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Il choisit d’être français

Une enfance alsacienne

François Joseph Weber est né le 5 janvier 1861 à Wolxheim (67) d’un autre François Joseph Weber et de Marguerite Welker. Son père décède le 14 avril 1870 quelques mois avant la guerre, et sa mère le 17 mai 1873. Orphelin, c’est sa sœur Catherine, seule fille et l’ainée de la famille (née vers 1843), qui l’élève jusqu’à ses 14 ans. Elle habite toujours le village de Wolxheim et est mariée avec Mr Meyer qui décède avant 1898.

L’ Alsace est annexée depuis 1871, les Weber sont donc devenus allemands et François Joseph est trop jeune en 1872 pour pouvoir opter pour la nationalité française.

 

La famille dispersée

Les frères de François Joseph sont tous plus âgés que lui.

  • Auguste Weber est né vers 1860. Il est boulanger à Strasbourg en 1891 et 1898.
  • Louis Weber est né vers 1857. Incorporé dans la légion étrangère, il réside en Afrique en 1898 mais son domicile précis est inconnu.
  • Charles Weber est né vers 1855. Il a servi la France avec le 90 ème Régiment d’infanterie. Manœuvre à Paris en 1891, il est marié, père de famille et employé à la compagnie des chemins de fer de l’est à Paris en 1898.
  • Ignace Weber est né vers 1844, il a opté pour la nationalité française et est employé à l’hôtel des Iles britanniques à Nice en 1891 et restaurateur à Marseille 8 Rue Dieudé en 1898.

Les saisons sur la côte d’Azur et ailleurs

En octobre 1875, François Joseph Weber quitte l’Alsace et rejoint son frère à Nice. Il va enchainer les saisons.

Il débute sa carrière à l’hôtel des iles britanniques à Nice (10/1875-08/1876) puis à Menton (08/1876-05/1878). Il part travailler en Ecosse à Toward Castle de Mr Finlay (05/1878-01/1879) puis revient à Nice à l’hôtel du littoral (01/1879-06/1879).

A 28 ans, sa carrière subit un coup d’arrêt. Sans emploi régulier, il est logé chez Mr Cauvin 31 Rue Masséna à Nice jusqu’à la fin de l’année.

Il reprend du service à l’hôtel Julien boulevard Carabacel à Nice (12/1879-04/1880) puis à la Villa Polonais à Villefranche sur Mer (05/1880-09/1880).

Deuxième coup d’arrêt, il retourne chez Mr Cauvin à Nice qui habite désormais 2 Rue Croix de Marbre. Il accepte de travailler coute que coute et il est embauché chez Mr Vial, négociant en charbons sur le cours à Nice, puis chez Mr Guillomet propriétaire 13 rue Lamartine à Nice (12/1880-03/1882).

Retour à son métier pour une courte période à l’hôtel Chasse Royale 7 rue de la paix à Nice (03/1882-04/1882) avant de tenter sa chance à Lyon à l’hôtel Collet, 62 rue de la république (04/1882-09-1882).

Une année de galère (09/1882-12/1883) qu’il passe à Marseille , mais il ne peut pas justifier de travail régulier si ce n’est à l’hôtel anglais (10/1883-12/1883). Il est à nouveau sans emploi et retourne à Nice pour habiter chez Mr Cauvin (12/1883-07/1884).

Il décroche un nouveau contrat au Comptoir de l’Opéra à Nice, 2 Rue de l’hôtel de ville (07/1884-11/1884) avant de se retrouver manœuvre chez Mr Pierre voiturier à Nice (11/1884-04/1885).

Nouvel arrêt pendant un mois (05/1885) où il retourne chez Mr Cauvin. C’est l’hôtel de Londres à Monte Carlo qui lui offre sa prochaine place (09/1885-12-1885).

Encore une année de galère passée chez Mr Cauvin à Nice (09/1885-08/1886) avant d’être embauché au Restaurant du Commerce sur le Cours à Nice (08/1886-02/1887). Il retourne chez Mr Cauvin (02/1887-06/1887) puis repart à Monte Carlo. Cette fois, c’est l’hôtel de Nice qui l’emploie (06/1887-08-1887).

De retour à Nice, il travaille à l’hôtel de la Grande Bretagne, place du jardin public (09/1887-05/1888) avant son départ pour la Suisse à l’hôtel National de Lucerne (05/1888-10/1888). Il alterne ces deux places et retravaille à l’hôtel de la Grande Bretagne à Nice (10/1888-04/1889) avant de repartir à l’hôtel National de Lucerne (04/1889-08/1889).

 

La stabilisation à Lyon

Il arrive à Lyon en septembre 1889 et travaille à l’hôtel de la poste, 3 rue de la barre. Il est logé en garni, 23 rue mercière, chez Mme Devillaine (qui part habiter ensuite à Royat).

Etant étranger et suite au décret du 2 octobre 1888, il fait sa déclaration de domicile au commissariat du quartier de la bourse le 2 septembre 1889.

Le 5 novembre 1889, il habite chez Elisa Montgenet 54 rue Tramassac dans le 5 ème arrondissement. Vivant en concubinage, le commissaire la considère comme la maitresse de François Joseph Weber. Elle paye le loyer et possède les meubles du logement.

