Les arbres de la liberté sont plantés à la Révolution Française dans presque toutes les communes du Rhône. Ils sont souvent surmontés d’un bonnet rouge et d’autres attributs de la république.
L’arbre de la liberté est le lieu où l’on brûle titres féodaux, le point de rassemblement pour les annonces officielles, pour exprimer sa joie et chanter le chant des Marseillais ou le « ça ira » mais aussi un point de repère géographique.
A Lyon, l’arbre de la liberté de la place des Terreaux est planté le 8 juillet 1792.
En février-mars 1793, une contre-révolution s’opère à Lyon et le rapport de Tallien indique que le feu a été mis à l’arbre de la liberté des Terreaux. Il « auroit été consumé, si de braves sans culottes n’avoient pas bravé les poignards qui les menaçoient. » Quelques jours plus tard, on envisage même de creuser un fossé autour pour y entasser les cadavres des ennemis de la république guillotinés à proximité de l’arbre.
Entre le 16 et le 20 pluviôse an 3 (4 au 8 février 1795), c’est une véritable vague d’abattage qui intervient sur les arbres des départements de la Loire (région de St Galmier) et du Rhône (canton de St Symphorien sur Coise).
A Avaize , l’arbre a été abattu et dépourvu de son bonnet . Il reste un morceau de fer qui servait à le soutenir. L’arbre abattu est d’une longueur suffisante pour être replanté et les citoyens ont décidé de le laisser sur place jusqu’au jour de la décade pour décider à plusieurs s’il serait replanté ou si on en planterait un neuf. Le 20 pluviôse il est finalement replanté.
A Coise , l’arbre a été scié à trois pieds du sol dans la nuit du 16 pluviôse an 3 sans que personne n’entende le bruit à cause du vent violent. Après enquête, le citoyen Bajard a déclaré que vers 1H du matin il a entendu quelqu’un passer dont « la marche paraissait avoir ses souliers garnis de gros clous » mais comme il y avait eu une foire dans la commune voisine de Larajasse la veille, il ne s’est pas levé pour regarder.
A la Chapelle en Vaudragon (actuelle Chapelle sur Coise ), c’est vers 5H30 du matin qu’un grand bruit terrible a été entendu, laissant penser que des maisons s’étaient écroulées. En sortant sur la place, les citoyens ont vu l’arbre renversé et brisé sans apercevoir les coupables. La commune n’a pas envoyé de procès verbal à l’administration et n’a pas replanté l’arbre à cause des glaces « qui empêchaient les charois. »
A Pomey , l’arbre a été scié à deux pieds et git dans la direction du nord au midi . « La cime où il y avait une pique au bout de laquelle était posé le bonnet de la liberté » a été coupée et emportée avec le bonnet. Personne n’a rien entendu si ce n’est Jérôme Giraud qui a cru que quelque chose de l’église s’était écroulé. La fille Néel, partie chercher de l’eau à la fontaine pour faire du pain deux heures avant le jour, a vu 6 hommes armés de fusils traverser la plaine Martin et se diriger vers le bourg. De retour à la maison, elle a dit à son père et son frère de vite regarder et ceux ci ont bien pu observer les 6 hommes armés le long du bois de chez Crosier grâce au clair de lune.
A Duerne , il avait fallu 200 hommes de troupes pour que l’arbre de la liberté soit planté dans la commune, il suffit d’une nuit pour qu’il soit abattu . Quand les représentants de la justice arrivent dans la commune, un arbre est déjà replanté et les citoyens semblent animés « de l’amour de la liberté et de la justice ». L’ancien maire, deux officiers municipaux et le greffier destitués ne se montrent plus ou n’habitent plus la commune. Le brigadier de gendarmerie ne fait plus de service depuis 2 mois à cause d’un mal de jambe, ce qui laisse à penser que la surveillance n’est pas optimale.
A St Symphorien sur Coise , le bonnet était déjà tombé quand l’arbre a été scié par deux hommes vers 1H du matin. C’est une citoyenne voisine qui a également vu un des 4 autres « brigands » emporter la ferrure et la pique de la cime après que l’arbre soit tombé dans un grand bruit. Un arbre vif a été replanté.
