Henri Fontaimpe est né le 26 octobre 1867. Il est le cadet de trois garçons. Sa mère meurt alors qu’il a à peine 20 ans et c’est son père, François, qui devient tuteur du jeune homme en attendant sa majorité.
Marie Thomas est née le 30 janvier 1882. Elle est la 4 ème des 5 enfants de la famille.
Henri Fontaimpe et Marie Thomas se marient le 21 septembre 1897. Il a 29 ans, elle en a 15.
Le 28 décembre 1903, le juge Protheau fait part du résultat des enquêtes et contre enquêtes qui ont lieu au sujet du couple Fontaimpe-Thomas qui demande le divorce.
Mme Fontaimpe se refuse « habituellement à l’accomplissement du devoir conjugal », fait des scènes de violence à son mari et l’injurie. Mr Fontaimpe, quant à lui rentre tard au domicile conjugal, injurie sa femme, la traite grossièrement et l’a déjà giflée à plusieurs reprises.
Le divorce est prononcé par le tribunal d’Autun le 27 avril 1904 aux torts réciproques des époux et les notaires Mazoyer et Pierre sont chargés de procéder à la liquidation de la communauté.
Alors qu’ils sont domiciliés au même endroit au moment du divorce, les deux anciens époux se réconcilient et se remarient le 7 juin 1906 , une fois encore sans contrat de mariage. Ils s’aiment à nouveau… ou presque!
5 ans plus tard, la situation est intenable et Mme Fontaimpe finit par quitter le domicile conjugal pour aller se réfugier dans un hôtel du village. Le couple demande la séparation de corps.
Elle relate qu’en fin décembre 1912, son mari, rentrant ivre au domicile, l’a menacée de mort en lui déclarant qu’il « lui brûlerait la cervelle. » Il lui fait des scènes très fréquemment et sans motif.
Le 21 mars et le 19 avril 1913, il est rentré très tard dans la nuit vers 2H30 et 3H, ivre, après avoir passé les veillées à l’auberge.
Le 19 mai 1913, Mr Fontaimpe est rentré à 4H du matin de l’auberge et a obligé sa femme à se lever pour prendre sa place. Un instant après, il s’est relevé et a frappé sa femme à coups de poings, lui disant qu’il allait la tuer. Il s’est alors emparé d’un fusil puis d’un revolver pour mettre ses menaces à exécution et Mme Fontaimpe a dû aller se réfugier dans la cuisine pour se cacher. Surexcité, Mr Fontaimpe a tiré des coups de feu dans la cuisine avant de mettre en joue sa femme. Cette dernière est partie se cacher derrière la porte. Quelques instants plus tard, alors qu’ils discutaient, le mari a attrapé l’époux par les cheveux et il a fallu l’intervention d’un voisin pour les séparer.
Le 7 juin 1913, Mr Fontaimpe est à l’auberge dès 14H. Il passe son après-midi à boire. Il rentre chez lui vers 23H et réclamant ses armes il dit que si sa femme ne s’en va pas, il la tuera. Il l’a déjà dit plusieurs fois et cela finirait par arriver.
De plus, Mr Fontaimpe fait courir des propos désobligeant sur sa femme. Il lui reproche de ne pas s’occuper du ménage, de le narguer en chantant et dansant autour de lui. Il l’a traite de « charogne, sale bête, saloperie… »
Trop c’est trop. Mme Fontaimpe demande le 9 juillet 1913 une séparation de corps et est autorisée à faire faire l’inventaire des forces et charges de la communauté par les notaires Amiot et Pierre.
L’opération a lieu fin juillet et les bestiaux, récoltes et denrées agricoles sont d’une valeur telle qu’il faut procéder à des négociations. Il est proposé qu’un administrateur soit en charge du domaine pendant ce temps mais ce serait déposséder complètement Mr Fontaimpe, ce qui est contraire à l’idée que “le mari reste le chef de la communauté tant que dure le mariage”.
