L’école privée des filles

L’école c’est la vie du village. Un moyen idéal de retracer l’histoire locale mais aussi de rencontrer parfois le personnel de communautés religieuses enseignantes.

La loi Guizot pour les instituteurs

Une des grandes lois régissant l’instruction primaire date du 28 juin 1833. Elle est dite loi Guizot, du nom du ministre de l’instruction publique qui l’a proposée.

Elle permet à tout individu de devenir instituteur primaire sous 3 conditions :

  • Avoir plus de 18 ans
  • Avoir obtenu un brevet de capacité
  • De présenter un certificat de moralité d’une commune où le candidat aura vécu plus de 3 ans.

Une école en fonction du nombre d’habitants

La loi Guizot précise en 1833 que toute commune de plus de 300 habitants doit avoir une école primaire et un instituteur…. pour les garçons ! 

Pour les filles, il faut attendre.

La loi Falloux de 1850 précise:


« Toute commune de huit cents âmes population et au-dessus est tenue, si ses ressources lui en fournissent les moyens, d’avoir au moins une école de filles. »

La loi Duruy de 1867 fera abaisser ce nombre : « Toute commune de cinq cents habitants et au dessus est tenue d’avoir au moins une école publique de filles. »


Le cas des institutrices

L’enseignement primaire des filles est réellement encadré par l’ordonnance du 23 juin 1836.


institutrice

Dans son article premier, il est précisé « L’instruction primaire élémentaire comprend nécessairement l’instruction morale et religieuse, la lecture, l’écriture, les éléments du calcul, les éléments de la langue française, le chant, les travaux d’aiguille, et les éléments du dessin linéaire. »

L’institutrice peut :

  • Soit être titulaire d’un brevet de capacité pour lequel elle ne peut se présenter à l’examen que si elle est âgée de 20 ans au moins ;
  • Soit faire partie d’une congrégation religieuse dont les status sont approuvés pour l’éducation d’enfants. Dans ce cas, une lettre d’obédience de leur communauté remplace l’examen (circulaire de 1819). La loi du 15 mars 1850 confirme ce privilège dans son article 49 : « Les lettres d’obédience tiendront lieu de brevet de capacité aux institutrices appartenant à des congrégations religieuses vouées à l’enseignement et reconnues par l’Etat ». 

Par ailleurs, l’institutrice doit faire une demande d’autorisation au recteur d’académie pour ouvrir son école. Elle doit demander une autorisation spéciale si elle tient un pensionnat. … et bien sûr n’accueillir que des filles !


Un brevet obligatoire

Selon la Loi Jules Ferry du 16 juin 1881


« Nul ne peut exercer les fonctions d’instituteur ou d’institutrice titulaire, d’instituteur adjoint chargé d’une classe ou d’institutrice adjointe chargée d’une classe, dans uns école publique publique ou libre, sans être pourvu du brevet de capacité pour l’enseignement primaire.


Toutes les équivalences admises par le paragraphe 2 de l’article 25 de la loi du 15 mars 1850 sont abolies. »



Les congréganistes ont perdu leur privilège et ont un délai d’un an pour réussir l’examen…mais pourront le repasser en cas d’échec jusqu’à la rentrée des classes d’octobre 1884. Sauf…. si les directrices ou leurs adjointes ont au moins 35 ans et 5 ans de service dans leur fonction actuelle.


La fin des congréganistes

La loi Goblet du 30 octobre 1886 complète les lois Jules Ferry sur l’enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire. Elle va surtout faire disparaitre le personnel congréganiste : dans les 5 ans pour les instituteurs et au fur et à mesure que leurs postes deviennent vacants pour les institutrices.


« Aucune nomination nouvelle, soit d’instituteur, soit d’institutrice congréganistes, ne sera faite dans les départements où fonctionnera depuis quatre ans une école normale, soit d’instituteurs, soit d’institutrices… »

Le préfet de l’Aveyron précise en 1903

« Je donnerai récépissé pour les ouvertures d’écoles déclarées par des anciens congréganistes à la condition que l’école à ouvrir ne soit située ni dans la commune où le congréganiste enseignait précédemment ni dans une commune limitrophe et que cette école ne soit pas installée dans un local occupé précédemment par une école congréganiste. Pour les autres cas, récépissé sous réserve. »


Les congréganistes seront interdits d’enseignement par la loi du 7 juillet 1904.


Quel intérêt en généalogie ?

Pour ouvrir une école libre de filles, il faut :

  • des demandes d’ouvertures signées de la main de la demanderesse avec date et lieu de naissance, les noms des parents, le nom de religieuse (pour les congréganistes) destinées au maire, au préfet, à l’inspecteur d’académie
  • un acte de naissance (21 ans révolus pour diriger une école selon la loi Goblet)
  • Un extrait de casier judiciaire
  • Un certificat de nationalité
  • Les statuts de la communauté
  • Les titres obtenus (date et lieu de délivrance du brevet) ou une lettre d’obédience (avant 1881)
  • Les domiciles, fonctions exercées sur les 10 dernières années
  • Le plan des locaux (qui seront visités par l’inspecteur) et leurs dimensions
  • Le programme d’enseignement

Et en cas de refus, il est précisé qu’elles en sont les raisons (insalubrité, immoralité….)

Bref, de quoi compléter un arbre généalogique !

Foncez découvrir la série T de vos archives départementales.


© 2019 Généalanille - Article publié le 30 avril 2019

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