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L’hommage à Bulliot sur le Mont Beuvray

Le Mont Beuvray est une colline du Morvan située sur les communes de St Léger sous Beuvray (71), Glux en Glenne (58) et Larochemilay (58). Il est le lieu présumé de Bibracte, la capitale des Eduens. Ce sont principalement les fouilles archéologiquement initiées à partir de 1860 par Jacques Gabriel Bulliot, un archéologue autunois, qui ont permis de redécouvrir ce site.

La croix du Mont Beuvray

Alors que l’ancienne croix a été mise à terre par les vents et les orages plusieurs années auparavant, il est proposé en juin 1851 au congrès archéologique de Nevers d’ériger une nouvelle croix de St Martin sur le Mont Beuvray. Cette demande est faite par Jacques Gabriel Bulliot , dont le mémoire est lu à l’assistance d’érudits par l’abbé Devoucoux (l’auteur étant trop fatigué pour le faire lui même).

Terminée le 4 septembre 1851, la croix est bénie le 10 septembre 1851   au matin en présence de nombreux hommes, femmes et enfant venus “par tous les sentiers qui conduisent au sommet chenu de la montagne” ainsi que du maire de St Léger sous Beuvray, propriétaire du terrain. C’est Monseigneur Landriot , chanoine de la Cathédrale d’Autun et ami de Gabriel Bulliot, qui prononce la bénédiction en présence de nombreux prêtres.

De forme trapue, la croix mesure 1,10m sur les 3,82m du monument. Elle est composée de 4 pierres et représente St Martin partageant son manteau avec un pauvre . Elle porte plusieurs mentions: une en l’hommage du passage de St Martin en 376, une du congrès archéologique et une rappelant que la croix est érigée sur un oratoire dédié à St Martin.

Le lieu a été successivement: un temple romain, une chapelle bâtie par St Martin rasée en 1570 par les soldats de Coligny, une autre chapelle écroulée à la révolution, puis une croix remplacée en 1851.

Voir la biographie de Gabriel Bulliot et ses travaux sur St Martin.

 

 La Chapelle du Mont Beuvray

A partir de 1869, Gabriel Bulliot évoque à son ami Mgr Landriot, alors évêque de Reims, le désir de rebâtir la chapelle de 8,20m sur 4m de large située quelques mètre derrière la croix et qui est, elle aussi, dédiée à St Martin. Dans le contexte de la guerre de 1870, le projet est reporté. Le 7 aout 1873, la première pierre est posée par Mgr Landriot et en 1874, Gabriel Bulliot obtient 100 francs de la société Nivernaise pour financer la chapelle. Quelques mois plus tard, Mgr Landriot meurt, il ne pourra donc pas tenir sa promesse de bénir l’ouvrage terminé.

C’est finalement le Cardinal Perraud, nommé à l’évêché d’Autun en janvier 1874 qui prononcera le discours de bénédiction de la chapelle le samedi 9 septembre 1876. Autun reçoit justement le congrès scientifique de France (entre le 4 et le 13 septembre) et c’est l’occasion pour les érudits de bénéficier d’une visite des lieux dirigée par l’archéologue Bulliot. Ce dernier, qui a été fait chevalier de la légion d’honneur quelques mois plus tôt, profite du congrès pour publier un ouvrage sur l’oppidum de Bibracte.

Les journaux relatent peu la bénédiction de la chapelle et lui préfèrent la messe militaire qui a eu lieu le dimanche précédent au Mont Beuvray.

Voir la suite de la biographie de Gabriel Bulliot et ses travaux sur le mont Beuvray


Le buste et le monument Bulliot

Gabriel Bulliot décéde en janvier 1902. Quelques mois plus tard, la société Eduenne fait construire en sa mémoire, grâce à une souscription publique, un cippe massif quadrangulaire en granit d’Etang (sur Arroux) avec un couronnement pyramidal imbriqué en forme de toiture. Sur les 4 pans du monuments ont été installées des plaques en marbre blanc qui comportent:

Le monument mesure 4,70 mètres et a été réalisé par l’architecte autunois Roidot Houdaille. L’inauguration a lieu le dimanche 20 septembre 1903.

La veille, la société Eduenne s’est réunie à 14H sous une tente dans la cour de l’hôtel Rolin à Autun en présence du Cardinal Perraud (évêque du diocèse), d’Héron de Villefosse (illustre archéologue), du Dr Gillot (qui remplace le président de la société Eduenne Anatole de Charmasse), du député maire Germain Perier et de Joseph Déchelette, neveu de la femme de Gabriel Bulliot qui assurera la suite des fouilles sur le mont Beuvray.  A 15H, une réplique en bronze du buste de Gabriel Bulliot, réalisée par Pierre Etienne Gabriel Campagne, et offerte par les celtisans et bretons de Paris, est inaugurée dans le square qui borde l’hôtel Rolin. Posé sur un socle en granit et un piédestal en marbre, l’ensemble restera à cet endroit jusqu’en 1996, date de son transfert dans la cour.

