Jean Marie Fontaine est né le 25 février 1875 à Grury (71) au Champ du Moulin de Louis Fontaine, propriétaire et de Jeanne Lafontaine.
Jean Marie Fontaine perd son père alors qu’il n’a qu’un an et son frère Léonard, de 20 ans son ainé, se marie peu de temps après le décès. Les deux garçons vivent avec leur mère et Jean Marie s’élève avec ses cousines germaines qui ont à peu près le même âge que lui.
Jean Marie Fontaine est qualifié de domestique sur sa fiche matricule mais les recensements le qualifient tous de menuisier charpentier.
Il fait son service militaire entre 1896 et 1899 au 69ème régiment d’infanterie et suit même des cours de télégraphie électrique pendant 2 ans . Il fait trois séries d’exercices militaires en 1902, 1906 et 1911, toujours dans les bataillons de télégraphes (notamment au Mont Valérien).
En 1904, il se marie à Grury avec Henriette Julien. Le couple habite à Grury.
Quand sonne l’heure de la mobilisation générale, Jean Marie Fontaine rejoint le 8 ème régiment du génie et se retrouve sapeur télégraphiste. Il a 39 ans.
Va-t-il au front ? Est-il affecté directement au fort de la double couronne à St Denis ? Difficile de le dire.
Son décès a lieu dans des conditions exceptionnelles.
Le 4 mars 1916 vers 9H25 la courtine Est de l’ ouvrage de la double Couronne à St Denis explose. C’est une dépendance du fort située à l’extrémité de la rue de Paris qui sert de dépôt de grenades et d’obus qui est le lieu d’origine de l’accident.
Faisait d’abord de petites explosions, c’est ensuite la catastrophe : les pierres du fort sont projetées à 100 mètres de haut et elles retombent jusqu’à 500 mètres à la ronde sur des militaires et des civils qui passent à proximité. Un kiosque à journaux est renversé et sa marchande est tuée sur le coup. Une voiture de livraison d’un grand magasin est renversée et toute la partie avant est réduite en miettes. Les devantures sont brisées, toutes les vitres des maisons sont endommagées, les arbres arrachés et certains chevaux sont tués. On retrouve également des morts dans leurs maisons, dans les commerces ou dans la rue.
La déflagration est telle qu’elle a été ressentie à Argenteuil, à Vincennes, à Fontenay sous-Bois, à St Ouen et même à Paris située à 7 ou 8 km. Le fort est largement endommagé.
Toutes les munitions n’ont pas explosé et les pompiers se chargent de les arroser pour ne pas aggraver la situation. Fort heureusement, les obus qui se trouvaient dans le fort ont été acheminés quelques jours plus tôt vers le front. Mais le bilan est déjà lourd : 21 morts retrouvés : 14 reconnus, 5 décédés à l’hôpital St Denis, et le soldat Sauret décédé à l’hôpital St Martin. D’ailleurs 7 soldats manquent à l’appel ainsi que plusieurs habitants du quartier.
Le soir même les travaux de déblaiement sont stoppés en raison de l’obscurité, de la neige et des risques d’explosions.
Dès le lendemain matin, 200 hommes d’une batterie d’artillerie déblaient les lieux. Ils font ce travail à la main, précautionneusement pour tenter de retrouver des survivants et éviter toute nouvelle explosion. Certains éléments comme le kiosque ou la voiture sont laissés dans la rue pour permettre l’enquête.
Les pierres rassemblées sur la route de Pierrefitte sont en cours d’enlèvement grâce à l’établissement d’un petit chemin de fer Decauville. Le déblaiement va durer plusieurs jours et le 24 mars quelques débris humains retrouvés dans les pierres sont évacués vers la morgue.
Dès le lendemain du drame, quatre cadavres sont retrouvés. Deux hommes de la 22 ème section de COA sont retrouvés morts près d’un lit comme surpris par le repos. Un troisième corps est extrait, méconnaissable. Enfin un cadavre en décomposition est retiré dans l’après-midi. Tous les objets qu’ils portent sont recueillis pour être transmis aux familles.
Quelques jours plus tard, les corps inconnus sont formellement identifiés. Parmi eux se trouve Jean Marie Fontaine de Grury.
Les statistiques des pompiers de Paris estiment à 350 000 le nombre de grenades ayant explosé et à 40 le nombre de blessés. Certains de ces derniers vont sortir rapidement, d’autres succomberont à leur arrivée à l’hôpital et au moins un sera amputé d’un bras.
L’enterrement des victimes a lieu le 8 mars 1916 au cimetière communal devant une foule nombreuse. 27 victimes sont à déplorer. 8 soldats et 12 civils sont inhumés à Saint Denis. 5 sont acheminés vers d’autres nécropoles (Eaubonne, Stains et Pierrefitte).
Les familles des soldats Jean Marie Fontaine et Jules Adam ont réclamés les corps de leurs défunts.
Ils sont inhumés dans leur commune de résidence. Jean Marie Fontaine est enterré à Grury.
“Ici repose Jean Marie Fontaine décédé le 4 mars 1916 à St Denis (Seine) à l’âge de 41 ans. Regretté de sa famille. De Profundis.”
Jean Marie Fontaine est mort pour la France le 4 mars 1916 à 41 ans. L’acte de décès a été transcrit le 9 mars sur le registre de la commune. Le journal local évoque l’information quelques jours plus tard.
Sources 5E227/12-AD71, 1R RM Autun-AD71, M1713-AD71, 6M Grury-AD71, Gallica le petit Parisien, le Temps, le Radical, Ouest Eclair, statistiques des pompiers de Paris
© 2016 Généalanille Article publié le 4 mars 2016
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