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Autour de la libération de Rodez en 1944

La petite histoire autour de la libération de Rodez en 1944.

La libération de Rodez

Plusieurs historiens ont étudié la libération de Rodez le 18 août 1944 et du département de l’Aveyron quelques jours plus tard. Plusieurs photographes ont pris des clichés de ces journées et il reste quelques témoins, survivants de cette époque.

Comment retrouver des traces de la libération ?

libération de Rodez 1944- Conchon-Quinette-Société des lettres de l'Aveyron

Devant le magasin Conchon-Quinette, boulevard Gally, à Rodez le 18 août 1944.

Coll. Fonds Balsan - Société des lettres de l'Aveyron

La presse locale

La presse aurait pu être une source intéressante, mais le Journal de l’Aveyron du 5 août annonce dans sa Une « Par suite de l’extrême pénurie de papier et de la fermeture de nos ateliers pour les congés payés, les numéros des 12 et 19 août ne paraîtront pas. »

Le Narrateur (Villefranche-de-Rouergue) indique dans son édition du « 12-19-26 AOÛT 1944 » : « Vendredi dernier, la garnison allemande de Rodez a quitté la ville. Celle-ci a été aussitôt occupée par les F.F.I. et le Comité départemental de la libération nationale a adressé l’appel suivant à la population [...] Hélas, ce résultat n’a pas été acquis sans pertes. Avant de quitter Rodez, les Allemands ont lâchement exécuté tous les patriotes emprisonnés. Ceux-ci abattus par balles explosives après avoir été sauvagement torturés, ont été complètement défigurés et certains mêmes enterrés vivant. Dimanche, au cours d’une manifestation spontanée, la population de Rodez leur a rendu l’hommage qui leur était dû. [ …] »

Au quotidien

Si aujourd’hui notre regard se porte sur cette libération, il ne faut pas oublier de retracer la petite histoire, celle du quotidien des jours qui ont précédé et suivi cette période. Différentes sources permettent de retracer la vie sur le piton.


La ville de Rodez au quotidien est plutôt calme :

Le 11 août 1944, les parents de Roger Gayraud, 15 ans, signalent son départ du domicile parental, rue Sainte Catherine, depuis la veille. Vêtu d’une blouse grise et d’un béret basque, les recherches cesseront le lendemain après avoir été retrouvé par ses parents.

Le tribunal correctionnel de Rodez doit statuer sur plusieurs affaires dont l’usage d’une carte d’identité falsifiée par Pierre Goutal, 32 ans, journalier à Rodez.


Le 12 août 1944, le marché à Rodez a lieu normalement sur la place du bourg et celle de la Cité. Il est perturbé par le son des sirènes à 10h45 pour alerte menace et danger aérien puis à nouveau vers 11h37 pour les mêmes raisons.


Le même jour, un certain Jean Moulin se présente au commissariat pour signaler la disparation de son porte feuille contenant 600 francs, ses papiers d’identité et un certificat de réforme pour le STO. Il ne s’agit pas de l’ancien préfet de l’Aveyron, mais d’un malade de l’hôpital qui portera ses soupçons sur son voisin de chambre.


Dans la soirée Irène Albouy épouse Soulier indique que le sieur Albouy, avec qui elle vit, lui a refusé d’ouvrir sa porte, elle ne veut donc plus vivre avec lui…


Plus tard, c’est le Dr Trémolières, à Espalion, qui souhaiterait transporter un malade à l’hôpital de Rodez. Mais il n’y a pas de chauffeur disponible, ni de gaz pour faire fonctionner l’ambulance… Fort de cette information, le docteur choisira d’opérer lui-même le malade !


Dans la nuit, c’est du renfort qui est demandé pour un incendie à Saint-Martin-de-Lenne, à l’est du département. La Kommandantur est sollicitée pour laisser passer les pompiers de Rodez qui pourraient venir en renfort, mais elle répond que le peu d’essence disponible à la caserne doit être conservé pour les besoins éventuels du chef-lieu de département.


Le 13 août 1944 est une journée calme. Une alerte menace est déclenchée à 13h04 pour une quarantaine de minutes.


Le 14 août 1944, Jean Panis, 16 ans, se fait voler sa bicyclette dans le garage de la Poste. Dans la soirée c’est la voiture qui transporte le courrier de Villefranche à Rodez qui est stoppée par les Allemands devant le N°1 de l’avenue Amans Rodat. Tous les colis transportés sont fouillés et un certain nombre est conservé par l’occupant.


Rien de particulier n’est à signaler le 15 août 1944 à Rodez.


Le mercredi 16 août 1944, une ferme est en feu à Banocre. La Kommandantur est prévenue pour permettre un libre passage aux pompiers et à leurs véhicules. Les policiers ruthénois sont partis prévenir l’inspecteur départemental d’incendie, mais ils ont croisé une patrouille allemande (qui circulait en pantoufles) et qui les a mis en joue. A la vue de la tenue des fonctionnaires de police, les allemands ont baissé leur arme.


