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Thevenet Louis, mort pour la France

Louis Thevenet est né le 27 avril 1887 à Curdin. Il est le cadet des 8 enfants de Jean Thevenet, cultivateur, et de Claudine Pluchot. La famille, après avoir vécu à Chassy, Vendenesse sur Arroux, Curdin et Uxeau, s’installe à Grury au début du 20 ème siècle au lieu dit la Goutte de Villaire.

Louis Thevenet a été à l’école primaire et est ouvrier agricole chez ses parents quand sonne l’heure du service militaire. En 1908, après avoir vu ses deux derniers frères se marier, il part rejoindre le 95 ème régiment d’infanterie où il va passer deux ans sous les drapeaux . A son retour à la vie civile, il revient à Grury chez ses parents puis s’installe au lieu-dit Montpalais.

Aout 1914 : la Lorraine

Le 4 aout 1914, mobilisé, il rejoint la caserne du 10 ème régiment d’infanterie auquel il a été affecté au moment de son passage dans la réserve de l’armée active. Dès le lendemain, le régiment quitte la gare d’Auxonne pour Charmes dans les Vosges.

Le régiment passe très vite en région Lorraine pour rejoindre le front. Le 8 aout 1914, une partie des bataillons fournit les avant-postes d’Essey en liaison avec le 27 ème RI de Dijon et le 134 ème RI de Mâcon.

Le lendemain vers 23H15, l’ensemble du régiment avance de nuit vers la Meurthe suite à une attaque de la 6 ème division de cavalerie à Ogeviller pour assurer l’avant-garde de la 30 ème brigade. Les hommes sont en formation à la sortie sud du bois de la Taxonnière en milieu de matinée avant de retourner à leur cantonnement en fin de journée.

Les nuits sont courtes, le régiment est debout à 2 heures du matin le 12 aout pour relever le 27 ème RI, donnant l’occasion d’échanger les premiers coups de fusils avec la cavalerie bavaroise.

Le 15 aout, le départ est à 4 heures du matin. Le régiment avance vers Foulcrey et passe à 15H45 la frontière aux cris de «  Vive la France

Le 16 aout, la 5 ème compagnie est accueillie par un feu violent d’artillerie ennemie. Pour franchir la crête entre Ibiguy et St Georges, les sections passent en colonne par 4 au pas de course par bonds de 50 mètres et se couchent. Aucune perte n’est à déplorer.

Les bombardements continuent toute la journée et dans la nuit le premier mort du régiment est Charles Frasson de Romanèche Thorins (71).

Le 18 aout, le 10 ème RI doit rentrer à Gondrexange mais la marche est très pénible car les routes sont encombrées , notamment la grande route qui mène à Sarrebourg.

La bataille de Haut Clocher

Le 19 aout 1914, le départ est donné à 4H au régiment pour participer à la bataille de Haut Clocher. La bataille va avoir lieu sous la surveillance d’un ballon captif allemand qui observera les mouvements des français. Les pertes sont conséquentes : 5 morts, 87 blessés et 218 disparus parmi les militaires et 5 tués parmi les chevaux du 10 ème RI.

Le repli puis la marche en avant.

Le régiment reçoit l’ordre de se replier et retourne après plusieurs étapes jusqu’à Moriville à quelques kilomètres de Charmes où il est arrivé à peine 20 jours plus tôt.

Dès le 24 aout 1914, le 10 ème RI reprend la route en direction d’Essey la Côte et tient Vallois le 26 aout jusqu’à recevoir l’ordre d’ évacuer le village le 5 septembre.

Alors que l’ennemi recule en faisant sauter les ponts sur la Meurthe, le régiment reprend sa marche en avant et arrive jusqu’à St Clément le 12 septembre 1914.

Départ pour la Meuse et 80 km de marche à pied

Le 14 septembre 1914, le régiment embarque dans 3 trains à Charmes direction St Mihiel au sud de Verdun puis est dirigé le 20 septembre vers Ste Ménehould (à l’ouest de Verdun).

Le temps de rejoindre ses cantonnements à Valmy, les troupes sont rappelées vers St Mihiel suite à une offensive allemande sur cette ville. Pas question de prendre le train, les hommes font une marche de 52 kilomètres puis 26 km le lendemain avec 2 heures seulement de repos.

Dans les jours qui suivent, le régiment continue de progresser là où le besoin se fait le plus pressant et finit par être fixé au bois Bouchot le 2 octobre 1914.

Il reste dans le secteur jusqu’à la mi janvier 1915.

Le Bois d’Ailly

Le 14 janvier 1915, le 10 ème RI doit remplacer le 171 ème RI qui occupe une partie du bois de la Vaux Ferry au nord de Marbotte. Le lendemain avant 16H, la relève est terminée pour 2 bataillons et le troisième bataillon est en place dans la tranchée du bois Mulot à 19H.