Marie Elisabeth Liza Montgenet a 10 ans de moins que son ami. Née à l’ Argentière La Bessée (05) le 26 décembre 1851, son père est décédé le 10 avril 1865 à Briançon et sa mère le 18 mars 1884 au même lieu. Elle est ménagère chez Mr Cuzin bandagiste 22 rue Thomassin.

Ne trouvant pas de travail stable, François Joseph Weber repart faire des saisons à deux reprises à Royat (63)  : au grand Hôtel (07/1890-09/1890) et au Splendid Hôtel (05/1891-09-1891). Il y gagne 80 francs par mois et est logé et nourri.

Pendant la saison d’hiver, il travaille comme manœuvre chez François Dunoir entrepreneur de facteur 20 Rue Jarento à Lyon et touche 2,50 francs par jour.

Il reste sur Lyon sauf pendant 10 mois où il habite et travaille chez son frère Ignace tenant pension bourgeoise meublée à Marseille (07/1895-05/1896). A son retour et depuis septembre 1896, il travaille comme fumiste chez Mr Cleuzet, 17 quai Fulchiron à Lyon.

Devenir français

C’est au retour de sa dernière saison à Royat que François Joseph Weber entame ses démarches pour sa naturalisation comme français . Il a alors 30 ans.

Il dépose un dossier et doit fournir un certain nombre de pièces justificatives sur son état civil, son service militaire, sa situation financière, une attestation du maire et des attestations des employeurs successifs.

La demande de renseignements au commissaire spécial est envoyée le 25 novembre 1891. Suivent ensuite les demandes au maire, au secrétaire général de police mais aussi aux préfets des départements où François Joseph Weber a travaillé.

Le temps s’écoule, l ’alsacien n’arrive pas à obtenir ses papiers auprès des autorités allemandes et fait appel à l’agence Child à Lyon. De plus, le propriétaire de l’hôtel Anglais quai du port à Marseille ne connaît pas François Joseph Weber qui prétend y avoir travaillé du 28 octobre au 28 décembre 1883.

La loi du 8 aout 1893, oblige les étrangers à se faire inscrire sur les registres d’immatriculations tenus par les maires. François Joseph Weber fait sa déclaration au commissariat de St Just le 30 septembre 1893.

Deux mois plus tard, son dossier est relancé et une nouvelle enquête est faite par le commissaire spécial puis par le secrétaire général de police. Le dossier semble être bouclé fin 1893.

Par décret du 5 février 1894, François Joseph Weber est admis à établir son domicile en France pour y jouir des droits civils pendant 5 ans.

L’information est transmise par le gardien des sceaux le 10 février au préfet du Rhône qui informe le maire le 24 février 1894. L’avis parait dans le bulletin officiel N°2718.

Un couple d’étrangers

François Joseph Weber épouse Elisa Mongenet le 6 novembre 1897 à la mairie de Lyon 5 ème . Ils n’ont pas d’enfant. Par cet acte, elle adopte la nationalité de son mari et devient allemande.

Quelques mois plus tard, le couple décide de déposer un nouveau dossier pour devenir français. Une nouvelle enquête est diligentée et le dossier semble être bouclé au mois d’aout 1898.

Le prix de sceau est fixé à 175,25 francs mais le postulant ne propose de payer que 50 francs. En raison de sa situation précaire, il lui est accordé une remise de 50% du prix demandé.

Par décret du 11 septembre 1898, François Joseph Weber est naturalisé français par application de l’article 8 paragraphe 5 N°1 du code civil.

Sa femme réintègre le même jour la nationalité française qu’elle avait perdu à son mariage.

L’information est transmise du garde des sceaux au préfet le 14 septembre 1898. Le maire est informé à son tour 15 jours plus tard. Les deux avis passent dans le bulletin officiel N°3268.

 

Les droits et les devoirs

Devenu français, François Joseph Weber est soumis aux devoirs de sa nation. Insoumis aux lois de recrutement militaire en Allemagne, il doit s’inscrire en France.

Il porte le numéro 270 du tirage au sort des conscrits de la classe 1898 sur la liste du 5 ème arrondissement et enregistré sous le matricule 610 de la même classe, il se retrouve affecté au 53 ème RIT à Lons le Saunier. Il passe dans la réserve de la territoriale le 01 octobre 1901 avant d’être libéré définitivement du service militaire le 01 octobre 1907.

La maladie et l’indigence

Elisa Weber décède le 22 mai 1906 à l’hôpital place de l’antiquaille à Lyon. Elle est enterrée deux jours plus tard dans un cercueil en sapin sans cérémonie religieuse. Le convoi l’emmène dès 6 heures du matin pour sa dernière demeure au cimetière de Loyasse.

François Joseph Weber, de 10 ans son cadet, meurt au même âge qu’elle le 18 juillet 1916 à son domicile rue Tramassac. Son corps est emmené, lui aussi dans un cercueil en sapin comme indigent, dès le lendemain à 17H pour le cimetière de Loyasse.

Sources: 1K390-AD69, 1K408-AD69, 6MP1014-AD69, 6MP1036-AD69, 1RP 1015-AD69, 6M379/5-AD05, 2E2046-AM Lyon, 2E2453-AM Lyon, 1745W159-AM Lyon, 2E1819-AM Lyon, 61W270-AD69

© 2015 Généalanille Article publié le 24 mai 2015

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