Juin 1904, en quelques heures, deux quartiers de Bourbon Lancy (71) sont inondés par un petit ruisseau transformé en torrent. Ces inondations font d’énormes dégâts matériels.
Il est 16h environ, le mercredi 7 juin 1904 quand une pluie diluvienne accompagnée d’orages s’abat sur la région bourbonnaise et le sud Morvan. Des routes sont coupées dans la Nièvre comme dans la Saône et Loire, les voies de chemins de fer du secteur sont ravinées, un pont entre St Aubin sur Loire et Bourbon Lancy a même été enlevé par les eaux.
Les villages de Chalmoux, Mont, Lesme, Mont, Rémilly et Luzy sont éprouvés par les événements climatiques. Les ruisseaux ont quitté leur lit à plusieurs endroits, causant de graves préjudices aux foins. A Grury, le meunier Cheuret voulant lever les vannes de l’étang de Montperroux pour éviter que la chaussée ne soit inondée a été projeté 5 mètres en contrebas après la rupture de la passerelle sur laquelle il se trouvait avec son domestique.
C’est à St Léger et en Borne, deux quartiers de Bourbon Lancy, que l’orage fait le plus de ravages.
Le ruisseau qui les arrose, le Borne, après s’être chargé d’eaux boueuses s’est transformé en véritable torrent.
Les lieux sont rapidement dévastés : les rues sont transformées en torrent, les arbres sont brisés et déracinés, l’eau envahit les places, détruit les ponts, le bétail est entrainé hors des étables, les habitants tentent de se réfugier à l’étage des maisons.
Au Borne , outre les routes détruites et les jardins ravinés, certaines maisons se sont effondrées. Les familles Roux, Patris et Verret sont sauvées avec des cordes et Mme Lorisson qui s’est réfugiée sur son toit avec ses enfants est libérée par de braves citoyens après de nombreux appels au secours.
A St Léger , les baigneurs et curistes sont déjà nombreux à l’établissement thermal. Ils tentent eux aussi de se réfugier à l’étage des maisons ou des hôtels. « La cour des bains n’était plus qu’un immense lac où l’eau tourbillonnait et s’engouffrait avec des remous horribles. »
Les secours sont rapidement organisés notamment par le lieutenant des sapeurs-pompiers , Guillaume Lachouette, 48 ans.
Certains courageux bourbonniens se distinguent pour aider les victimes : le docteur Pain, le garde champêtre Louis Marion, le tailleur Jacques Vacher, le jeune plâtrier de 17 ans Edmond Bouillet, l’instituteur Lagarde … Ils utilisent des cordes, des échelles, mais également des bateaux.
La pluie dure deux heures et puis l’eau se retire peu à peu. Le déblaiement peut commencer vers 19H30. Contrairement aux événements survenus à Mamers (72) le même jour, aucune victime n’est à déplorer. Mais les dégâts matériels sont conséquents.
A Bourbon Lancy, l’hôtel Marion a particulièrement souffert : les meubles du rez de chaussée sont complètement détériorés. Au Grand hôtel, ce sont les chambres du 1er étage qui sont inondées . L’eau dans le quartier de St Léger est montée jusqu’à 3 mètres.
Les sans-logis sont logés pour la nuit et les travaux de nettoyage et de déblaiement vont durer plusieurs jours. Le spectacle est désastreux : la place St Léger est couverte de cailloux et de débris de toutes sortes. Une maison appartenant à l’hospice d’Aligre menace ruine.
Mr Mitaine, premier adjoint, remplace le maire absent (parti aux eaux d’Evian) et prend les dispositions nécessaires pour rétablir la circulation. D’ailleurs, 50 sapeurs du génie de Grenoble sont appelés pour les réparations les plus urgentes (ponts, routes, …)
Une souscription est organisée pour venir en aide aux sinistrés. Des budgets sont votés lors d’une réunion de conseil extraordinaire et un budget exceptionnel de 50 000 francs est accordé par la chambre des députés dès le 22 juin.
Les dégâts sont évalués à 60 000 francs dont 30 000 pour l’établissement thermal. Ce dernier ne tarde pas à rouvrir ses portes. Dès le vendredi matin, le service des eaux est rouvert et il faut oublier les sinistres survenus dans la cour des bains : les rochers du côté droit éboulés sur la toiture de la Source de la Reine.
Comme ils ont dû avoir peur ces habitants quand le 18 juin au soir un nouvel orage a éclaté sur Bourbon Lancy entre minuit et une heure du matin. A nouveau, des arbustes ont été déracinés, des branches ont été brisées, des toitures ont été arrachées, des cheminées ont été renversées.
C’est cette fois ci au quartier St Denis que la foudre est tombée sur une maison, mettant le feu dans le grenier de la famille Bourgeois qui dormait.
Les ouvriers occupés à la réfection de la place st Léger ont trouvé sur l’emplacement d’une ancienne fontaine un coffret en plomb scellé dans une pierre et une bouteille contenant un parchemin.
Le coffret renfermait des monnaies anciennes et sur le parchemin étaient écrits les noms du maire et des conseillers municipaux de l’époque où fut posée la première pierre de l’ancienne fontaine.
Les eaux ont également ramené à la surface du sol des ossements humains à l’époque où st Léger étaient occupé par un couvent entouré de son cimetière.
Vingt trois hommes seront récompensés pour leur acte de dévouement pendant la soirée du 7 juin 1904.
Médaille de Bronze
Mention honorable
Lettres de félicitations
Les inondations de 1904 ne resteront qu’un vague souvenir….
…. jusqu’à juillet 2007 où le quartier thermal a subi une nouvelle fois le débordement du borne et l’invasion dans le camping, les locaux et les hôtels jusqu’à 80cm voire 1m selon les endroits.
Sources: PR2/28-AD71, PR56/75-AD71, PR97/34-AD71, PR61/5/AD71, PR34/12-AD71, 6M1901-AD71, M631 bis –AD71, annuaire de Saône et Loire-AD71, O206-AD71, 3mi184-AD58, Gallica: Journal officiel
© 2015 Généalanille Article publié le 9 décembre 2015
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