Plus tard dans la journée, Mme Ratorge a vu entrer dans son bureau de tabacs, situé sur la place d’armes, un inconnu armé qui lui a réquisitionné cinq kgs de tabacs contre un bon signé des F.F.I.



Les Allemands font une expédition sur Villecomtal, Entraygues puis font demi-tour et se rejoignent à Rodez.


Le 17 août 1944, trois vols sont à signaler : 12 bidons d’huile et un jambon chez M. Chaix, rue Raynal ; 3 pots de graisse, un morceau de fromage et plusieurs bouteilles de vin chez M. Astorg, rue Béteille ; des haricots verts pris dans le jardin de M. Sournac, route d’Espalion.


En fin de journée, trois véhicules partent à la butte de tir de Sainte-Radegonde. Trente prisonniers détenus à la prison sont sommairement exécutés. Les témoins précisent qu’avant de mourir ils ont chanté la Marseillaise.

Le jour de la libération

Le 18 août 1944 à 7h15, les policiers ruthénois sont appelés à exercer une surveillance particulière devant les immeubles anciennement occupés par les troupes d’opération : Kommandantur, Gestapo, caserne Sainte Catherine, rue Seguret-Saincric.


Au même moment, M. Broussy, de l’hôtel éponyme, informe que les casernes sont en flammes. Les pompiers ne sont pas immédiatement alertés. 45 minutes plus tard, le secrétaire général de la mairie, M. Merviel, ne donnera toujours pas son accord pour l’intervention des pompiers. Il estime qu’il est préférable « de ne pas déranger l’équipe car il se pourrait que ce soit l’équipe de destruction qui fasse sauter des munitions ».


A 7h45, deux cadavres d’officiers allemands sont signalés sur la voie publique, avenue du cimetière. Les policiers sont priés de les faire enlever immédiatement et de récupérer leurs papiers pour justifier de leur identité.


A 7h50, le lieutenant F.F.I. Jean-Pierre prévient la police que « les Forces Françaises de l’intérieur vont rentrer sous peu à Rodez. » Il est demandé aux policiers d’assurer un service d’ordre sur la place d’Armes et d’inviter la population à ne pas sortir. Les photos de la journée montreront une foule conséquente. Un trac avait averti la population de rester disciplinée, de pavoiser et, en cas de connaissance de la langue anglaise, de se proposer comme interprètes.


A 20h, Mme Garrigues de Saint-Félix informe les policiers que Mme Vézinet de L’Auterne, se sachant recherchée par le F.F.I. a quitté le domicile conjugal, laissant derrière elle son enfant de 20 mois enfermé à la maison. Les gardiens de la paix, grâce à un véhicule prêté par les FFI, et après avoir enfoncé la porte, ont retrouvé l’enfant « qui était assis dans un lit sans paillasse servant de parc ». L’enfant a été confié à 3 religieuses à l’hôpital et les policiers ont pris soin de laisser un mot sur la table au cas où la mère de famille reviendrait chercher son enfant.


A 20h30, le commissariat apprend que l’immeuble de la Gestapo a été pillé.


A 22h30, les policiers se rendent à la Maison du Prisonnier pour aller chercher Joseph Maurillon, secrétaire général de la chambre de commerce. Le milicien sera conduit au commissariat.


Dans la nuit, le préfet demande la liste des personnes arrêtées dans la journée.

Les jours d’après

Le samedi 19 août 1944, le marché a eu lieu comme toutes les semaines.


Mme Bedellis est passée au commissariat. Elle dénonce l’attitude de Mme Ladame qui fréquentait les Allemands et qui maintenant s’affiche avec les forces du Maquis et fait des remarques scandaleuses.


Tous les immeubles sont pavoisés aux couleurs françaises et alliées. Une foule délirante stationne sur les principales places de la cité pour assister à l’arrivée des différents maquis.


Le préfet signe un arrêté pour dissoudre le conseil municipal de la ville. Georges Subervie est nommé maire à la place du Dr Bonnefous.


Le dimanche 20 août, les débits de boissons ont été fermés de 9h à 17h et les tables et chaises des établissements de la place d’Armes ont été rentrés pour ne pas servir d’escabeau. Car en cette journée, la ville est en deuil et rend hommage aux morts du massacre de trente patriotes, survenu le 17 août dans la commune voisine de Sainte-Radegonde. La cérémonie a lieu à 10 heures sur la place d'armes où les trente cercueils ont été disposés en cercle autour du monument aux morts.

Après la cérémonie, la population suivra, à pied, les dix camions portant chacun trois cercueils sur le trajet du cœur de la ville au cimetière en passant par le quartier du faubourg.


Le même jour, Mme Bousquet, 28 ans, signale aux policiers qu’elle est lasse des persécutions exercées par son mari à son encontre. Elle quitte le domicile conjugal avec ses deux enfants âgés de 5 et 4 ans, car la vie continue…


Le 25 aout, tous les Allemands auront évacué l’Aveyron.

© 2024 Généalanille Article publié le 12 août 2024
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