Philibert Fonterest est né le 14 mars 1758 à Perreux (42), ville limitrophe de Roanne. Sa mère, Claudine Pépin, meurt une année plus tard et son père, Rambert Fonterest, meurt alors qu’il n’a que 9 ans. Il devient orphelin.
Philibert Fonterest est arrêté le 10 mars 1775 avec Pierre Meunier à Essertine en Donzy par les gendarmes de St Martin Lestra (42). Les deux hommes sont accusés d’avoir volé des vêtements à leurs hôtes d’un soir .
Interrogé, Philibert Fonterest, alors âgé de 17 ans, explique qu’il est orphelin originaire de Perreux en Forez et qu’il a habité Charlieu (42) dont il est parti depuis 1 an. Il est mendiant et errant et n’a pas trouvé de travail.
Pierre Meunier, quant à lui, est originaire d’Arfeuilles en Forez (actuellement dans l’Allier), ville qu’il a quittée depuis 1 an. Il a travaillé chez quelques particuliers et a vendangé aux environs de Lyon mais il ne se rappelle pas les noms de ses employeurs. Il ne mendie que quand il ne trouve pas de travaille et toujours seul.
Les chemins des deux hommes se sont croisés 6 jours plus tôt.
Le carême est une période 40 jours qui précèdent Pâques, fête religieuse dont la date est fixée en fonction du calendrier lunaire. En 1775, Pâques est le dimanche 16 avril.
Le carême débute toujours par le mercredi des cendres qui est donc le 1 er mars 1775.
Au début de chaque saison, dans le calendrier liturgique catholique, est fixée la semaine des quatre temps qui correspond à une période de jeûne les mercredis, jeudis et vendredis. Au printemps, la semaine des quatre temps suit le 1 er dimanche du carême. Elle est donc située en 1775 du 6 au 11 mars.
Le « mardi veille des quatre temps dans le carême », Joseph Malliavin, 56 ans, et ses enfants reçoivent sur le soir deux jeunes mendiants qui demandent le gîte .
Un des deux mendiants a déjà été vu plusieurs fois chez lui et il mange ce qu’on lui propose : de la soupe, du lait et du fromage. Le deuxième refuse de manger car il se prétend malade et se tient près du feu son chapeau abattu sur son visage. Après la prière en commun, le malade demande de l’eau dans son pot et souhaite être conduit à l’écurie. Les deux mendiants partent se coucher ainsi que les hôtes, dont le fils Etienne, 32 ans qui a « beaucoup fatigué dans la journée. »
Une demi-heure plus tard, vers 22H, l’un des frères constate que la porte de l’écurie n’est fermée qu’au loquet alors qu’on y met les verrous. Il prévient le reste de la famille et tous constatent que l es mendiants se sont évadés emportant avec eux:
Les habits appartiennent à deux des fils de la famille Malliavin (Etienne et Jean). On retrouve sous un hangar près de la porte d’entrée 2 camisoles tombées dans la fuite.
Il est trop tard pour partir la nuit sur le chemin du Forez. Dès le lendemain, les hommes de la famille partent à la recherche des voleurs.
Etienne (32 ans) et Jean (30 ans) vont chercher du côté des halles d’Aveize alors que Joseph Malliavin (56 ans) et un autre fils également prénommé Joseph (20 ans) prennent la route de Chambon et de St Clément la Plaine. La famille se rejoint à St Laurent de Chamousset.
Le vendredi, ils retrouvent les 2 mendiants qui boivent un verre dans un cabaret de Longessaigne avec 3 autres mendiants. Ils prennent la fuite aussitôt mais sont vite arrêtés par les hôtes.
Sur l’un des mendiants, il est retrouvé un des habits, la paire de guêtre, la camisole blanche et un mouchoir coton bleu et blanc.
Le plus grand dit le Jarand dit alors « vous nous arrêtez mais prenez garde si nous sommes une fois dehors, nous mettrons le feu à votre maison ! » Apprenant que les cavaliers sont à st Martin de Lestra ; la famille Malliavin y conduit les 2 mendiants qui sont emprisonnés sur place avant d’être transférés à Lyon dans une prison appelée St Joseph.
Chacun des fils fait sa déposition pour expliquer ce qui s’est passé. Etienne Malliavin est convaincu que c’est celui qui s’est fait passer malade qui a fait le coup pendant que l’autre faisait le guet et donnait du pain au chien pour l’empêcher d’aboyer.
Les deux mendiants sont interrogés le 20 avril 1775 et fouillés.
Etienne Meunier a une bourse de différentes couleurs en soie contenant 4 livres 3 sols 6 deniers dont une pièce de 3 livres et le reste en monnaie. Il n’a pas volé les effets mais il a acheté la veste qui a été saisie par les cavaliers un prix de 3 livres à un homme qu’il ne connaît pas dans un chemin du forez et son collègue Fonteret a acheté le surplus. Il n’a pas menacé la famille Malliavin et n’a jamais été condamné.
