Philippe Gauthey est né le 30 mai 1890 au hameau des Reinots à Grury. Il est le premier enfant de Pierre Gauthey, journalier et de Pierrette Perruzot. La famille s’installe au bourg du village et le père devient aubergiste. A la fin du 19 ème siècle, le père est nommé cantonnier communal et la famille retourne aux Reinots.
Philippe Gauthey s’ engage volontairement à 18 ans pour 3 ans à la mairie d’Autun et est affecté au 29 ème régiment d’infanterie. Après son service militaire, il revient chez ses parents à Grury et exerce la profession de tailleurs d’habits.
Le 2 aout 1914, c’est la mobilisation générale. Philippe Gauthey est rappelé à l’activité et arrive à Autun dès le lendemain où il est affecté au 229 ème RI.
Le 11 aout 1914, le régiment quitte Autun par chemin de fer pour Conflans. Les hommes vont progresser dans les Vosges où meurt un autre grurycois, Claude Machuron, dès le 20 aout.
A la fin du mois d’août 1914, le régiment est décimé : 1 chef de bataillon tué ainsi que 7 capitaines (sur 8), la moitié des officiers et les 3 cinquièmes de l’effectif.
Le 3 septembre, après un peu de repos, le régiment se dirige vers Xonrupt et cantonne à Kichomprè. Les troupes sont réparties dans le village et organisent l’accès à l’eau potable, l’infirmerie, etc
Le 13 septembre 1914, le 229 ème RI est dans la région de Munster aux côtés, entre autres, du 334 ème RI de Macon. Le 1 er octobre, une patrouille arrive à avancer jusqu’à 100 mètres de la cathédrale sans rencontrer d’ennemi, cependant les habitants des maisons situées jusqu’à 2km en avant des lignes françaises sont invités à évacuer ou à se réfugier dans les lignes françaises ou allemandes.
Les allemands ne sont pas loin et le 229 ème peut observer un homme monter dans le clocher de Munster avec une lanterne.
Le 30 octobre 1914, c’est un bruit inaccoutumé qui attire l’attention des français : des Houra et des Hoch qui font redoubler de vigilance. Le 229 ème RI se bat contre les allemands les jours qui suivent.
Les français parviennent à reprendre leurs positions. Le 9 décembre, c’est un Drachen Ballon qui est observé au dessus d’Orbey. Ce « cerf volant » en forme « de saucisse » est utilisé pour déterminer l’emplacement des lignes françaises
Dès le 20 décembre 1914, le 229 ème RI est plus au nord dans le secteur du lac Blanc. Le jour de Noël , les allemands attaquent vers 22H30, forçant les français à se battre à la baïonnette pour récupérer les mètres de front perdus. La bataille cesse vers 9H du matin et les pertes sont lourdes des deux côtés.
Une nouvelle bataille a lieu le 1 er janvier 1915 . Les allemands utilisent des fusées lumineuse s qui « éclairent merveilleusement » le champ de bataille, objets que réclament les français à leur état major pour « discerner les intentions de l’ennemi en cas d’attaque de nuit ».
La neige est abondante et fond rapidement ce qui transforme les tranchées en « véritables lacs. » Elle atteint 1 mètre le 13 janvier 1915. Les habitants sont sommés par les allemands d’évacuer leurs maisons à cause de travaux de mines.
Début février, les tranchées sont survolées par les avions . Un « aviatic » est signalé le 1 er février, le 4 février un ballon captif allemand est aperçu dans la direction de Cernay puis deux avions. Le 5 février c’est un aéroplane qui survole la tête de Faux. Pendant ce temps, l’ école de skieurs est stoppée au lac Noir en raison d’une neige trop molle.
Les tirs sont quotidiens, les travaux dans les tranchées également.
Le 17 février 1915, les fusillades se font plus vives. Des avions (aviatic et biplans) volent à faible altitude et sont accueillis par des tirs français. Dans la nuit qui suit, les allemands occupent les maisons les plus occidentales de Remomont avant d’envoyer 100 à 150 hommes cisailler les fils de fer français . L’attaque est repoussée, faisant côté allemand un mort resté accroché dans le réseau de barbelés et « le nombre de blessés parait d’après les traces de sang sur la neige être notable. »
Après une matinée calme, c’est près de 400 obus qui bombardent les français, et de nombreuses fermes qui sont incendiées les unes après les autres. La nuit suivante, les allemands tentent à nouveau de cisailler les fils de fer mais sont accueillis par les tirs français. Les attaques et survols vont durer plusieurs jours.
Début mars, la neige est à nouveau très pressante, obligeant de déblayer les tranchées plusieurs fois par jour. Le ravitaillement est lui aussi très pénible. Les traineaux ne peuvent plus être utilisés et les chargements sont placés sur des mulets.
Fin mars 1915, les 5 ème et 6 ème bataillons du 229 ème RI se rendent vers Thann, plus au sud. La période qui suit est qualifiée régulièrement de calme dans les comptes rendus quotidiens, malgré les fusillades et tirs d’obus fréquents.
Le journal de marche du régiment n’existe pas pour la période du 12 aout 1915 au 2 mai 1916. Il est remplacé par un historique succinct de 7 pages.
Jusqu’au 3 novembre 1915, le régiment reste dans le secteur de Thann.
Le 229ème RI est affecté le 5 novembre au Hartmannswillerkopf pour remplacer le 334 ème RI de Mâcon. Sous une neige et un bombardement allemand abondant, les hommes du 229 ème RI effectuent de nombreux travaux.
Le 21 décembre 1915, les français attaquent violemment les allemands et font plus de 1500 prisonniers. Le lendemain, il faut tenir le col coute que coute et c’est au 229 ème RI que revient cette tâche. Il repousse l’ennemi pendant 3 semaines malgré de nombreuses pertes.
C’est à cet endroit que meurt Philippe Gauthey le 10 janvier 1916. Il avait 26 ans.
Il est inhumé à Wattwiller au petit cimetière C de Reignier au nord ouest de la cote 620 dans la tombe 176. Son corps sera ensuite transporté à la nécropole nationale ‘Le Vieil-Armand’, tombe N°1010.
Le journal local évoque sa mémoire en février 1916.
Philippe Gauthey est inscrit au tableau spécial de la médaille militaire à titre posthume et obtient la croix de guerre avec étoile de bronze. L’avis est publié au journal officiel du 10 juin 1921.
« Brave soldat tué le 10 janvier 1916 à l’Hartmannswillerkopf dans l’accomplissement de son devoir. »
Sources: 5E227/12-AD71, PER19-9-AD71, M1710-AD71, 6M 153-AD71, 6M 165-AD71, 1R RM Autun 1910-AD71, Sga 26N 722/1, 26N 722/2, 26N 722/3, 26N 722/4, 26N722/5, Gallica: illustration avion et journal officiel
© 2016 Généalanille Article publié le 10 janvier 2016
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