Le cirque Maccaddon à Autun

 L’empereur des imprésarios américains bientôt dans cette ville.

Ancien directeur des cirques Barnum et Bailey (et selon un journaliste beau-frère de Mr Bailey), Joseph Mac Caddon ou Maccaddon crée sa propre structure au printemps 1905 et embarque à New York les 22 et 23 mars 1905 en direction du vieux continent et plus particulièrement de la France.

Maccaddon retrouve le gigantisme de Barnum :

  • un personnel de plus de 800 hommes, femmes et enfants , tous en uniformes et priés d’être polis sous réserve de renvoi immédiat. Parmi eux, sont réunis un médecin, un vétérinaire, un ingénieur chef, deux ingénieurs adjoints, un ingénieur chargé de la surveillance des transports par voie ferrée, et plusieurs agents de la police secrète (contre les pickpockets) ;
  • 76 wagons de chemins de fer formant 3 trains spéciaux tirés par 6 puissantes locomotives ;
  • l’éclairage de l’ensemble du cirque par l’ électricité , autoproduit par le cirque ;
  • 12 tentes colossales et imperméables, reliées entre elles par des galeries couvertes.

Toutes les tentes ont une fonction propre : atelier de réparation, bureaux d’administration ou réservés pour les services de presse, vestiaire et loges d’artistes, écurie à chevaux, ménagerie, salle à manger, galerie d’exhibition des phénomènes et pour la plus grande de 200 mètres de long une salle de spectacle de 12 000 places, composée d’un hippodrome ovale qui entoure des doubles manèges.

Le cirque Maccaddon se veut être le cirque de luxe de l’univers et précise que les spectateurs ont des fauteuils séparés (pour les places à 5 francs) et qu’ils peuvent louer des loges particulières. A Autun, l’article de presse parle de gradins tout en précisant que « toutes les places sont bonnes, même les moins chères. »

A l’instar de Barnum , la publicité pour le cirque fleurit dans les journaux une quinzaine de jours avant l’arrivée de celui-ci. Les articles sont tout droit sortis du service presse de Maccaddon et citent les chiffres gigantesques évoqués ci-dessus. Le cirque est attendu en ville d’Autun pour le 14 juin 1905.

Plusieurs points sont différents de la méthode Barnum, là où les billets ne pouvaient être achetés que le jour même quelques heures avant les représentations, Maccaddon propose  des points de vente ouverts dès le matin. Pour Autun, la maison Nourry, 17 bis avenue de la gare , assure ce rôle dès 9H pour les places à 4 et 5 francs. Les enfants de moins de 10 enfants ont également droit à une réduction s’ils ne sont pas aux places les moins chères.

 Maccaddon met en avant ses artistes femmes et évoque ses « freaks », monstres humains, dans son « musée géant des phénomènes humains contenant toutes les anomalies de la nature. »

Le programme prévoit également une promenade par musique militaire et un concert. On aperçoit sur l’affiche les « zouaves escaladeurs de remparts. »

L’accent est mis sur toutes les races les plus rares et les plus curieuses des cinq continents avec tous leurs clichés : bédouins, nègres, peaux rouges, cosaques, japonais, vaqueros, cannibales et persans constellés de pierreries.  Par ailleurs, une grande place est laissée aux clowns qui ont droit à une annonce spéciale dans les articles de journaux.

La présence de Buffalo Bill sur le territoire français depuis le mois d’avril 1905 se fait ressentir : Maccaddon propose un « buckskin Bill’s Wild West » dont la consonance est proche du « Buffalo Bill’s Wild West » du colonel Cody.

 Malheureusement pour Maccaddon, le succès n’est pas au rendez-vous . Pas d’incident majeur à Autun, mais les dates entre les villes semblent être espacées et les accidents ou problèmes s’enchainent.

« La troupe se promena au hasard d’une ville à l’autre et vint s’échouer à Vendôme  » (le 25 juin 1905)  « où Maccadon laissa sa ménagerie ne gardant avec lui que le strict nécessaire, parti pour l’Auvergne jouant ici ou là sans grand succès. »

A Belley (01) le 31 juillet, une rixe eut lieu entre les américains et les français qui composaient la troupe. Une vingtaine de ces derniers durent être soignés à l’hôpital.

Le cirque continua sa route vers Grenoble en passant par Aix les Bains et Vizille et la presse diffusa le lendemain de leur arrivée l’annonce de la déclaration de faillite par le tribunal de commerce de Grenoble le 7 aout 1905 .

Le cirque, dont le personnel n’était pas payé depuis Vendôme quitta l’esplanade pour aller se placer derrière les abattoirs municipaux. Le passif était évalué à 150 000 francs dont l’imprimerie de Grenoble et l’imprimerie Delaroche et Compagnie à Lyon. L’actif est composé du matériel de Vendôme, de Grenoble mais aussi d’une partie laissée à Lille (première étape de la tournée du cirque).

Les indiens du far west ont pu être rapatriés via Cherbourg sur un paquebot de la compagnie transatlantic grâce aux sommes réunies par les indiens de l’équipe de Buffalo Bill.

La vente aux enchères a eu lieu le 7 septembre 1905 à Grenoble où des entrepreneurs de transport locaux et des directeurs de cirque étaient présents : Pinder, Bostock, Cognac et un commanditaire de Buffalo Bill alors à Lyon. Deux séances de mise aux enchères ont rapporté 65 000 francs dont 4 jeunes éléphants achetés 12000 francs par Pinder et 3 petits singes 30 francs. La ménagerie restée à Vendôme a été mise aux enchères le 8 septembre 1905.

Sources :

Est Républicain 1902 via le kiosque lorrain, FRB301896101_N4_NJ_1905- BM Nîmes, PR60/8-AD71, PR97/39-AD71, site circushistory.org, Gallica : Arcachon journal, Le figaro, Le radical, la lanterne, le matin.

 © 2014 Généalanille Article publié le 11 décembre 2014

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