipaux eux-mêmes qui ont financé en partie la plaque.
D’autres communes enfin n’ont rien voté. Elles sont douze dans ce cas et évoquent un problème de budget comme à Condrieu.
Le montant des subventions est défini en janvier 1883, puis une deuxième liste de communes est publiée en mai de la même année.
Entre 1881 et 1883, le nombre de plaques posées augmente.
A St Romain au Mont d’Or la première délibération d’un budget de 10 francs est complétée par une deuxième délibération pour les 2,50 francs manquants. Il est demandé de ne pas oublier de mettre le nouveau nom de la commune modifié par décret du 31 octobre 1879.
A St Romain de Popey, le courrier de la mairie porte un autre nom de village !
Les membres du conseil municipal de Corcelles jugent que la plaque ne sera d’ aucune utilité pour les habitants, elle se résignera un an plus tard à trouver un budget de 12,50 francs.
A Lentilly, le conseil municipal n’a aucun fonds pour cette dépense , surtout que la commune est « obligée de contribuer pour la plus grande partie aux frais de logement, d’éclairage et de chauffage des hommes chargés de procédé au relevé des coordonnées géographiques tandis que les autres communes faisant partie du même rayon sont affranchies de ces frais. » Un an plus tard, les 12,50 francs sont budgétisés.
A St Romain en Gier, la plaque pose problème. Le conseil municipal a refusé de l’acheter en aout 1882 car elle était inutile et la commune possédait déjà toutes les indications nécessaires par le bien de la gare de chemin de fer. Il finit par voter le budget de 12,50 francs en insistant « que la commune de St Romain en Gier n’entrera pas dans d’autres frais. » Hors il faut aller chercher la plaque au secrétariat de la société de Géographie, ou se faire expédier la plaque , ce qui a un coût que le maire refuse. Par ailleurs, il faut poser la plaque et bien que ne nécessitant « aucun travail de maçonnerie. Il suffit d’avoir 4 gros clous à placer dans les trous préparés sur la plaque » selon Mr Debize le secrétaire général de la société, Mr Ollagnon, maire de la commune de St Romain, rechigne là encore à la dépense. Ce dernier aura gain de cause et les « faux frais » seront prélevés sur le budget du conseil général pour « dépenses diverses et imprévues. »
En 1883, le préfet de Saône et Loire s’enquiert de la présence des plaques du Rhône, de leur utilité pour les populations, de leur intérêt pour les voyageurs mais aussi de leur méthode de financement avant de décider s’il propose un projet analogue au conseil général.
En 1886, le préfet de la Loire et son équipe demande à la société de géographie de Lyon de lui fournir 12 plaques pour ses communes. En parallèle, le PLM consigne dans toutes ses gares l’altitude au sol, et la compagnie de l’est met en place une plaque aussi complète que celles du Rhône dans ses stations. La société envisage alors de vulgariser parmi les fermiers et métayers l’ usage de nouveaux outils scientifiques : « le baromètre et les indications météorologiques »
La plupart des plaques ont disparu, certaines ont été refaites à l’identique, d’autres ont un autre modèle.
Sources : Bulletins de la société géographique de Lyon numérisés par Gallica, Origins of the Société de Géographie de Lyon by Hugh Clout, comité des travaux historiques et scientifiques, 4T50-AD69, 1N136-AD69, 1N138-AD69, 1N142-AD69, 1N445-AD69, 1N446-AD69, 5WP003-AM Lyon, Archives municipales Chatillon
© 2015 Généalanille Article publié le 31 aout 2015
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