A Larajasse , c’est le 16 germinal an 3 (5 avril 1795) que l’ attentat a lieu avec menaces sur la population . La nuit vers 1H environ, le citoyen Claude Combe a entendu le bruit de 2 tambours, un fifre, trois coups de fusils et des cris répétés de « vive le roy et à bas la république. » Il n’a pas osé se lever, ni se mettre à la fenêtre, ni ouvrir la porte de crainte de coups de fusils et le lendemain matin il a constaté que les arbres de la liberté et de la fraternité étaient coupés. Jean Combe, dans la même maison fait une déclaration similaire. Claude Néel qui était avec eux s’est levé et a regardé par la chatière de sa porte et a entendu du monde crier « garde à vous ! Bataillon ! En avant marche ! »
La troupe était organisée et des sentinelles surveillaient les maisons et chemins pendant la destruction de l’arbre. Des menaces ont été faites à la population et le cabaretier de la place a dû se cacher. D’ailleurs des coups de fusils ont été tirés et un carreau de fenêtre été cassé.
L’arbre de la liberté est scié en plusieurs morceaux , les ferrures et le bonnet sont enlevés. L’arbre vif de la fraternité est détruit.
Les citoyens Montmartin, administrateur, et Goiran, agent national, sont chargés de mener l’enquête dans les différentes communes. Ils partent à la tête d’un détachement de hussards et sont autorisés à réquisitionner les brigades de gendarmerie et la garde nationale pour trouver les coupables.
Leur brouillon de compte rendu montre la difficulté de leur tâche . Ils ont « la tête si grosse qu’ils n’ont pas la force de donner des nouvelles à [leurs] épouses. »
Le 22 germinal an 4 (11 avril 1796), un arrêté du directoire exécutif précise que les délits contre les arbres de la liberté doivent être lourdement punis . Dans la réalité, peu de coupables seront retrouvés.
Le 8 vendémiaire an 5 (29 septembre 1796), la commune de St Martin en Haut qui, comme Duerne, avait nécessité un fort détachement d’hommes armés pour planter son arbre, découvre la destruction de celui-ci.
A Ste Catherine , le crime a lieu le 1 er frimaire an 5 (21 novembre 1796) mais cette fois-ci en plein jour . Entre 8 et 9 heures du matin, c’est un groupe d’environ une dizaine d’hommes armés de fusils qui abat à la hache l’arbre de la liberté. Il sera replanté 10 jours plus tard.
En frimaire an X (novembre 1801), l’arbre de Charentay est renversé, le commissaire du gouvernement s’empresse d’avertir le préfet du Rhône.
Les arbres subissent également les conditions météorologiques et leur état de santé.
A Francheville , c’est le 28 messidor an 4 (16 juillet 1796) qu’un grand coup de vent entre 9 et 10 heures du matin renverse l’arbre dans le jardin du citoyen Gilliard. L’arbre s’est cassé en plusieurs morceaux sur le mur de clôture du jardin et il est constaté qu’il était pourri. Il est proposé de le remplacer dès que la saison le permettra.
Le 1 er vendémiaire an 6 (22 septembre 1797), c’est l’arbre de la liberté de la Rochetaillée qui s’est brisé en 4 ou 5 morceaux sur la place de la commune suite à la violence du vent . L’arbre était moitié pourri.
Le 18 nivôse an 6 (7 janvier 1798), Oullins voit son arbre de la liberté tomber « aux travers du grand chemin tendant à Lyon. » Après avoir constaté qu’il était pourri , et pour débarrasser la grand route, il est transporté le long du mur de la citoyenne veuve Millier.
Le 20 messidor an 6 (8 juillet 1798, l’arbre de la liberté de St Genis Laval s’écroule vers 15H à cause d’ un grand orage . L’arbre était pourri au pied et a été évacué au plus vite de la voie publique.
Le 20 prairial an 8 (9 juin 1800) à St Didier sur Riverie , l’arbre est pourri . Il est remplacé avant qu’il ne tombe à terre.
La loi du 24 nivôse an 6 (13 janvier 1798) indique que les arbres de liberté qui ont péri naturellement seront remplacés de suite aux frais des communes par des arbres vivants si la saison le permet ou provisoirement par des arbres secs. Cette même loi établit une peine de 4 ans de détention pour tout individu qui serait convaincu d’avoir mutilé, abattu ou tenté d’abattre un arbre de la liberté.
Les arbres disparaitront avec le retour de la monarchie.
Sources : 1L209-AD69, 3L78-AD69, 17L7-AD69, 18L10-AD69, 21L16-AD69 Journal de Lyon, ou Moniteur du département de Rhône-et-Loire, Journal républicain des deux départements de Rhône et Loire, Archives historiques et statistiques du département du Rhône numérisés par google, Bulletin historique du diocèse de Lyon numérisé par Gallica, Fonds Coste Ms Coste 1230 BM Lyon.
© 2015 Généalanille Article publié le 28 septembre 2015
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