Philibert Fonterest a une bourse de peau contenant 10 sols. Outre les affaires déjà citées, il possède un petit « avressac » (havresac) en toile rouge. Il réfute avoir pris 2 habits 3 vestes 1 culotte de peau jaune, un mouchoir de poche et une paire de guêtre mais reconnaît avoir pris un habit sa veste blanche , une paire de guêtre et un mouchoir de coton dans une écurie du fait de leur grande misère
Il nie avoir menacé de mettre le feu mais avoir dit avec son camarade que si on les faisait arrêter ils se seraient fâchés. Il n’a pas été condamné et n’a pas été flétri.
Lors du second interrogatoire du 12 septembre 1775, Philibert Fonterest se rétracte et affirme qu’il n’a pas couché chez Malliavin et qu’il n’a rien volé. Il dit que son camarade a acheté les vêtements et qu’il les avait déjà quand il l’a rencontré 6 jours plus tôt. S’il a avoué dans son premier interrogatoire c’est que les cavaliers lui avaient dit de le faire et que « ça serait plus avantageux pour lui. »
Les deux hommes sont condamnés
Par jugement, Philibert Fonterest est libéré de sa “galère” le 16 septembre 1780. Le bureau des chiourmes du port de Toulon lui signe son congé.
Il refait parler de lui en novembre 1785 quand il s’engage avec le sieur Joyau maréchal des logis au régiment des carabiniers de Lyon et s’enfuit aussitôt avec le prix de son engagement.
Repris de justice, il ressort de prison le 15 décembre 1787 et il retourne dans son pays pour environ 15 jours.
Quand il est arrêté le 17 janvier 1788 par le sieur Burdiat, maréchal des logis au régiment du Roy, recruteur à Villefranche sur Saône, Philibert Fonterest se fait appeler Philibert Pépin et se fait passer pour un ouvrier en soie .
Il affirme qu’il allait dans la Bourgogne quand il a été arrêté. On lui rétorque que ce n’est pas le chemin de Perreux à la Bourgogne de passer par Villefranche sur Saône. Il répond qu’ayant quelques connaissances à Chessy, il a voulu y passer pour y trouver de l’ouvrage mais comme il n’a pas été employé il a continué vers Villefranche où il a été arrêté.
Il est passé par Charnay , Lachassagne et Anse. Il ne se rappelle pas être passé à Lucenay, mais il ne dit pas qu’il n’y est pas passé puisqu’il ne connaît pas parfaitement ce pays là.
Le 25 décembre 1787, le sieur Jean Baptiste Moiroux, granger de Mr de Barmondière à Lucenay ouvre sa porte vers 17H à un quidam qui lui demande la charité. Se disant ouvrier en soie de Lyon, il se fait offrir le souper avec les Moiroux. Mme Antoinette Valencot épouse Moiroux, 54 ans, ne voulait pas le recevoir, mais il parlait bien, à la manière des ouvriers de soie, donc le couple ne s’est pas trop méfié.
L’invité part se coucher vers 21H dans l’écurie au-dessus de laquelle le fils Moiroux a sa chambre.
Vers 22H, le fils, Alexandre, voulant aller s’habiller pour la messe de minuit, se rendit compte qu’on l’avait volé et descendant à l’écurie, il s’aperçut que l’homme s’était enfui par une fenêtre donnant sur une prairie. Il a alors refermé la fenêtre avec une barre en bois.
Il devine que l’homme est monté par une trappe qui donne dans la fenière mitoyenne à la chambre à laquelle il a pu accéder par une simple porte. Le vol était d’autant plus facile qu’il faisait un clair de lune.
Le préjudice s’élève à un habit de Calmonque gris, une matelote et une culote de ratine grise qui contenant 28 livres en argent dans son gousset, une chemise garnie, un chapeau bordé avec un velours noir, une paire de bas de laine noir et une autre paire de culotte drap de Serizy rougeatre. Ledit quidam a laissé un mauvais chapeau.
Philibert Fonterest est arrêté et sa fausse identité est démasquée . Il est formellement reconnu par le fils et la mère Moiroux et porte sur lui les vêtements volés.
Interrogé, il nie avoir volé les vêtements qu’on lui présente mais les reconnaît comme ceux qu’il a achetés : la culotte et le gilet entre l’hôpital et St Symphorien sur la grande route de Lyon à un particulier à lui inconnu qui était ouvrier en soie. Le chapeau, il l’a acheté à Roanne chez un chapelier près de la grande église en allant aux prisons. Il l’a payé 46 sols et le gilet et la culotte 10 livres 10 sols. D’ailleurs le 25 décembre il était chez lui et il n’est sorti que le 5 de ce mois de janvier.
Philibert Fonterest est condamné à
Les habits sont restitués à Alexandre Moiroux et le jugement est affiché à Lyon, à Lucenay, à Perreux et partout « où besoin sera. »
Les galères ont été supprimées et rattachées au corps de la Marine par ordonnance du roi du 27 septembre 1748. Les condamnés à la galère, comme Philibert Fonterest, ont été condamnés aux fers et affectés au bagne portuaire de Toulon.
Sources : 1miec 171X3-AD42, 7B73-AD69, 7B90-AD69, site http://palluy.fr/, Dictionnaire universel de commerce, d’histoire naturelle et des arts et métiers 1760, Jean Michel Girardot, Gallica.bnf.fr
© 2015 Généalanille Article publié le 20 octobre 2015
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