Les prêtres réfractaires pendant la Révolution française : l’exemple de Jean Pierre Prompt, vicaire en Aveyron et sa fin tragique. Mais aussi des pistes de recherche en Aveyron... et ailleurs!
Jean-Pierre Prompt est né au Moulin du Grandfuel le 15 février 1766. Il est fils de Joseph Prompt et d'Anne Sabbatié.
Il est tonsuré dans la chapelle du collège de Villefranche de Rouergue le 25 janvier 1789 puis minoré le 17 mai 1789 à Rodez... Et puis arrive le 14 juillet, c’est la Révolution !
Par décret de l’Assemblée Nationale du 24 aout 1790, tous les ecclésiastiques doivent prêter serment « d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi. » Ce serment doit être prêté avant le 4 janvier 1791.
Jean-Pierre Prompt n’apparait pas dans les listes. Ni de ceux qui ont prêté serment, ni de ceux qui ont refusé, ni même de ceux qui se sont rétracté.
Et pour cause, cette information n’est peut être pas disponible en Aveyron mais en Lozère car Jean Pierre Prompt a obtenu des lettres dismissoires l’autorisant à aller recevoir le diaconat à Mende le 24 mai 1790.
Il obtient d’autres lettres dismissoires pour aller recevoir la prêtrise le 28 janvier 1791 mais sans précision du lieu.
Dans quelle commune est-il affecté ? Les documents liés à la Révolution le disent vicaire secondaire dans la commune de Centrès (12), or les registres ecclésiastiques ne confirment pas ce lieu.
Si on regarde les registres paroissiaux, on le voit signer comme vicaire à Lédergues du 25 mai 1791 au 7 janvier 1792. Malheureusement, le registre suivant est manquant.
Les curés non jureurs ou insermentés, réfractaires, devaient au terme de la loi être remplacés. Jean-Pierre Prompt n’a pas, à priori, prêté serment mais, le 20 juin 1791, il est proposé par 10 suffrages sur 16 en remplacement de Simon Bayssière, autre prêtre insermenté. Il n’accepta pas.
Le 14 aout 1792, les prêtres doivent prêter un nouveau serment dit de « liberté-égalité. » La chasse aux prêtres commence.
La loi du 26 aout 1792 impose aux insermentés de sortir de leur département dans les 8 jours et le royaume dans les 17 jours, alors Jean-Pierre Prompt envisage l’exode. Il se présente le 2 octobre 1792 au district de Sauveterre pour obtenir un passeport pour Espagne en passant par Toulouse et indique qu’il sera sorti du territoire dans le délai prescrit par la loi.
C’est l’occasion de connaitre quelques détails anatomiques : Taille 5 pieds un pouce. Cheveux et sourcils châtain clair. Yeux bleus. Visage et menton ronds et pleins. Petite Bouche.
Il n’ira finalement pas en Espagne.
Le 14 brumaire an II (4 novembre 1793), trois gendarmes et 5 volontaires de la troupe de Bonnecombe se rendent au pont de Grandfuel et arrêtent le citoyen Jean-Pierre Prompt prêtre réfractaire selon les ordres qu’ils ont reçu. Il est conduit le 16 brumaire à la maison de réclusion de Rodez. Une semaine plus tard, les trois gendarmes demandent à être payés de la gratification de 100 livres pour la capture du prêtre (loi du 23 mars 1793)... le receveur du district Antoine leur versera cette somme.
Ils sont nombreux dans les prisons... et pas tous en bonne santé ! Quand, vers fin décembre 1793, le commissaire du département le voit à la maison d’arrêt, il note que Jean-Pierre Prompt est "dans son lit, bien malade ».
Jean-Pierre Prompt demande à être mis en liberté le 16 ventose an II (6 mars 1794) car il n’a jamais reçu aucun traitement et attendu que l’arrêté du «représentant du peuple Paganel porte que tous les non fonctionnaires publics et non salariés seront mis en liberté il « oze se flatter de l’obtenir de la part du directoire du département». Le lendemain, il obtient une attestation du district de Rodez comme quoi il n’est pas pensionnaire.
Mais 10 jours plus tard, il est déporté. Affecté au 4ème et dernier convoi à destination de Bordeaux, malade ou pas, il faudra faire la route encadré de volontaires et de gardes.
Jean Pierre Prompt est d’abord enfermé au fort du Hâ (33). Vers le 13-15 brumaire an III (3-5 novembre 1794), il est embarqué sur le Jeanty, un des trois « pontons » où vont s’entasser les prêtres.
Le 21 février 1795, c’est le retour de la liberté des cultes. Jean-Pierre Prompt est libéré le 24 ventôse an III (14 mars 1795).
Il faut transborder les « prisonniers » sur la terre ferme. Malheureusement la barque qui lui a été affectée avec 7 autres prêtres a chaviré... et Jean-Pierre Prompt est mort noyé. Il ne reverra pas son Aveyron natal.
Le sujet des prêtres déportés pendant la Révolution a beaucoup été travaillé en Aveyron et a fait l’objet de plusieurs publications dont les notices sur les prêtres du Rouergue déportés pendant la période révolutionnaire par l’abbé Verlaguet.
Dans cet ouvrage, l'auteur écrit régulièrement « Cf. Le livre d’or des prêtres du Rouergue de 1790 » On l'espère ce "livre d'or" qui semble être plus complet que les notices. Mais il ne parait pas. Pourquoi? Non pas pour des raisons financières mais suite au décès de l’abbé Verlaguet survenu le 28 aout 1933.
Alors que faire du travail de Verlaguet?
La revue du Rouergue va publier des notices sous le titre « Notes pour le livre d’Or des confesseurs de la Foi du Rouergue pendant la période révolutionnaire » jusqu’en 1938.
Dans la Semaine Religieuse (numérisée et disponible en ligne), sont publiées des listes des prêtres du Rouergue décédés à Rochefort, Bordeaux et à Brouage en 1794-1795 et 1796. Les informations qu’elles comportent sont beaucoup plus sommaires que les « notices. »
Mr Rigal avait fait tout un travail sur l’histoire des évêques de Rodez, il était légitime pour achever le travail:
Il a repris(et corrigé) les notes de Verlaguet pour sortir l’ouvrage voulu par l’abbé mais dont le titre a changé :
« Martyrologe. Notices sur les prêtres du Rouergue morts en déportation ou en réclusion pendant la période révolutionnaire. » C'est cet ouvrage qui se veut être "le livre d'or."
Que choisir pour vos recherches ?
- les notices portent sur tous 480 déportés dont 162 prêtres
- le martyrologe ne concerne que les prêtres décédés.
Quelles ressources ? Quels que soient les départements concernés, il faut explorer les séries G, L, Q aux archives départementales pour connaitre le parcours des prêtres. N’oubliez pas les archives privées (récits de la famille) et les archives diocésaines.
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de mars 2022 sur le thème imposé "un prêtre réfractaire."
© 2022 Généalanille
Article publié le 31 mars 2022
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