C’est Alexis de Jussieu , ancien préfet et ancien directeur de police qui proposa en janvier 1862 de faire ériger à Lyon une statue à la mémoire d’André Marie Ampère, physicien lyonnais et inventeur, entre autres, du télégraphe électrique.
Quelques mois plus tard, la commission chargée de l’étude de ce projet proposa que la statue soit installée à l’entrée des Facultés ou sur une place publique et communiqua cette demande au sénateur, Mr Vaïsse, puisque le lieu relevait de la ville de Lyon. Le projet est ajourné pour des questions de budget jusqu’en 1866 où le successeur de Mr Vaïsse, Mr Chevreau, propose que le financement du projet soit effectué par le biais d’une souscription auprès de la population.
Un des héritiers du physicien dans la même période (1866) confia à l’académie la gestion d’un prix Ampère-Chevreux
« Ce prix est d’une somme annuelle de 1800 francs. Il est décerné tous les trois ans et pour trois années consécutives, à un jeune homme peu favorisé des dons de la fortune, né dans le département du Rhône, ayant donné des preuves d’aptitude pour les lettres, les sciences, ou les beaux-arts, et il doit lui servir à perfectionner ses études ou à poursuivre le cours de ses travaux. Les candidats doivent avoir dix-sept ans au moins et vingt-trois ans au plus. En aucun cas le prix ne peut être divisé. »
Cette récompense fait abandonner l’idée de souscription et relance les demandes auprès de la ville de Lyon de manière régulière jusqu’en 1869, période où le corps d’André Marie Ampère est rapatrié du cimetière de Marseille à celui de Montmartre. Avec l’arrivée de la guerre de 1870, l’académie stoppe ses demandes et il faut attendre 10 ans plus tard pour que le projet soit débattu et accepté.
Le projet par l’équipe du conseil municipal de Lyon lors de la session du 17 novembre 1879. La délibération du changement de nom du lycée de Lyon en « Lycée Ampère », proposée le même jour, est reportée.
Le 22 avril 1880, 3 lieux sont étudiés par le conseil municipal :
– la place Sathonay où siège la statue Jacquard qui pourrait être transférée sur une des places de la Croix Rousse ;
– la place Henri IV qui doit être débarrassée de ses boutiques actuelles grâce à la construction d’un marché couvert (rue Henri IV, Bourgelat et Francklin)
– la place Grôlier dont la fontaine en ruine ne semble pas prête à être restaurée.
C’est cette dernière qui est choisie, mais Mr Aynard conteste ce choix et une deuxième délibération permet de fixer définitivement le lieu de la statue sur la place Henri IV qui prend le nom de place Ampère . La place Grôlier deviendra la place Gailleton.
Un projet de concours est proposé dès la semaine suivante et indique que la statue devra être coulée en bronze, de 3m de hauteur, placée sur un piédestal en pierre ou en marbre (qui pourra être orné d’emblèmes, inscriptions ou ornements allégoriques) et représentant Ampère debout ou assis. Le programme est débattu au conseil municipal du 29 juillet 1880 avec une modification : la réduction des montants des prix en francs destinés aux concurrents. La restriction à des sculpteurs demeurant ou originaires de Lyon est rejetée pour éviter que d’autres villes n’adoptent la même attitude dans leurs concours.
Douze projets ont été déposés et le 2 mars 1881, le jury décerna le 1 er prix à Charles Textor de Lyon , le deuxième prix à Mrs Degeorge sculpteur et Gaspard André, architecte et le 3 ème prix à Jacques Perrin de Paris.
La statue d’Ampère a été présentée à l’académie le 27 mars 1887 dans l’ancienne église du bon Pasteur. Ayant choisi tout d’abord de sculpter des instruments de mesures et de télégraphie, Charles Textor a finalement opté pour un Ampère assis, en costume Charles X , au regard pensif, tenant dans sa main gauche une tablette et dans la droite une plume.
