On l’a désarmé et appelé « crapule »… l’ancien mineur obtient vengeance avec 2 cartouches de dynamites. Il avait dit qu’il ferait du carnage avant de partir de Gages.
C’est une salle de café banale. Quelques tables, des chaises, plusieurs bancs. Sur les murs, il y a une grande glace et une vitrine avec les bouteilles. Et puis une petite pendule et quelques calendriers de réclame. Au plafond est pendue une suspension ordinaire, et vers la vitrine une ouverture en forme de soupirail est là pour faire entrer la lumière.
A droite de la salle de café, on trouve la cuisine avec une pendule et son balancier. Et puis un escalier qui mène aux 3 chambres et à l’atelier de cordonnerie . Et sous l’atelier, il y a « la souillarde » et une cave.
La maison donne sur la place du pont à Gages avec la route qui va de Rodez à Laissac. A l’arrière, il n’y a pas d’ouverture (sauf le soupirail) car le bâtiment est adossé à la route qui monte à Gages le Haut.
C’est dans la nuit du 8 au 9 septembre 1904 que la famille Junelles est réveillée en sursaut. Anne, la petite, est soulevée de son lit et voit la commode avancer. Marie, qui dormait dans la même chambre, a cru que le plafond tombait. Laurent, le fils, a senti son lit se soulever. Dans la chambre des parents, la table de nuit est renversée et il y a de la fumée dans la chambre.
Tous se lèvent et se rendent au rez de chaussée. La vitrine est à terre, les bouteilles sont explosées, comme les vitres d’ailleurs, l’abat-jour de la suspension ainsi que la pendule sont détériorés. Les calendriers sont de travers, comme les tables et les chaises… mais surtout, il y a un trou dans le mur.
90 cm sur 45 ! Pas de doute, c’est un attentat.
Certains voisins n’ont rien entendu. Il faut dire qu’à cette heure (une heure moins dix huit minutes selon les aiguilles arrêtées de la pendule de la cuisine), les gens dormaient profondément.
Les plus proches, eux, ont cru que c’était le four à chaux qui avait explosé. Tous viennent voir. Certains sont plus compatissants que d’autres. Victor, par exemple, venu en chemise s’inquiète de ce qui s’est passé. Y-a-t-il des blessés ? Non ? Alors Tant mieux ce n’est pas grave…
Dès le lendemain matin, on récupère les preuves : mèche, huile, toile de pantalon. Ce n’est pas de la poudre de chasse, on aurait une traînée noire. C’est un explosif de sûreté Favier. On l’utilise régulièrement dans le bassin houiller de Decazeville mais aussi aux mines de Bertholène et Gages ! Le coupable serait un mineur qui aurait emprunté 2 cartouches…
Mais au fait, Mr Junelles eu un différent avec Victor, il y a quelques mois. Il reconnait que le mot « crapule » lui avait échappé quand il l’avait mis dehors… Depuis ils ne se parlent plus.
Selon le chef de gare, Victor a pris le train le matin même. Les gendarmes le cueillent à son retour le soir. Un complet marron, un chapeau blanc en paille et une canne, parce qu’il est boiteux suite à un accident. Facile à reconnaitre.
Il nie tout d’abord. Puis on fouille intégralement sa maison : les tiroirs, le four, le bûcher. Et on retrouve des traces…. Il est obligé d’avouer.
Il explique ce qui s’est passé quelques mois plus tôt dans le café.
« Le « Turc » était aux prises avec plusieurs autres individus : le « Tambour », les 3 frères Septfonds, Firmi, Paulin et d’autres. Le « Tambour » m’a sauté dessus à coup de pied et à coups de bouteilles. Les autres me sont tombés dessus (ainsi que le patron de l’auberge) et m’ont frappé. On m’a mis à la porte et on a gardé ma canne [armée] et une casquette. J’ai dit que c’était malheureux de se trouver dans un établissement pareil et je n’y suis plus revenu. »
On interroge ses anciens employeurs :
Victor a été embauché à Graissessac du 7 décembre 1900 au 25 mars 1901. Il est entré le 8 juillet 1902 au Bousquet d’Orb et en est ressorti le 30 octobre. Mais sur le registre, quelque a noté « A ne pas reprendre »
On interroge les voisins, collègues, amis :
C’est cette querelle qui avait provoqué la colère de Victor. Certains ont entendu dire qu’il aurait dit qu’il allait faire un carnage avant de quitter le village… mais personne ne l’a entendu directement.
Par contre, il avait déjà fait ce genre d’attentat vers Bédarieux.
Victor est condamné à 10 ans de travaux forcés pour « destruction d’édifice habité à l’aide d’une substance explosive. » Il est embarqué à destination de la Guyane en 1905 où il décède 3 ans plus tard.
© 2021 Généalanille - Article publié le 7 février 2021
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