Avez-vous des sangsues dans votre département ? Et comment faut-il réglementer leur vente ? Telles sont les questions posées par le Ministère de l’Agriculture dans sa circulaire du 9 juin 1846.
Au début du 19 ème siècle, les sangsues sont peu utilisées pour guérir les gens . Mais avec l’apparition du système médical de Broussais, la situation évolue. A tel point qu’en 1846, les marais, étangs et ruisseaux français ne peuvent plus subvenir aux besoins médicaux Et la pêche abusive de ces plans d’eaux ne favorise pas le repeuplement dans de bonnes conditions. Il faut donc importer des sangsues depuis d’autres pays, jusqu’à épuiser toutes les ressources européennes.
Et ce qui devient rare est forcément cher. En 1830, un demi-kilogramme de sangsues d’Hongrie coûtait 50 centimes. 15 ans plus tard, il en vaut 80 francs.
La circulaire du ministre interroge sur la réglementation à adopter pour la vente des annélides. Chaque département est sollicité et par ricochet, chaque sous préfet est interrogé.
Interdire la vente, c’est augmenter leur prix le temps qu’elles se reproduisent et il faudrait surveiller la fraude. Car certaines personnes qui en font le commerce les gorgent de sang d’animaux abattus pour qu’elles paraissent plus grosses. Ces sangsues ne piquent plus, ou bien de manière insignifiante et réduit donc les résultats dans le traitement des maladies.
Telle est la réponse du sous préfet de Villefranche de Rouergue.
Les aveyronnais ont des avis divergents. Certains pensent que les petites sangsues de moins de 2 grammes n’ont aucun effet médical, d’autres souhaitent les vendre. Certains médecins et pharmaciens pensent qu’il faut prévoir une interdiction annuelle de pêche pour permettre la reproduction….
Dans sa circulaire du 9 juin 1846, le ministère de l’Agriculture veut surtout connaître les ressources encore existantes. Dans le département de l’Aveyron, « il n’y a ni marais ni étangs ou cours d’eau où trouver des sangsues » est la réponse donnée par les services des arrondissements de Millau, Villefranche, Saint Affrique et Rodez. Quant à Espalion, on trouve des sangsues.
C’est sur la commune de Montpeyroux qu’on peut trouver le marais qui nous intéresse. Il est situé près des Bessades, localité renommée par ses foires …
Le marais est assez étendu mais sa surface est considérablement réduite en été. On le croit très propre à la reproduction des sangsues selon ce qui se faisait il y a une quarantaine d’années. Les sangsues étaient nombreuses mais ont disparu sans qu’on en sache la raison.
Pour exploiter ce commerce, une compagnie s’est formée en 1845. 5 à 6000 sangsues achetées à Lyon ont été jetées dans le marais et on espère sous peu livrer à la consommation un grand nombre de sangsues moyennes en gardant les sangsues vaches (de 4,5 à 12 grammes) comme essentielles pour la reproduction et les petites de moins de 2 grammes pour l’usage médical.
Les documents ne précisent pas si la petite entreprise d’hirundiniculture aura réussi à vendre ses animaux et combien de pêcheurs de sangsues auront été affectés à cette activité ! Mais l’état civil permet de trouver la trace d’au moins un marchand de sangsues originaire de Montpeyroux : Pierre Jean Cocural né vers 1811 !
Sources : “Note sur les sangsues qui sont livrées au commerce” numérisé par Gallica, “Plus de Sangsues!” numérisé par Google Books, 5M8-AD12, 4E167/8-AD12
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