Le diplôme d’honneur des morts pour la Patrie a été créé par la loi du 27 juillet 1916. Il va très vite être expédié en grande quantité dans les départements.
Les autorités civiles et militaires doivent se concerter pour que la distribution soit faite aux familles qui le désireraient au cours d’une cérémonie organisée à cet effet ou une prise d’arme.
Par exemple, pour la ville de Rodez, les 20 premières familles sont convoquées le 21 décembre 1916 à 14H15 à la caserne du foirail pour la cérémonie de remise.
Et par analogie avec la croix de Guerre, les diplômes doivent être remis aux parents des militaires décédés dans l’ordre ci-après : fils aîné, fille ainée, veuve, père, mère, frère aîné ou à défaut sœur aînée. Par défaut, il s’agit des personnes qui avaient été indiquées par les militaires à prévenir en cas d’accident.
Mais cela peut poser problème . Pour la famille Bousquet du Grandmas, la question se pose : le fils avait désigné son père, or le protocole est de donner en priorité à la veuve. A qui faut-il donner le diplôme ?
Et puis, il y a toutes ces familles dont l’adresse n’est pas la bonne !
En Aveyron, les diplômes arrivent par le train dans des caisses.
La guerre est terminée mais les expéditions vont perdurer jusqu’en 1924 .
Pour gérer l’envoi dans les mairies, deux militaires sont réquisitionnés pour vérifier les adresses, déchiffrer des écritures hésitantes, répondre aux interrogations… et réexpédier les caisses vides.
D’ailleurs en mai 1920, le chef de gare d’Ivry demande la confirmation que deux caisses envoyées en octobre 1919 ont bien été réceptionnées car il n’a pas d’accusé de réception.
Après recherche, on retrouve les deux caisses dans un vieil hangar qui contient des vieux chiffons à vendre et des cuisines roulantes. Ce hangar servait à faire les ventes des domaines. Les caisses auraient été embarquées par un véhicule du 122 ème RI et laissées là…
Et puis un nouveau modèle de diplôme est proposé. 115 diplômes sont renvoyés (39 kg) pour être échangés. On peut également obtenir un duplicata moyennant un mandat postal de 1 franc.
Les deux militaires mis à disposition doivent aussi traiter les cas particuliers.
Le diplôme de Mr Alazard d’Espalion allait être transmis à sa veuve (qui habite dorénavant Clichy), mais le pauvre s’est suicidé le 14 janvier 1915 à Espalion. Est-il éligible ?
Le diplôme d’André Cambon est établi mais avec un mauvais prénom et une date de décès erronée. Peut-on le refaire ?
André Bazile et JH Saurel, soldats 96 ème RI ne sont pas morts mais prisonniers de guerre. Pas de diplôme. Ernest Pierre Roucayrol, soldat au 4 ème RIC a été porté mort mais il a donné de ses nouvelles ! Pas de diplôme.
Eléonore Roques de Loupiac souhaite un diplôme pour Germain Roques au 27 ème BCP. Mais celui ci n’est pas officiellement mort, « juste » disparu…
Enfin, plusieurs familles vont refuser de retirer le diplôme . Dont deux qui le trouvent immoral.
« à cause de la gravure dont il est empreint. Il faut qu’un gouvernement soit descendu bien bas dans la corruption pour avoir l’audace d’envoyer un pareil souvenir aux familles dont les enfants ont fait le sacrifice de leur vie pour la défense de la patrie »
Au total, c’est plus de 6000 diplômes qui semblent avoir été distribués aux familles aveyronnais. Un chiffre très inférieur aux pertes réelles.
Les diplômes sont à chercher dans vos tiroirs et greniers.
Vous pouvez voir le travail d’ indexation et d’analyse réalisé en Indre (documents en série R). En Aveyron, les listes nominatives ne sont pas disponibles pour l’ensemble des envois (documents en série M).
© 2021 Généalanille - Article publié le 27 mars 2021
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