Les chocolats Suchard, entreprise Suisse, affichent leur publicité sur de nombreux supports. Ils ont même un dirigeable qui porte leur nom. À l’aube de la guerre, ils doivent justifier de leur neutralité et c’est leur dirigeable qui contredit celle-ci.
En 1909, l’exposition aéronautique de Francfort voit se former une société entre Mr Brucker, américain d’origine allemande et le docteur Gans de Fabrice, de Munich. Les deux hommes cherchent des fonds pour un projet de traversée de l’Atlantique grâce à un dirigeable et c’est la fabrique Suisse des chocolats Suchard qui va verser des fonds moyennant le fait de baptiser le ballon du nom de l’entreprise suisse.
Le 15 février 1911, le dirigeable Suchard est baptisé à Kiel par le prince Henri de Prusse et son épouse. Le ballon doit faire des tests au-dessus de la Baltique avant de traverser l’océan.
Finalement quelques jours avant son départ pour les îles du Cap Vert prévu au mois d’avril 1911, les membres de l’expédition se rendent compte que des réglages des moteurs complémentaires sont nécessaires et un départ en pleine période des tempêtes tropicales n’est pas très opportun. L’ expédition est reportée au mois d’octobre 1911.
Le 29 février 1912, le journal « Le Salut Public » comptabilise les dirigeables à la disposition des allemands en cas de mobilisation.
Il en indique 7 militaires et 12 privés. Parmi ces derniers, le 7 ème de la liste est le SUCHARD, longueur 120m, 4 moteurs chacun d’une puissance de 110 HP (Horse Power : Cheval vapeur).
Avec le début de la 1 ère guerre mondiale, la fabrique de Chocolat suisse s’empresse d’envoyer une circulaire pour rassurer ses clients sur sa neutralité du fait de l’emplacement géographique de son entreprise et précise que « les fils de tous les administrateurs sont suisses. »
Cependant, le directeur de la fabrique, Mr Rüss, envoie également des chocolats en Allemagne et il semblerait qu’un commerçant français ait reçu par erreur un de ceux-ci qui contient des chromos commémoratifs des batailles de Gravelotte et St Privat, gagnées à l’époque par les allemands.
La circulaire précise également qu’il n’a jamais été « fait don au gouvernement allemand ou à un de ses organes, d’un engin de guerre quelconque, aéroplane, dirigeable, ballon ou cuirassé. »
Le directeur Karl Rüss est né en Allemagne. En 1884, au décès de son beau-père, il dirige l ’entreprise chocolatière et possède au moment de la guerre la moitié du capital. La société est devenue multinationale et ses usines sont situées dans plusieurs pays.
Il est évoqué que Mr Rüss fait flotter le drapeau allemand sur l’usine de Neufchatel à chaque anniversaire de la bataille de Sedan. Ce directeur est, par ailleurs, conseiller du commerce extérieur en Allemagne, ce qui laisse douter de sa neutralité.
Le 24 janvier 1915, le bulletin municipal officiel de la ville de Lyon publie une interpellation de Victor Darme, conseiller municipal de Lyon qui explique la non neutralité de Suchard et demande la suppression de la publicité Suchard sur les tramways
Victor Darme est né en 1868 à Marlieux (01). Il est fabricant de sirops puis marchand de café en gros avec son frère Joseph dans le 6 ème arrondissement, 78 Rue Tronchet.
Il est élu au c onseiller municipal de Lyon de mai 1912 à décembre 1919 et puis de mai 1925 à mai 1929.
L’histoire ne dit pas si les tramways lyonnais ont dû trouver un autre partenaire publicitaire.
Sources : PR13/12-AD71, Salut public –AD69, 3M463-AD69, 3M1586-AD69, 3M1589-AD69, 1217WP174-AM Lyon, 1217WP179-AM Lyon, 1217WP184-AM Lyon, 1217WP188-AM Lyon, Numérisés par Gallica: le journal, le petit parisien
© 2015 Généalanille Article publié le 6 juin 2015
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