Le 16 janvier, le capitaine Kühnmünch est blessé d’un coup de feu à la main gauche et évacué, le 18 janvier c’est Louis Thevenet qui est blessé à la main gauche . Il subit une ablation traumatique de l’extrémité de la phalangette auriculaire gauche et souffre d’une plaie superficielle sur ce qu’il reste de ce doigt.

Cette blessure est indiquée à la date du 9 janvier 1914 sur sa fiche matricule.

Les pertes sont quotidiennes

Le régiment va subir de nombreuses attaques et contre-attaques à partir du 5 avril 1915.

Le journal de marche fait l’état des lieux depuis cette date au 17 mai et dénombre 1500 hommes tués, blessés ou disparus. Il précise même que l’état de fatigue de la troupe est considérable.

Parmi eux, on décompte Louis Thevenet qui est à nouveau blessé. Cette fois ci, il est atteint d’une balle à l’avant-bras gauche à proximité du poignet alors qu’il est dans les tranchées du bois de la Louvière.

Le 10ème RI reste sur place jusqu’au 26 septembre 1915 où il est relevé par le 29 ème RI d’Autun.

Départ pour la Champagne.

Les hommes embarquent en train à Void et arrivent à Sainte Menehould où ils rejoignent par autobus Somme Tourbe à l’ouest.

Dès le 30 septembre, ils sont au front et perdent 36 hommes (1 tué et 35 blessés) cette première journée. Le compteur des pertes ne cessera d’augmenter chaque jour qui suivra.

Le 14 octobre, le 10 ème RI relève le 56 ème RI de Châlon sur Saône en première ligne. Les bombardements continuent.

Le 30 octobre, les allemands attaquent la butte de Tahure vers 15H45 après un fort bombardement (30 obus à la minute). Canonnades et fusillades se poursuivent toute la nuit. Le lendemain, les français ripostent alors que les infirmeries sont pleines de soldats intoxiqués par des gaz lacrymogènes.

Les mois de novembre et décembre 1915 se passent dans des conditions climatiques difficiles (pluie persistante, boues…) et les hommes sont probablement ravis d’assurer leur dernière relève le 9 décembre à 1h du matin.

Retour dans la forêt d’Apremont.

Le 10 ème RI embarquent à Vitry la ville le 12 décembre au matin. Les 3 trains les amènent à Dorcy.

Ils prennent enfin un peu de repos et sont même conduits au cinéma Music Hall militaire de Commercy le 16 décembre 1915.

Le retour pour les tranchées ne tarde pas. Quelques travaux de piquetages sont effectués mais les journées sont plutôt réservées au repos et à l’exercice militaire.

Le 14 janvier 1916, les troupes reprennent la direction de la forêt d’Apremont et vont s’installer en première ligne à tête à vache le 20 janvier.

Le journal de marche de février annonce des journées calmes, mais avec des pertes quotidiennes !

Le 21 février vers 14H, un violent bombardement est fait par l’artillerie ennemie, les bataillons sont en alertes. Pendant la nuit, l’adversaire est nerveux et effectue plusieurs tirs d’artillerie et plusieurs tirs fauchant de mitrailleurs. Un de ces tirs atteint Louis Thevenet qui décède sur le champ d’honneur. Il avait 29 ans.

Louis Thevenet est enterré à la nécropole nationale Marbotte à Apremont la Forêt dans la tombe N°42. Son décès est transcrit en avril 1916 sur les registres d’état civil de Grury.

Que sont devenus ses frères?

Son frère ainé Claude (classe 1889), réformé mais rappelé à l’activité est déclaré insoumis et arrêté par les gendarmes à Moulins (03). Sa réforme est confirmée et il ne part pas au front.

Son frère Alexandre (classe 1897), réformé pour tuberculose en 1907, est maintenu réformé par les différentes lois-réformes de 1914 et 1917.

Son frère Alexis (classe 1901) par au front et est fait prisonnier de guerre en Allemagne en novembre 1914. Il est rapatrié en France à la veille de Noël 1918.

Son frère Claude (classe 1903), mobilisé au 8 ème régiment d’artillerie à pied est évacué le 24 avril 1915 de la zone des armées comme malade. Il est affecté par la commission de réforme d’Epinal aux gardes de voies de communication avant d’être finalement classé au service auxiliaire. Il finit la guerre l’atelier de construction de Montluçon avant de rentrer dans ses foyers.

Sources: 5E161/10-AD71, 1R RM Autun-AD71, 6M Grury-AD71, sga mémoire des hommes 26 N 584/1, 26N584/2, 26N584/3, 26N584/4, 26N584/5

© 2016 Généalanille Article publié le 21 février 2016

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