“De mémoire d’homme, on n’avait pas vu pareille inondation”. C’est le maire d’Entraygues qui indique cette phrase dans son compte rendu au préfet de l’Aveyron le 19 octobre 1868.
Le département de l’Aveyron est traversé par 3 rivières principales: l’Aveyron, le Lot et le Tarn. Et les fortes pluies de ce mois d’octobre 1868 vont provoquer des crues considérables aux abords de celles ci.
Tout au long de la journée du 18 octobre, les informations qui vont arriver au préfet des villes situées en amont vont s’annoncer de plus en plus alarmantes .
A 18H20, le préfet de Lozère annonce “Le Lot dépasse à Mende 2m90, il inonde la berge. La crue continue lentement; la pluie tombe toujours; le baromètre est très bas. Cependant le vent vient de tourner à l’ouest.”
A 19H50 “Les eaux sont à Espalion à un mètre seulement au dessous du niveau de l’inondation de 1866.”
La nuit s’annonce terrible.
Le préfet est parti sur place pour porter les premiers secours (économiques) aux plus nécessiteux, être au plus proche de la population et faire un état des lieux avec l’ingénieur des ponts et chaussées.
“De nombreuses usines mises en chômage, entr’autres les tanneries de Millau et la grande verrerie de Penchot où les ouvriers ont perdu leurs habits, leurs meubles et leurs approvisionnements; immenses pertes causées à l’agriculteur dans les vallées les plus fertiles du département par la destruction des récoltes encore en terre ou nouvellement ensemencées.
Dommages non moins considérables causés aux propriétés publiques: routes et chemins vicinaux dégradés et circulation interrompue sur plusieurs ponts; barrages et écluses du Lot endommagés. Le pont de Coursavy construit au milieu de grandes difficultés par l’Aveyron et le Cantal a une de ses culées à moitié enlevée et menace ruine.
Le niveau de l’inondation désastreuse de 1866 a été dépassée de 0,80m par le Tarn à Millau, et de 1,50m par le Lot à Penchot.”
Les pertes et dégâts à Layoule et Pont Viel près de Rodez se réduisent à un jeune veau et deux jeunes cochons noyés. Les moulins du secteur n’ont pas de grosses pertes.
Si les dégâts matériels sont terribles dans tout le département, c’est à Entraygues qu’on enregistra des pertes humaines .
L’inondation subite et imprévue a commencé à 8H du matin et n’est arrivée à son apogée que vers 21H avec 10,50 mètres au dessus de l’étiage (la crue exceptionnelle de mars 1783 est battue de 40cm). L’eau s’est élevée jusqu’aux fenêtres du 1er étage de plus de 60 maisons et toute la ville a été inondée.
C’est la veille d’une foire importante et tous les magasins de détail qui bordent le quai avaient déjà approvisionné leur commerce.
“Les habitants ont eu à peine le temps de se sauver au 1er étage et tout ce qui n’a pas été entrainé, brisé par la violence des eaux est perdu dans une boue fétide.”
Deux maisons se sont écroulées et 4 individus sont sous les décombres. Pendant toute la matinée suivante, les hommes s’acharneront à les sauver ou à découvrir les cadavres “car aucun indice n’annonce qu’il y ait quelqu’un de vivant”.
Louis Félix, Clotilde et Marie Avalon âgés respectivement de 8 mois, 5 ans et 8 ans, ainsi que Françoise Oustri, 22 ans, servante sont retrouvés sans vie vers midi.
Augustre Cayron et Jean Pierre Revel toucheront chacun 10 francs pour actes de courage et de dévouement. Les sieurs Brevié père et fils auront chacun 20 francs pour avoir secouru des animaux et des marchandises avec leur bateau.
© 2020 Généalanille
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de février 2020 sur le thème imposé “un dégât climatique”.
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