Avez-vous un ancêtre pompier ? Outre les célèbres pompiers de Paris, comment et où rechercher cette information ?
Les pompiers sont des hommes qui interviennent en cas d’incendie. Ils sont historiquement, et de préférence, des ouvriers connaissant le bâtiment (charpentiers, couvreurs, maçons, menuisiers, etc.) mais ils peuvent être issus de toute autre profession. L’important est qu’ils sachent « faire la part du feu », c’est à dire déterminer ce qui peut être sauvé des flammes et ce qui ne le sera pas...
Outre les incendies, ils peuvent être appelés exceptionnellement à concourir à un service d’ordre ou de sauvetage (art 1 loi de 1875). A la fin du 19ème siècle, on les appelle, quand cela est possible, pour le service des théâtres, bals, concerts et réunions. Ils peuvent aussi fournir des escortes dans les cérémonies officielles (art 1 loi de 1903).
La notion de secours à la personne, aujourd’hui principale source d’intervention, ne semble apparaitre qu’avec la loi de 1925.
Après la création de la brigade des sapeurs pompiers de Paris en 1811, certaines villes de province vont organiser des groupements de pompiers.
Une circulaire du ministère de l’intérieur de février 1815 permet d’harmoniser la création des corps de pompiers. Les préfets recensent, à cette occasion, les structures existantes, leurs moyens et leur zone d’intervention (parfois 5 communes), mais aussi les villes à équiper de pompiers.
Avec la loi du 22 mars 1831, les communes ont le droit d’utiliser des volontaires locaux de la garde nationale pour lutter contre les incendies.
Les corps de sapeurs pompiers sont alors divisés en deux catégories :
En 1875, soit 4 ans après la suppression de la garde nationale, les corps de sapeurs pompiers sont officiellement réorganisés sous la compétence de la commune. Les communes s’engagent financièrement et les pompiers, eux, s’engagent pour 5 ans. Les officiers sont nommés pour la même durée (puis, plus tard, pour 8 ans).
Avec le décret du 10 novembre 1903, le délai d’engagement des communes est allongé.
Il faut attendre 1925 pour voir l’apparition de l’intercommunalité et 1955 pour la création des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS).
Avant tout, il ne faut pas vous lancer dans une recherche inutile. Alors vérifiez les points suivants.
Un pompier est nécessairement un homme (les femmes volontaires ne sont acceptées qu’en 1976), non privés de ses droits civils et non maire ou adjoint de sa commune (art 8 loi 1875). Il doit par ailleurs être apte physiquement et intellectuellement à intervenir rapidement.
Toutes les communes n’ont pas une caserne de pompiers. Si vos ancêtres sont issus d’une petite commune rurale, il est donc probable qu’ils n’aient pu être volontaires.
Si, à priori, votre ancêtre peut avoir été pompier, il vous faudra un peu de persévérance car, sauf pour des périodes très récentes, il n’y a pas de dossier nominatif par pompier. Il faut donc procéder par thématique.
La réponse est à chercher potentiellement dans les sources suivantes :
- les annuaires administratifs, les annuaires téléphoniques (pour les périodes plus récentes)
- la presse régionale ou nationale,
- les archives communales (déposées ou non aux archives départementales) dont les délibérations de conseil municipal, les budgets, l’achat de pompes ou autres matériels d’incendie, le règlement de corps de pompiers,
- la sous série dédiée aux pompiers dans la série R de vos archives départementales,
- les arrêtés préfectoraux spécifiant la création ou la modification des effectifs dans la série K de vos archives départementales,
- les échanges administratifs entre la préfecture (série M), la sous préfecture (série Z), et la commune (série O).
Vous avez maintenant la liste des principales ressources à utiliser. Un premier conseil ? Pour la caserne, foncez d’abord vers la série R.
Vous l’avez lu plus haut. Il faut qu’il soit un homme, ni maire ni adjoint de sa commune. Il doit habiter la commune (c’est plus facile pour « décaler » rapidement, c’est à dire retirer les cales sous la pompe à incendie) et ne pas être absent de manière régulière et longue (oubliez les ancêtres itinérants).
Par ailleurs, il doit avoir des conditions physiques et mentales suffisantes (oubliez les amputés ou les aliénés).
Enfin avec la réorganisation de 1903, il doit être français (art 8 du titre II).
A quel âge et jusqu’à quel âge peut-il être pompier ? La réponse est ça dépend. Chaque corps de pompier va déterminer dans son règlement les âges « limites ». 18 ans, 25 ans au minimum. 45 ans, 55 ans au maximum. Ces limites sont probablement le reflet du nombre de prétendants à s’engager. Plus il y a des volontaires, plus on peut sélectionner ceux qu’on souhaite venir rejoindre le groupe.
A partir de 1903, l’âge minimum est fixé à 18 ans (avec consentement des parents puisque la majorité est à 21 ans).
Quel métier exerce un pompier ? Le pompier est bénévole, il exerce donc une autre activité pour gagner sa vie. C’est là aussi le règlement qui détermine qui peut s’engager :
-« couvreurs, maçons, charpentiers, menuisiers, serruriers »,
-« des personnes qui connaissent la construction ou la pratique de métiers qui s’exercent sur le cuir, le bois et les métaux »,
-« choisis principalement parmi les anciens officiers et soldats de génie militaire, d’officiers et d’agents des ponts et chaussées, des mines, chemins vicinaux et ouvriers d’arts. »
Cette situation évoluera au début du 20ème siècle. On pourra alors croiser des pompiers avocats ou agriculteurs.