Mme Fontaimpe est condamnée à payer les frais du procès du 30 juillet 1913.
Le 16 octobre 1913, une nouvelle audience publique a lieu du tribunal d’Autun. Les griefs contre Mr Fontaimpe sont recensés mais Mme Fontaimpe a aussi des torts selon son mari. Elle ne s’occupe pas de sa maison et de son ménage, ne fait pas régulièrement les repas. Elle oblige même son mari à faire ses chaussures et à brosser ses habits !
De plus, elle ne fait pas « bon lit », se refusant à son devoir conjugal en prétextant ne pas vouloir d’enfant. Elle lui refuse aussi les clés de son armoire. Enfin, elle le traite de fainéant, d’ivrogne, d’abruti, lui dit « je t’emm… » Elle le pousse à bout pour qu’il parte et se suicide.
D’après son mari, elle découche ou rentre tard, « elle qui n’en avait aucune raison », alors que son mari partait pour s’occuper de ses affaires aux foires et rentrait lui aussi tardivement.
Le jugement propose la séparation de corps des deux époux et condamne Mr Fontaimpe à payer à sa femme une somme de 300 francs Ad litem (en avance sur la liquidation de la communauté) et une pension alimentaire de 80 francs par mois.
Le 4 mars 1914, le couple se retrouve au tribunal pour entendre les témoignages, les conclusions et plaidoiries. Les témoins racontent les mêmes faits de violence et ont dû recueillir Mme Fontaimpe pour la protéger des menaces par arme, coups et paroles de son mari. Dès septembre 1912, d’autres personnes l’ont entendu dire à la foire « qu’il fallait que sa femme parte et […] qu’il prendrait même son fusil et que ça ferait ce que ça ferait. »
Les témoins confirment que le couple couchait dans le même lit et que si Mr Fontaimpe avait brossé une fois ses vêtements et même lavé la vaisselle, c’est parce que Mme Fontaimpe était en train de faire la chambre à ce moment-là.
Le jugement intervient le 11 mars 1914. La séparation de corps est prononcée après 17 ans de vie commune et la pension alimentaire de 80 francs par mois jusqu’à la liquidation de la communauté est confirmée. Par contre, la demande de 10 000 francs de dommages intérêts de Mme Fontaimpe est refusée.
Une nouvelle séparation des biens de la communauté doit être exécutée et deux lots sont composés pour la vente par licitation des 17 hectares.
La première guerre mondiale éclate et Mr Fontaimpe n’est pas mobilisé .
Le 11 novembre 1914, nouvelle audience à Autun. La liquidation des biens n’est pas terminée et Mr Fontaimpe demande à réduire le montant de la pension alimentaire à 20 francs au lieu de 80 parce que ses ressources se trouvent réduites. Il n’est plus fermier de 3 domaines comme avant donc il ne paye plus de fermages, mais il a acquis le 20 mai 1913 (lendemain où il a failli tuer sa femme) un domaine au lieu dit Valency dont il doit encore payer 56 000 francs. Il loue ce dernier à moitié fruit depuis le 11 novembre 1913 à un autre homme non mobilisé de la commune.
Le juge décide le 9 décembre 1914 de ne pas baisser le montant de la pension considérant:
Par ailleurs, « en raison des événements qui sont survenus » (la guerre), l’état de fortune de Mr Fontaimpe est probablement plus mauvais mais à charge pour lui de faire accélérer les opérations de liquidation de la communauté et d’ arrêter de s’opposer au partage du mobilier.
Le domaine sera vendu en juin 1919. Mme Thomas retournera provisoirement vivre avec ses parents.
Sources: 5E227/11-AD71, 5 E 227/12-AD71, 5E227/13-AD71, 5E239/24-AD71, 3U181-AD71, 3U190-AD71, 3U191-AD71, PR2/38-AD71
© 2015 Généalanille Article publié le 8 juin 2015
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