« Voici ma tante », c’est ainsi que Jean Baptiste Castel a présenté une femme au notaire afin de récupérer les biens de sa « vraie » tante. Histoire d’une usurpation d’identité.
Jean Baptiste Castel a entendu une rumeur. Sa tante, Jeanne-Anne Castel, 65 ans, aurait décidé de donner tous ses biens à une bâtarde. Enfin, plus précisément au fils de celle-ci. Le neveu est très en colère. Comment une fille, même élevée dans la maison, pourrait hériter à sa place ? Il demande à sa tante d’ annuler son testament. Mais elle n’a pas l’air décidé.
Jean Baptiste Castel croise la route de Jean Pierre Miquel. Celui ci a une solution.
Il suffit de trouver une femme à peu près du même âge qui se fera passer pour elle. Vous ne courrez aucun danger… Je vais vous trouver la femme qu’il faut.
Marie Pradié a 77 ans. Elle croise Jean Pierre Miquel à Monteils sur la porte de l’église au moment où la messe allait commencer.
"Si vous acceptez, vous pourrez vous acheter un vêtement neuf. Mais il faudra aller à Villefranche de Rouergue."
Elle est d’accord, sans savoir ce qu’elle devra faire …et file sur les bancs de l’église.
Quelques temps plus tard Miquel lui explique.
"Vous ne vous exposez à rien et le secret le plus absolu sera religieusement gardé."
A cet instant, les témoignages divergent, le gendre de la fausse tante est peut-être recruté ce jour là ou plus tard.
Jean Baptiste Castel est prévenu qu’une personne a été trouvée pour jouer le rôle de sa tante . Mais il y a quelques consignes:
"Il vous faudra prendre votre cheval car la pauvre femme est âgée et ne peut pas faire le trajet à pied."
Le 7 novembre 1860, une heure avant l’aube, tous se retrouvent chez la veuve Pradié.
Sont présents :
Ils vont déjeuner chez “la Rousselle” à Villefranche de Rouergue. C’est là que la négociation d’argent va avoir lieu. Boyer et sa belle-mère veulent 60 francs. Miquel négocie 25 francs : 20 pour le gendre, 5 pour la fausse tante. Tope là!
Me Marty, 72 ans, reçoit ces 4 personnes. Il est le notaire de la famille et a participé comme expert à un partage de biens il y a quelques temps. « Voici ma tante » a dit Jean Baptiste Castel.
Me Marty expliquera aux gendarmes:
« Je savais qu’il y avait une tante dont l’âge se rapportait à celui de la femme qui était devant moi »…
La tante est vieille et infirme. Comme cette dame, ainsi que les témoins (Boyer et Miquel qui se disent voisins) confirme être la tante, pourquoi douter et imaginer une usurpation d’identité ?
Le notaire rédige donc un acte stipulant que Jeanne Castel fait vente à Jean Baptiste Castel, son neveu, de la totalité de ses biens avec réserve d’usufruit. C’est une donation déguisée. La vente est faite moyennant 2000 francs que la (fausse) tante a déclaré avoir reçu avant l’acte.
Voilà, l’acte est signé, tout le monde peut rentrer à la maison . Mais Jean Pierre Miquel pense qu’il vaudrait mieux se séparer. Il fait acheter un billet de train pour la vieille femme et chacun repart de son côté… ou presque. Car Miquel n’a pas fait ça pour rien. Il réclame la moitié des biens de Jean Pierre Castel.
De toute façon, il n’aurait pas eu ces biens sans lui. La négociation finit à 400 francs, sinon Miquel va le dénoncer… Castel refuse et sera dénoncé par Jean Pierre Miquel.
L’affaire finit à la cour d’Assises pour usurpation d’identité.
La « fausse » tante est décédée entre temps et ne comparait pas.
Seul Jean Pierre Miquel sera condamné : 5 ans de réclusion et 100 francs d’amende. L’acte notarié a bien entendu été annulé.
Pendant de nombreuses années, l’identité des personnes n’était prouvée que par des témoins oculaires. En cas de déplacement plus lointain, des passeports étaient utilisés pour justifier de quelques éléments: taille, couleurs des cheveux etc.
© 2021 Généalanille Article publié le 4 avril 2021
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