Elle n’était pas encore une femme mais juste une petite fille née à Rodez. Embarquée pour Auschwitz, elle meurt en déportation à 2 ans.
Le
convoi N°74
du 20 mai 1944 part de Drancy pour
Auschwitz.
A l’intérieur 1200 personnes dont Noélie Rizikas, son père Rachmilis et sa mère Elisabeth née Courlander. Le convoi atteint le camp 3 jours plus tard. Les trois membres de la famille meurent gazés le 25 mai 1944.
Par arrêté du 31 juillet 1997, leur acte de décès porte la mention « mort en déportation » créée en 1985.
Depuis 2009, chaque année, une commémoration a lieu à Rodez devant les anciennes casernes Burloup en hommage aux 38 juifs (dont la famille Rizikas) raflés le 22 avril 1944.
La rafle a lieu le 22 avril 1944 à Rodez au matin. Le journal n’est parle pas. La main courante du commissariat de police non plus. Il y a eu quelques coups de feu dans la nuit précédente vers la caserne occupée par les allemands, mais en cette journée du 22 avril, c’est RAS pour la surveillance de la ville.
C’est la Gestapo qui s’est chargé de l’arrestation. 38 juifs sont enfermés dans les caves de la caserne Burloup. Ils seront ensuite rassemblés à Montpellier. Parmi eux, 7 enfants dont certains survivront.
Après Montpellier, c’est au camp de Drancy qu’ils seront rassemblés avant le départ pour la Pologne. Noélie Rizikas, 2 ans, porte le matricule d’internement N°21362
Rachmilis Rizikas est né le 15 mai 1889 à Kovno en Lituanie. Il a un fils, Israël, né au même lieu en 1922. Les deux hommes sont à Paris quand ils sont naturalisés français (décret du 15 mai 1933)
Rachmilis se remarie le 26 aout 1941 à Marseille avec Elisabeth Courlander née le 23 juillet 1905 à Bordeaux.
Il est voyageur magasinier. Elle est sans profession.
Rachmilis est employé à la maison Sufrip dont le siège social est à Graulhet dans le Tarn.
Le couple arrive à Rodez en octobre 1941, venant de Marseille et s’installe sur « le tour de ville » au 6 boulevard Belle Isle. Ils vivent de leurs revenus, n’ont pas de parents connus et surtout ils ne font pas l’objet de remarque défavorable.
7 mois après le mariage nait une petite fille qu’ils prénomment Noélie. Sa naissance n’est pas annoncée dans le carnet blanc du journal local. Son père va la déclarer à la mairie le lendemain de la naissance.
Rachmilis a 53 ans. Il est trop vieux donc, pour apparaitre dans les recensements pour le travail obligatoire. Elisabeth a 37 ans.
Ils sont français et n’apparaissent pas sur les listes de naturalisations à réviser de la fin d’année 1941. Seulement ils sont juifs. Juifs français, mais juifs. Le dossier de la police de Rodez les recensent comme tel. Ce dossier a été constitué après février 1942 car Noélie y est présente. Par contre, pas de mention du fils ainé Israël.
Le 22 avril 1944, la Gestapo vient taper à la porte. La famille Rizikas est raflée et vous connaissez déjà la suite.
Le fils ainé, Israël, a t’il connu le destin de sa famille ? Il décède en 2007 en région parisienne. Il n'apparait pas dans les listes de rafles, ni de déportation…
Où était-il ? En retraçant un petit bout de son parcours, on le voit comme évacué de Paris du 30 Rue Pixérécourt le 20 mai 1940, alors qu'il est étudiant au lycée Voltaire. Vers où part-il? Marseille comme son père? Ailleurs?
On retrouve sa trace à Rodez (!) sous le prénom de Serge. Il arrive le 24 octobre 1944 et est domicilié au 56 Rue de l’Embergue. Il quittera l'Aveyron après la fin de la guerre. En attendant, il donne quelques cours mais les 5 ou 600 francs qu'il gagne ne sont pas suffisants pour assumer ses frais, alors il demande de l'aide financière. Celle ci lui sera accordée… et dans le dossier il est précisé que ses parents sont "déportés".
Alors oui, il savait, peut-être pas tout, mais il savait.
N'oublions jamais.
© 2021 Généalanille
Article publié le 30 novembre 2021
Cet article a été réalisé dans le cadre du challenge UproG de novembre 2021 sur le thème imposé "une femme morte en déportation."
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