Les gradés sont plus facilement cités dans les documents ou la presse relatant un incendie. Parmi ces hommes, il faut différencier les officiers (capitaine, lieutenant, sous lieutenant, chirurgien aide major) des sous officiers (sergents, caporaux, etc.)
Les sous officiers sont nommés par les hommes du corps. Les officiers sont nommés par décret sur proposition du maire, via le préfet, avec accord du ministère de l’intérieur (ou de l’empereur selon les périodes). Par ailleurs, les officiers prêtent serment, document conservé dans les archives !
Il y a donc plus de chance de retrouver les traces d’un officier que d’un simple pompier (allez jeter un coup d’œil en série K et sur les publications officielles).
La réponse est oui. Mais il faut les trouver. Elles sont généralement constituées lors des créations ou modifications des corps (date variable selon la commune). On les trouve aussi lors des grandes restructurations : 1815 (harmonisation), 1831 (hommes issus de la garde nationale), 1852 (suppression de la garde nationale), 1875 (réorganisation), 1903 (mise en place des engagements), etc.
Entre ces dates, il y a théoriquement une liste « à jour » des hommes composant le corps de pompiers via un registre matricule ou un contrôle de troupes, mais s’il est conservé, c’est plutôt au niveau de la commune qu’il faut chercher.
Par contre, il faut prendre en compte le fait que les pompiers ont été armés jusqu’en 1925. Vous pouvez donc avoir la chance de mettre la main sur un état nominatif des armes et de leur bénéficiaire.
Et si vous cherchiez dans les sociétés de secours mutuels ? Ces associations ont été créées pour aider les pompiers en difficulté. Les « adhérents participants » sont forcément des soldats du feu. Par contre, soyez plus vigilants avec les « adhérents honoraires » qui peuvent n’être que de simples donateurs.
Les pompiers sont courageux et dévoués. Ils sont parfois remerciés chaleureusement par les populations qu'ils ont aidées. Cependant, l'état sait aussi leur rendre hommage par le biais de récompenses honorifiques.. N’oubliez donc pas de rechercher du côté des médailles :
« Le temps des ouvriers qui composent les compagnies étant très précieux pour le soutien de leurs familles et néanmoins l’utilité de l’instruction étant évidente, il est nécessaire de les réunir le plus souvent possible (au moins 1 exercice par mois le 1er dimanche où ils ne pourront être remplacés et leur absence sera consignée). »
Les manœuvres sont prévues une fois par mois, mais gare aux absences qui sont réprimandées et consignées... encore une source à exploiter, si le registre a été conservé.
Précisons ici qu’un pompier peut être exclu de son corps, par exemple pour faute, indiscipline ou condamnation par ailleurs. Il faut chercher les rapports du conseil de discipline (série R) pour connaitre la cause de l’exclusion.
Le pompier peut également quitter le corps par limite d’âge, par maladie ou invalidité, par démission, par absence de renouvellement de son engagement et malheureusement par décès. Ces départs peuvent être consignés dans les archives notamment par le biais de lettres.
Si vous n’avez pas encore trouvé la trace de votre ancêtre, tentez de suivre la piste des incendies, principale activité des pompiers au 19ème siècle. Utilisez alors
- les faits divers dans la presse (incendie, pompier incendiaire)
- les rapports de police ou de gendarmerie (série M)
- les témoignages ou citation dans un jugement (série U)
Le nom de votre ancêtre y sera peut-être cité.
L’acte de décès ne mentionne pas à priori la fonction de pompier car ce n’est pas le métier du défunt.
Les mentions de « morts en service commandé », de « morts au feu » ou de « morts en opération » ne sont pas apposées en marge de l’acte de décès. Cependant, certaines casernes ont une plaque commémorative listant leurs pompiers tragiquement disparus.
A noter que la mention « mort pour le service de la République » a été créée par un amendement voté en 2021. Elle offre une reconnaissance honorifique à des « corps ou entités habituellement exposés à des situations de danger, tels les agents de police, les sapeurs-pompiers professionnels ou volontaires. » Elle permet dorénavant aux orphelins de pompiers de devenir « pupille de la République. »
Vous n’avez pas trouvé. Voici encore quelques pistes
Pour la période post 1940, les archives sont classées en série W. Les mots-clés à rechercher (outre pompier et caserne) sont « lutte contre les incendies de forêts » et « Service départemental d’incendie et de secours. »
Si vous n’avez toujours pas trouvé, vous avez dorénavant de quoi écrire l’histoire de la caserne de votre commune ! Il vous faudra cependant compléter votre recherche avec la connaissance des équipements, des uniformes ou de l'évolution des bâtiments de la caserne...
Cet article est rédigé dans le cadre la participation au salon Gene@Event2021.
© 2021 Généalanille - Article publié le 2 octobre 2021
Avec toute ma reconnaissance et mon admiration pour ces hommes et femmes qui se dévouent pour nous aider et secourir. Une pensée également aux membres de leur famille qui vivent au rythme de ces passionnés.
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