Marie Carrat est couturière à Grury et vit chez ses parents, Jean Carrat et Marie Loreau, au lieu dit le Champ du Moulin, sur la route de Bourbon Lancy (route de Mont).
Jean Carrat, maçon originaire de la Creuse, est probablement le bâtisseur de la maison familiale édifiée vers 1866. La famille est présente sur la commune depuis plusieurs années, notamment au croc-blanc et Jean Carrat s’est marié en 1853 à Grury avec Marie Loreau, née à Ternant (58), dont les parents habitent à Mont.
Marie Carrat épouse le 12 juin 1894 à Grury, Paul Mulot, un cultivateur de 30 ans originaire, lui aussi, de Ternant (58), fils d’un maçon. Neuf mois plus tard, le 3 mars 1895, nait leur fille Marie.
Toute la famille vit sous le même toit. Les voisins n’ont jamais vu Paul Mulot ivre et le considèrent comme un bon ouvrier, mais sa femme et ses beaux pères le traitent de fainéant et de propre à rien.
Le dimanche 14 juillet 1895, toute la famille dîne ensemble puis tous se dirigent vers la place du village pour aller voir le feu d’artifice. Seul le beau père reste à la maison avec l’enfant.
Vers 21H30, Mme Mulot se trouve au bal populaire quand son mari vient la chercher. Ils se disputent violemment sur la place du village, Mme Mulot traitant son mari de jaloux, puis rentrent à la maison.
Une demi-heure plus tard, la querelle n’est pas terminée. Paul Mulot saisit alors un couteau et veut tuer sa femme. Sa belle-mère qui cherche à appeler du secours, sort de la maison et crie “à l’assassinat”. Elle est rattrapée par son gendre dans la cour qui la tue d’un coup de couteau dans le cœur.
C’est le premier meurtre de la soirée. La victime avait 64 ans.
Paul Mulot retourne à l’intérieur pour tuer sa femme mais celle ci lui échappe et s’enfuit dans la cour. Il la rattrape à 150 mètres et lui plante 11 coups de couteaux. Elle agonise pendant deux heures avant de mourir vers minuit et demi.
C’est le deuxième meurtre de la soirée. Mme Mulot avait 25 ans.
Paul Mulot retourne encore chez lui et tue d’un coup sec sa fille de 3 mois dans son berceau.
C’est la troisième victime de la soirée. La mort est évaluée vers 22H05.
Le beau-père s’étant levé, il s’est précipité vers son gendre et lui a lancé un coup de poing au visage. Paul Mulot a mordu la main de Jean Carrat et lui a sectionné un ou deux doigts (selon les journaux). Il lui a ensuite asséné 14 coups de couteau à la tête. L’arme s’étant brisée, l’homme de 74 ans n’a pas été tué sous les coups.
Deux voisins, venus porter secours, ont reçu un coup de couteau à la cuisse pour l’un, et plusieurs coups au bas ventre pour Mme Latrasse épouse d’un tailleur d’habits.
La scène n’a duré que quelques minutes. Un des voisins a vu Paul Mulot sortir avec son fusil et des cartouches et se cacher derrière un puits à proximité. Voyant que l’on se dirigeait vers lui, le meurtrier s’est enfui avec son arme et son couteau vers Ternant, “son pays”.
Il a marché pendant 3 km avec Mr Porterat de la Forge à Cressy sur Somme et lui a avoué ses crimes, mais l’homme le voyant armé, n’a pas essayé de l’arrêter et est parti faire une déclaration des faits à la mairie de Cressy sur Somme.
Poursuivant sa route, Paul Mulot a atteint la commune de Ternant et s’est dirigé directement à la mairie pour déclarer ses crimes mais Mr le maire “ne pouvant croire à un pareil forfait le laissa en liberté”.
A 2H du matin, le 15 juillet 1895, on vit le meurtrier se diriger vers “les grands bois”.
Alors que les gendarmes partent à la recherche du meurtrier, le docteur Compin de Grury a soigné les blessés qui ont tous survécu, même le beau-père qui avait été fortement atteint.
Le parquet d’Autun était attendu vers 16H et le docteur Gilot du même lieu a été chargé de l’autopsie des corps.
Paul Mulot a été arrêté sur la route de Ternant et interrogé. Il a plaidé avoir agi sous l’effet “d’un coup de folie”. Cependant, il semblerait qu’il ait échappé aux forces de l’ordre car selon un article de journal “il était revenu dans la nuit sur le théatre du crime où un gendarme faisait le guet.”
Ce dernier a fait feu sur lui sans l’atteindre et Paul Mulot a fuit aussitôt. Se voyant sur le point d’être pris il a sauté dans un puits d’où il a été “impossible de le retirer avant l’asphyxie complète.”
Paul Mulot est mort le 15 juillet vers 23H45 dans le puits de la place de l’église de Grury. Ce puits n’est plus visible sauf sur certaines photos anciennes (voir carte postale ci-après).
Les trois victimes ont été enterrées le 18 juillet 1895. Leur tombe n’est plus visible.
Jean Carrat, le beau père, est décédé à Grury quelques jours avant l’an 1900.
NB notez la présence de la croix
recyclée
Sources: 5E227/13-AD71, 3P227/1-AD71, 3P2206-AD71, 5E227/10-AD71, 6MI042-AD71, 6MI059-AD71, 2Mi436-AD58, 2Mi477-AD58, Le stéphanois 17 et 18/07/1895, L’express 20/07/1895.
© 2014 Généalanille Article publié le 16 juillet 2014
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