Le diable a-t-il été présent à Balaguier-sur-Rance au début du XIXe siècle ? La lente montée en puissance de l’épouvante est racontée par les gendarmes…
Cela fait déjà dix mois que les habitants connaissent la présence du « diable » quand les gendarmes font leur rapport. Le maire de Saint-Sernin a même du se rendre sur place, accompagné de la gendarmerie, pour tenter de trouver une explication logique aux manifestations nocturnes.
Au début, le diable était gentil. Il se bornait à assurer avec une voix féminine qu’il était une âme souffrante qui demandait du pain béni. Puis il est devenu galant. Il a déclaré sa flamme pour Rose, la fille unique d’un pauvre cultivateur habitant près des ruines du château. Le diable s’est engagé à épouser la jeune fille et, pour prouver sa bonne foi, il a même indiqué à son futur beau-père s’appeler Griffet.
La jeune fille, qui passait pour un modèle de vertu, n’était soupçonnée d’aucune intrigue amoureuse. Alors âgée de vingt ans, Rose n’a pas eu envie de prendre un esprit pour mari, elle a donc quitté la maison paternelle.
Malgré le départ de Rose, le diable a continué ses visites nocturnes dans la maison du pauvre cultivateur. Il est devenu cruel. Il a maltraité celui-ci ainsi que sa femme. Il a renversé les meubles et il fait toutes les nuits beaucoup de train dans la maison.
D'après les témoignages du couple, parfois il réclame Rose, parfois il indique le nom des personnes de la contrée qu’il annonce devoir bientôt visiter. Souvent, il énumère les individus qu’il craint et ceux qu’il ne craint pas.
La frayeur s’est répandue dans les villages voisins et même dans le département limitrophe du Tarn. Selon les gendarmes, « ceux des habitants qui ne sont pas doués d’une force morale attendent avec tremblement la visite du diable. »
Le diable a dit s’appeler Griffet. Mais qui est-il vraiment ? La gendarmerie est chargée de la difficile enquête. Son rapport indique qu’il « existe encore dans ce pays des devins et des devineresses qui vivent aux dépens des dupes qu’ils sont. Il est assez difficile de prouver juridiquement ce genre d’escroquerie parce que ceux qui vont consulter les devins et les nécromanciens ne veulent pas avouer leur crédulité, soit qu’ils craignent de passer pour des esprits faibles, soit qu’ils redoutent la vengeance ultérieure des devins qui ont l’attention de recommander le plus grand secret sous des peines très graves. »
Les gendarmes concluront que le diable a de fortes chances d’être un déserteur des troupes napoléoniennes, réfugié et caché dans la région.
Avec le recul et les archives déposées depuis cette période, quel crédit peut-on apporter à cette histoire ? Il faut rechercher un couple, dont le mari est cultivateur, vivant près des ruines du château, et ayant une fille, unique, née vers 1792 s’appelant Rose… et surtout le rapport de gendarmerie du 3ème trimestre 1813 indiquant si le diable a été arrêté !
A vous de mener de l'enquête, et rappelez-vous... Il n’y a pas de fumée sans feu…
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