Le dimanche 20 septembre 1903, à partir de 7H du matin, une file de voitures descend l’avenue de la gare à Autun pour prendre le chemin du Mont Beuvray. Elle est rejointe par d’autres autos et des bicyclettes pour parcourir 25 km de route avant d’être obligés de stopper les machines et de mettre pied à terre. La foule afflue par le poirier au chien, la croix du Rebout (venant de St Léger sous Beuvray) et de l’échenaut (venant de Glux en Glenne) et la montagne est prise d’assaut par “ceux arrivés par les bois frais et les autres par les pentes pleins de sueur.” A 10H45, une messe est donnée dans la petite chapelle évoquée plus haut, puis vient l’heure de l’inauguration du monument.

A midi, un banquet est organisé sous une tente ouverte du côté du plateau. Il a été préparé par deux maitres d’hôtel de St Léger sous Beuvray. Après le repas, une visite de l’oppidum est organisée par Joseph Déchelette, précédé par un ménétrier et sa vielle. Cette visite emmènera les scientifiques et savants jusqu’au Teureau de la Wivre et à la pierre Salée avant d’entrer dans la maison où Bulliot résidait pendant ses campagnes de fouilles “avec sur les murs des graffitis au charbon de bois.”

La foule a continué de faire la fête jusqu’à 17H où tous ont repris le chemin du retour. Dans la 3ème série de cartes postales sur St Léger sous Beuvray, les cartes 8, 9 et 10 retracent cette inauguration.

Voir la fin de la carrière de Gabriel Bulliot

Jacques Gabriel Bulliot et ses travaux sur St Martin

Jacques Gabriel Bulliot est né le 20 janvier 1817, Rue Ste Christophe à Autun. Son père, Jean Marie Buillot est marchand de vins à Autun, marié à Marie Grenot, originaire de Couches. Il est le seul fils et le cadet des enfants du couple, et, selon son propre témoignage, il était très turbulent.

Il entre au collège d’Autun en 1826 où il est très bon élève et obtient son bac en 1835 . Il exerce le même métier que son père, mais en parallèle des achats, ventes et expéditions de vin, il devient poète jusqu’en 1845 et ses écrits sont publiés dans le journal local “l’Eduen.” 32 articles historiques seront publiés dans le même journal entre 1840 et 1843.

En juillet 1841, il est commissaire pour recenser la population de la section du champ de Mars et de la Terrasse. Le 5 aout 1841, il entre à la société Eduenne dont il deviendra président en 1860 après la mort de Joseph de Fontenay et dont il sera membre perpétuel par décision du 6 février 1886.

En 1843, il publie une Notice sur l’abbaye Saint Martin près Autun . Fervent catholique, il est un des probables fondateurs de la Conférence de St Vincent de Paul de la ville d’Autun, vouée à aider les pauvres, puis à mettre en place un asile agricole.  Le nom de Buillot apparait dans les PV de séances de la société dès le 19 avril 1845 (créée un mois plus tôt).

En 1846, la société Française pour la conservation des monuments historiques organise son 13ème congrès à Autun . Gabriel Bulliot participe à celui ci en présentant ses travaux sur l’abbaye St Martin et son destin va basculer dans une nouvelle voie.

Il est élu conseiller municipal d’Autun en juillet 1848. Il restera à ce poste jusqu’à son retrait volontaire en octobre 1860.

Début 1849, il publie en deux tomes son Essai historique sur l’abbaye St Martin d’Autun .

Gabriel Bulliot s e marie en 1849 à Sarry (Brionnais) avec Marie Despierres et aura 5 enfants.

En 1851, quelques mois après la naissance de son premier enfant Jean, il assiste à l’inauguration de la croix commémorant le passage de l’évêque St Martin sur le Mont Beuvray.

Jacques Gabriel Bulliot et ses travaux sur Bibracte

Présent à la société Eduenne depuis 1841, il publie à partir de 1853 plusieurs articles dans ses Mémoires. Il continue le commerce du vin qui lui permet d’apprendre à connaitre les moindres recoins du Morvan et note consciencieusement tous les vestiges antiques qu’il croise.

Il participe en 1854 au congrès de Moulins où il évoque le plan général du système de défense à l’époque romain.

