La loi du 14 mars 1891 est composée d’un article unique : « l’heure légale en France et en Algérie est l’heure temps moyen de Paris. »
Cela signifie que tous les habitants ont dorénavant la même heure : celle de Paris (qui n’est pas celle de Greenwich mais celle de l’observatoire de Paris).
Avant cette période, on utilisait deux types d’heures :
– celle du temps solaire local
, indiquée à l’horloge de la préfecture du département, pour l’usage commun ;
– celle « de Paris »
dans les gares pour uniformiser les trajets en train.
Le télégraphe a permis de communiquer la mise à jour dans tout le pays d’une manière plus fiable que de transporter des horloges de Paris vers la province !
Le calcul a été possible grâce, notamment, à la publication de tables par le bureau des longitudes et par la méthode suivante :
1 degré d’angle vaut 4 minutes de temps (car 15°=1 heure)
1 minute d’angle équivaut 4 secondes de temps (car 15’=1 minute)
1 seconde d’angle vaut 0 secondes 0,67 de temps (car 15’’ =1 seconde).
Par exemple pour Macon
Macon 2° 29’ 55’’ E
2° valent 8 minutes
29’ valent 116 secondes
55’’ valent 3,68 secondes
Total: 8 minutes + 116 secondes +3,68 secondes = 9mn 59,68 secondes
Il faut donc retrancher 9 mn 59 secondes à l’heure d’une horloge réglée sur le temps moyen de Mâcon pour avoir l’heure de Paris.
Ce qui donne pour la Saône et Loire et le Rhône :
Ville | Coordonnées | Horaires |
---|---|---|
Mâcon | 2° 29’ 55’’E | Retrancher à l’heure locale 9mn 59,68 secondes pour avoir l’heure de Paris |
Autun | 1° 57’ 47’’ E | 7mn 51,15 secondes |
Chalon / Saône | 2° 31’ 7’’ E | 10mn 2,47 secondes |
Charolles | 1° 56’ 29’’ E | 7mn 45,94 secondes |
Louhans | 2° 53’ 10’’ E | 11mn 32,67 secondes |
Lyon | 2° 28’ 52’’ E | 10mn 55,48 secondes |
Villefranche / Saône | 2° 22’ 56’’E | 10mn 31,75 secondes |
La loi du 9 mars 1911 fait passer la France à l’heure à celle du méridien de Greenwich
. Son article indique : « l’heure légale en France et en Algérie est l’heure, temps moyen de Paris, retardée de neuf minutes vingt et un secondes. »
Il est prévu que pour les émissions télégraphiques à destination des navires en mer que la mention « heure de l’Europe occidentale » soit ajoutée pour la période du 10 mars 1911 minuit au 30 juin 1911 minuit.
La mise à l’heure se fait dans la nuit du 18 au 19 mars 1911
: on arrête les horloges pendant 9mn et 21 secondes.
Dans les gares, la maison Paul Garnier (qui a fourni toutes les gares de France) se charge de faire ouvrir par ses horlogers les boites et coffres renfermant les régulateurs et les campaniles.
Pendant la guerre, l’Allemagne, pour des raisons d’économie des ressources
pour l’éclairage, décide d’instaurer une heure d’été (Sommerzeit) en avril 1916. Elle est suivie par l’Angleterre (British Summer Time BST) puis par la France grâce au député André Honnorat. La principale préoccupation semble être encore une fois les trains.
« A partir du 14 juin à 23 heures, nuit du 14 au 15 juin, les horloges des gares seront avancées d’une heure. Aucune modification ne sera apportée à l’horaire des trains figurant sur les affiches et dans les indicateurs.
L’attention des voyageurs est particulièrement attirée sur les trains qui en raison du changement d’heure vont être plus ou moins avancés en fait dans la nuit du 14 au 15. »
En 1917, l’heure d’été est instaurée de manière provisoire
et pour la première fois un samedi.
La loi du 19 mars 1917 indique « pendant la durée de la guerre et jusqu’au décret fixant la cessation des hostilités, le Gouvernement est autorisé à avancer d’une heure, par voie de décret, en France et en Algérie, l’heure légale fixée par la loi du 9 mars 1911.
Toutefois, cette modification ne pourra avoir lieu que pendant la période comprise entre le premier dimanche de mars et le premier dimanche d’octobre, dates extrêmes pour l’application ou le retrait de l’avance autorisé par l’alinéa premier du présent article. »
Comme le premier dimanche est déjà passé au moment de la loi, l’heure d’été, ou plutôt l’heure légale décalée, est fixée au samedi 24 mars 1917 à 23 heures
.
Le journal local demande à chacun d’appliquer la loi :
« L’heure d’été
Dans la nuit du 24 au 25 mars nos pendules et nos montres devront être avancées d’une heure.
En conformité du vote émis par le Parlement, le gouvernement vient de prendre un décret aux termes duquel l’avance de l’heure légale sera appliquée dans la nuit du 24 au 25 mars.
C’est donc dans la nuit de samedi à dimanche prochain que nous devrons avancer notre montre d’une heure pour être en règle avec la loi . »
Pendant l’année 1917, une enquête est menée pour évaluer les économies réalisées
et déduire les actions à prendre en 1918. Pour la ville d’Autun, l’économie de charbon s’élève à 10%.
En 1918, le passage à l’heure d’été n’est pas le premier dimanche de mars comme la loi le prévoit mais le 9 mars 1918.
Après la guerre, l’heure d’été continue d’exister contrairement à ce qui était prévu. En 1921, Mr Michel sénateur de Meurthe et Moselle tente de faire abroger la loi. Il faut dire qu’il y a un réel décalage entre la ville et la campagne qui continue de vivre “à son heure”.
Les inspecteurs d’académie ont même été autorisés à conserver les horaires de classe à l’heure ancienne.
La loi est abrogée mais un amendement prévoit pour 1922 des horaires d’été le 25 mars.
La loi du 24 mars 1923, installe à nouveau l’heure d’été. Mais elle s’adapte aux habitudes locales (foires, horaires des écoles) sous le pouvoir des préfets. L’horaire sera modifié chaque dernier samedi de mars.
Pendant la seconde guerre mondiale, l’heure d’été est chahutée: retard dans le passage à l’heure d’hiver (décret du 26 septembre 1939), avance dans l’heure d’été suivante, suivi de l’heure allemande, différence entre la zone libre et la zone occupée.
En 1946, l’heure d’été est abandonnée jusqu’en 1976.
Le décret du 19 septembre 1975 réinstaure l’heure d’été à compter 28 mars 1876 à 1H (soit 0H temps universel.)
La modification de l’heure à 2H (en été) et 3H (en hiver) sera mise en place par la commission européenne pour 1998 (directive 97/44/CE) pour uniformiser le jour et l’heure entre tous les états membres de l’Europe.
Sources: Annuaire pour l’an 1892, publié par le bureau des longitudes, numérisé par Gallica, JO du 10 mars 1911, 21 mars 1917, 25 mars 1923 numérisés par Gallica, JO du 20 septembre 1975 numérisé par legifrance, Le Stéphanois 10 mars 1922 numérisé par Mémoire et actualité, Paris Centre 12 juin 1916, 21 mars 1917 numérisés par les AD58.
© 2014 Généalanille - Article publié le 28 mars 2014
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