Le registre avec une couverture rouge n’est plus à sa place et il contient les minutes de notaires. Sa disparition est une catastrophe.
Joseph Cazotte, peigneur de laine dans le Tarn, se rend à Crespin en Aveyron. Il prend pension à l’auberge de Pierre Blanc. Mais il ne donne pas ses noms et adresse et il demande même qu’on taise son nom , faisant croire qu’il était poursuivi par les gendarmes.
Pourquoi est-il à Crespin ? Parce qu’il souhaite avoir des précisions sur un acte qu’il a signé chez le notaire . La copie qu’on lui a transmise, la grosse, a été déchirée. Quand a-t-il signé ? C’était, il y a 3 ou 4 ans.
Le notaire ne connait pas tous les actes par cœur. Il doit regarder son répertoire et va donc dans une pièce à l’arrière. Et il tarde un peu, les répertoires sont classés par ordre chronologique, pas alphabétique.
Le notaire a trouvé la date de l’acte, il revient à son bureau mais constate que le minutier a disparu . Il contient toutes les minutes en exemplaire unique.
C’est forcément un coup de Cazotte! Le notaire court après lui puis va chez Boudou, l’aubergiste. Personne. Il va chez Pierre Blanc qui lui explique la manigance de faux noms.
Puis il se décide à aller voir le maire et les gendarmes. Ces derniers vont au domicile de Joseph Cazotte dès le lendemain…. mais les perquisitions sont inutiles : le registre est revenu . Et sa femme supplie que le notaire retire sa plainte.
Le registre n’est pas chez Joseph Cazotte puisqu’il est dans l’étude du notaire. Pas à sa place… mais il a été restitué.
En effet, pendant la nuit, un mystérieux messager a monté avec précaution l’escalier de la maison du notaire, a ouvert la porte sans bruit et par l’entrebâillement une main a jeté le registre à l’intérieur . Les enfants du notaire –celui ci n’était pas encore rentré- ont couru après cette personne mais qui avait déjà disparu. Un témoin a reconnu Cazotte.
Le notaire retire sa plainte mais il manque une minute dans le registre ! Il ne reste que quelques fragments de papier autour des fils de la reliure.
Est-ce Cazotte ? En tous cas, si ce n’est pas lui, le coupable aurait choisi au hasard un registre (celui à la couleur rouge) et par le plus grand hasard le document qui concernait Joseph Cazotte !
Joseph Cazotte avait dû repérer le registre depuis longtemps. Pour réparer, il faut qu’il consente à faire établir un nouveau titre à son créancier . Mais il a commis un crime: destruction d’un titre. Et il va devant la cour d’Assises.
Son avocat plaide : Cazotte sait à peine lire mais il sait signer. Il a forcément un complice qui a détruit l’acte. Après enquête, il s’avère que Joseph Cazotte sait écrire puisqu’il écrit lui même les billets. Il est donc le seul coupable au regarde de la loi. Il écope de deux ans de prison.
Cinq jours après le crime, le notaire rédige un nouvel acte avec la mention
« montant d’une précédente obligation lequel acte a été égaré. »
Mais la minute n’est pas consultable car le registre à la couverture rouge n’est pas déposé aux archives. Pas plus que le répertoire du notaire. Seuls un sommier d’actes, le registre des ACP et le double du répertoire sont consultables.
© 2021 Généalanille - Article publié le 21 mars 2021
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