Deux ans plus tard, en 1856 , il publie un essai sur le système de défense à l’époque romain en pays éduen entre la Saône et la Loire où il ose affirmer pour la première fois que le Mont Beuvray et Bibracte ne font qu’un . Bibracte était la capitale des Eduens, peuple celte de la gaule Romaine qui finit par se rallier à Vercingétorix en 52 avant Jésus Christ.

Il n’est pas le premier a avoir constaté l’importance. Il faut noter que le curé de St Léger sous Beuvray décrivait dans sa lettre de 1726 la présence de richesses à peines enterrées sur le Mont Beuvrect.

 

Gabriel Bulliot multiplie ses articles dans diverses sociétés et devient en 1861, après la mort de son prédécesseur et un an d’interrègne,  président de la société Eduenne.  Il devient l’un des fondateurs du musée lapidaire d’Autun en aout 1861.

En 1863, sa mère décède, c’est dans cette période qu’il attaque les fouilles au Mont Beuvray. En juillet 1868, il se retire de son activité de marchand de vins pour se consacrer exclusivement à l’archéologie . Il construit de ses mains un ermitage couvert en chaume au sommet du Mont pour l’accueillir lui et les ouvriers travaillant aux fouilles. La guerre de 1870 interrompt pendant 5 ans les travaux. Cependant Gabriel Bulliot continue ses recherches dès 1872. En mai 1876, il reçoit l’insigne de Chevalier de la légion d’honneur par les mains du ministre de l’instruction publique, quelques mois plus tard, la chapelle est bénie.

Jacques Gabriel Bulliot et sa fin de carrière

En 1877, il aide la société Eduenne à devenir propriétaire de l’hôtel Rolin après son classement comme monument historique, bâtiment où avait séjourné Nicolas Rolin et qui aurait du disparaitre.

Le 14 juillet 1878, son fils Jean est ordonné prêtre à Belley (01). Il exercera successivement à Agen et Moulins avant d’arriver à Paris en 1888 dans l’institut catholique.

La femme de Gabriel Bulliot décède en 1885 à Autun à 57 ans et il devient en février 1886 membre à perpétuité de la société Eduenne. Les fouilles continuent sur le mont Beuvray et Gabriel Bulliot publiera l’ensemble de ses rapports sur le sujet en 1899 alors qu’il est malade depuis avril 1896.

En mai 1900, lors du 21ème pardon de la société celtique et de son diner à Paris, il est honoré comme doyen des celtisans et une souscription est organisée pour faire réaliser son buste. En décembre 1900, il devient correspondant de l’académie.

Sa dernière visite sur le mont Beuvray a lieu le 21 aout 1901, il meurt le 11 janvier 1902 à 84 ans.Sa tombe est au cimetière d’Autun.

Son fils, l’abbé Jean, devient membre de la société Eduenne d’Autun le 27 février 1902. Un an plus tard, alors que son père est sur le point d’être célébré au Beuvray, il est condamné à 1 mois de prison par le tribunal de la Seine pour avoir brisé les scellés sur les portes de sa congrégation. Il est emprisonné à Fresnes sous le numéro 107.

Joseph Déchelette, qualifié de son neveu, alors qu’il est en fait le neveu de la femme de Bulliot, reprendra les travaux de fouilles sur le Mont Beuvray avant de trouver la mort au front le 4 octobre 1914. Le mont Beuvray ne sera plus fouillé avant 1984, date à laquelle le site est  classé aux monuments historiques.

Une table d’orientation a porté les mentions “Touring Club” “Parc National du Morvan ” 1978. Une plaque commémorant la proclamation du lieu comme site national lui a été adjointe en 1985, année de l’ inauguration du site archéologique.

  

Sources:

Le mont Beuvray et la Croix de St Martin numérisé par Google Books, 5E14/70-73-AD71, 5E14/182-AD71, 5E14/188-AD71, 5E14/201-AD71, 5E14/213-AD71, 5E14/215-AD71,5E14/221-AD71, 5E14/254-AD71, 5E14/290-AD71, 5E14/341-AD71, 5E500/6-AD71, documents numérisés par gallica: Congrès Archéologique de France, le magasin pittoresque, Mémoires de la Société éduenne des lettres, sciences et arts, Bulletins et mémoires de la Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire, Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, Congrès scientifique de France, Bulletin de la société Nivernaise, journal Le Temps.
projet gutenberg: l’oppidum de Bibracte, LH/392/95 -base Léonore, journal de Saone et Loire, base Monumen, sga mémoire des hommes, La semaine religieuse d’Autun (collection personnelle), site petit-patrimoine.com pour les photos des plaques du monument Bulliot, Journaux Le journal de la Nièvre, le Journal du Morvan numérisés par les AD58
Photo de la Croix et la chapelle par Moreau.henri sous licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 via Wikimedia Commons.

© 2014 Généalanille Article publié le 19 aout 2014

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