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Les boites fumigatoires

La mise en place des secours aux noyés

Philippe Nicolas Pia (1721-1799), échevin de Paris et maitre en pharmacie, propose dès 1772 des boites des secours aux noyés. La capitale voit à cette époque un nombre important de noyés chaque année (934 décès sont constatés entre 1772 et 1788 à Paris).

A Lyon, la présence du Rhône et de la Saône favorise l’envie de nager et les dangers de noyade qui en découlent. Au 18 ème siècle, une inspection des secours pour les noyés est créée ainsi qu’un établissement de secours. Des « boites entrepôts », contenant le nécessaire à réanimer les asphyxiés par l’eau, sont disséminées dans la ville sous l’inspection de Mr Faissole, maitre chirurgien gradué .

A sa démission en juin 1786, il propose au prévôt Tolozan, le nom de Jean Jacques Coindre pour le remplacer. Ce dernier est élu comme inspecteur des secours pour les noyés au grand désespoir d’un certain Jean Baptiste Desgranges qui lui reproche alors que les boites sont mal tenues et qu’une partie d’entre elles ont disparu.

Il faut dire que la révolution est passée par là et que 7 boites au moins ont été incendiées en juillet 1789. Jean Baptiste Coindre devient maire provisoire de Lyon après le 29 mai 1793 et est guillotiné le 18 brumaire an II.

Jean Baptiste Desgranges, devenu chirurgien major de la défense, s’enfuit en Suisse et publie plusieurs instructions pour les noyés. Il décède en 1831.

Les boites fumigatoires et leur contenu

Le 2 prairal an VIII (mai 1800), une circulaire du ministre de l’intérieur évoque l’importance des boites dites fumigatoires pour le secours des noyés. Le ministre propose aux préfets de contacter directement le successeur de Pia, c’est-à-dire le citoyen Boudet , rue du Four Germain à Paris, pour la constitution desdites boites.

Il joint également la description d’un contenu type d’une boite fumigatoire.

Dans les jours qui suivent, le préfet du Rhône, ayant pour consigne de ne pas solliciter d’argent de l’état, contacte la société de médecine de Lyon pour d’une part savoir s’il est possible de constituer des boites locales pour éviter le cout de transport de Paris à Lyon et d’autre part d’évaluer les lieux les plus probants d’emplacements.

Le commissaire général de police de Lyon est à son tour interrogé sur l’emplacement des boites, et sur leur coût de création et d’entretien. Un premier projet évalue la dépense à 924 francs pour 6 boites et il est convenu que le dossier soit reporté au budget de l’an IX.

L’achat est proposé aux voix au conseil municipal du 7 nivose an IX.

 

L’évolution des emplacements à Lyon avant 1870

Une première liste des emplacements est publiée en l’an IX. Elle est composée de 7 boites.

 

Le nombre des boites va évoluer de 7 (an IX) à 9 boites (1810) puis à 12 vers 1825, à 15 en 1855 pour se stabiliser à 21 (1861).

Les 9 boites sont concentrées sur les zones de vie des lyonnais (la zone de Confluence n’est pas asséchée) et conservées dans les pharmacies et bureaux d’octroi.

Les 12 boites s’étendent de St Clair à La Mulatière. Elles se trouvent également chez des cabaretiers ou des opticiens.

Le 3ème arrondissement est créé en 1852, mais il faut attendre 3 ans pour voir se généraliser les boites sur la rive gauche du Rhône. Dès 1861, une boite est installée au “bas mouche près de la treille”, c’est à dire vers Gerland. En 1858, une boite est installée à la “belle allemande” dans le 4ème arrondissement en rive gauche de la Saône.

Le naufrage du bateau mouche

Le dimanche 10 juillet 1864, vers 14H45, le bateau mouche N°4 venant de Perrache et allant à Vaise échoue sur un banc de sable à proximité du pont de Nemours (aujourd’hui détruit), projetant à l’eau une cinquantaine de personnes. Certains nageront jusqu’à la rive, d’autres seront sauvés par d’héroïques passants et une liste officielle de 27 morts sera publiée.

 

Les boites fumigatoires les plus proches du drame sont au nombre de quatre :

  • Place du change à la pharmacie Savoye (5 ème arrondissement),
  • Rue Luizerne (actuelle rue Major Martin) à l’hôtel de police (1 er arrondissement),
  • Rue St Etienne aux bains St Jean chez Mr Martin (5 ème arrondissement),
  • Place des Célestins à la pharmacie André (2 ème arrondissement).

Néanmoins, ce sont 9 boites sur les 21 existantes qui seront transportées sur place le jour du drame . Plusieurs ne seront d’ailleurs pas utilisés faute de connaissance et d’impatience.

 

La révision des boites

En 1868, le pharmacien Ferrand de la place de la Charité est amené à inspecter les boites de la ville de Lyon. Outre le constat que sur la vingtaine de boites, les douze premières sont très anciennes et hors de service, le pharmacien déplore la lourdeur et l’encombrement de ces objets, les rendant peu portatifs (deux hommes sont nécessaires pour porter ces coffres massifs). A l’intérieur, les objets sont disposés pêle-mêle seringues, flacons, soufflet à narine, soufflet pour rectum, appareil fumigatoire… et certains ne sont plus utiles.

Cependant, l’évolution n’est pas que dans les boites. Au fil du temps, le simple écriteau (“dépot de secours pour les noyés”) indiquant leur emplacement a été complété par des plaques plus permanentes et plus nombreuses puisqu’on en trouve à chaque rampe menant aux bas-ports.

Les nouvelles boites

Le pharmacien Ferrand propose à la municipalité de nouvelles boites fumigatoires. Elles sont portatives grâce à une courroie ou baudrier relié à la caisse et un seul homme peut aisément transporter ces 17 kgs. Les brancards et paillasses anciennement déposés à proximité des boites sont remplacés par des brancards avec matelas brisés, des capotes et couvertures imperméables selon ce qui est en vigueur dans les plus récents hôpitaux militaires.

A l’intérieur de la boite, dans le couvercle, est apposée la liste des cinquante éléments présents ainsi que des consignes sommaires d’utilisation . Une fois retiré le casier amovible sur lequel sont déposés « les instruments étalés, le sauveteur a une vision globale du contenu de la boite. Exit les soufflets trop volumineux et les appareils fumigatoires. Ces objets n’étaient presque jamais utilisés ou de manière dangereuse. Les flacons sont numérotés pour être repérés plus facilement.

Les consignes sommaires sont soignées et organisées. Sous les trois colonnes servant d’objectifs (réchauffer, faire respirer et ranimer) sont listés les objets à utiliser et leur utilisation sommaire. Une quatrième colonne traite des cas plus particuliers (autre type d’asphyxie et blessures).

Une trentaine de boites est disséminée dans toute la ville mais la liste qui parait annuellement continue de n’en évoquer que 21.

 

Sources :

5M95-AD69, PER2222-AD69, 2E698-AM Lyon, 2E536-AM Lyon, 1CM0007-AM Lyon, Bibliothèque municipale de Lyon : Chomarat Est. 17063, Bulletin du Lyon Médical 1924, Des secours au noyés par E. Ferrand, Catalogue des lyonnais dignes de mémoire, la science pittoresque numérisés par Gallica, site histoire de l’anesthésie et de la réanimation, le journal de l’Ain numérisé par memoireetactualite.org

 © 2015 Généalanille Article publié le 26 juin 2015

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