La statue a également pour auteurs Mr Thiébaut , fondeur et Joseph Dubuisson , architecte qui réalise le piédestal qui se présente sous la forme d’une fontaine avec deux sphynges (animal fantastique à buste de femme et corps de lion ailé) qui crachent de l’eau, oeuvres du décorateur lyonnais Charles Breton .
Charles Textor est né à Lyon le 30 aout 1835 de Joseph Marie Textor né à Paris, vérificateur à l’octroi municipal à Lyon et de Claudine Dufour, épicière Rue Terraille née à Pommiers (Rhône). Il épouse en 1874 à Lyon Marie Sylvie Pelosse, brodeuse de dentelles née à Mardore.
Ancien élève de la martinière et de l’école des Beaux Arts de Lyon, où il obtient un premier prix de sculpture en 1856. Il devient professeur de sculpture à Lyon et membre de l’académie des lettres, sciences et beaux arts de la province.
Il habite 8 bvd Montmartre chez Mr Carpentier à Paris, 52 Rue Bugeaud puis 33 Grande rue de Cuire à Lyon. Il décède à Lyon le 29 septembre 1905.
Outre la statue d’Ampère, Charles Textor a réalisé de nombreuses œuvres dont le lion blessé du monument des enfants du Rhône au parc de la tête d’or, les bustes Joséphin Soulary dans la galerie des lyonnais célèbres, le buste du peintre Berjon, la vierge du fronton de l’église de Bourg en Bresse, la vierge du peuple à Artemare, la statue de St Polycarpe dans l’église de Bully, une descente de croix et une statue de St André chez les ursulines de Trévoux, un buste de Carriat d’après un moulage appartenant au conseil municipal de Bourg…
C’est le président de la république Sadi Carnot qui vient inaugurer de Charles Textor (et lui remettre les palmes académiques). La cérémonie a lieu le 8 octobre 1888 dans la matinée et est ponctuée des discours de Mr Gailleton, maire, Mr Tessier, délégué de l’académie de Lyon et de Mr Corme, délégué pour représenter l’académie des sciences.
Sadi Carnot participe à 15H30 à la pose de la première pierre du monument de la république place Carnot avant de rejoindre à pied la gare de perrache pour rentrer à Paris.
Le 8 mars 1944, la statue est démontée de son piédestal sur ordre des autorités allemandes pour être fondue.
La statue sera finalement stockée dans les entrepôts d’une maison de métaux à Lyon et sauvée de la fonte. Quelques mois plus tard, le 18 février 1945 à 15 heures, la statue est réinstallée et inaugurée à nouveau par le maire Justin Godart en présence de Mr Domenach président de la société des amis d’Ampère, du colonel Bousquet, Mr Allix recteur d’académie et de nombreuses autres notables et promeneurs.
Sources:
archive.org : Mémoires de l’académie des sciences, belles lettres et arts de Lyon 1907; emonument; 2CM036-AM Lyon, 2CM038-AM Lyon, 2CM039-AM Lyon, 2E2011-AM Lyon, 2E312- AM Lyon; PER2176/14-AD69, PER627-AD69, PER513/1-AD69, PER658/1-AD69, BM Lyon : la construction lyonnaise 1880; Gallica: L’illustration dans le monde illustré, L’univers illustré, La Province, Les salons dessins autographes, Journal des débats politiques et littéraires, 28 jours du président de la répubique, Explication des ouvrages de peinture et dessins, Livret explicatif des ouvrages de peinture, Mémoires de l’académie de Lyon 1889; école centrale de Lyon: revue Technica.
© 2014 Généalanille Article publié le 1er novembre 2014
Net'image : pour la sauvegarde et restauration de vos souvenirs (photo, vidéo et audio)
Clic-archives : la solution facile, rapide et transportable pour numériser des documents (utilisatrice depuis 2017)
Buro Club - Rodez : espace de coworking à proximité de Rodez
Liens Directs
Salons virtuels ou "en présentiels", retrouvez ici les affiches où nous pourrons nous retrouver au moment où la manifestation sera confirmée mais aussi des événements proposés par nos partenaires.