Les pilules pink , susceptibles de guérir de l’anémie et de la fatigue, ont été vendues en France à partir de 1893 dans toutes les pharmacies et au dépôt parisien.
Le dépôt Gablin et compagnie (pharmacien de 1ère classe) est d’abord 32 Rue le Pelletier à Paris (1896) puis 3 cité Trévise à Paris (1897) avant de s’installer 23 Rue Ballu à Paris (1901).
Après la 1ère guerre mondiale, le dépôt est repris par Mr Parret. Le prix longtemps affiché à 3,50 francs la boite, est augmenté à 4,50 francs la boite mi-février 1920.
Les publicités avec témoignages apparaissent dans les journaux dès 1896. Tous les témoignages cités ci-après sont disponibles en cliquant sur la photo de la personne concernée.
Marie Dufour habite 14 Rue du Doyenné à Macon. En 1907, elle témoigne dans « Le petit parisien » sur son anémie guérie par les pilules Pink. Elle a acheté ses médicaments à la pharmacie Dubost après un séjour de 3 mois à la campagne qui ne l’a pas remise en forme.
Comme le journal propose un joli cliché d’elle, c’est une bonne opportunité pour illustrer un arbre généalogique. Mais est-ce bien Melle Dufour sur la photo ou ce témoignage a-t-il été inventé de toute pièce ? Il faut tenter de vérifier !
Il existe bien (sur les recensements de 1906) une Marie Dufour à la dite adresse née vers 1880 à Boussac (23) mais elle est mariée et a déjà 3 enfants. Le terme Mademoiselle semble un peu erroné. Par ailleurs, la pharmacie Dubost n’est pas une invention car elle est située petite rue Franche, et parmi tous les photographes de Macon (dont un ambulant), on retrouve Mr Odin 39 Rue Victor Hugo, né en 1863 à St Etienne (42).
Une partie des éléments semblent concorder, mais il peut être intéressant d’élargir la recherche à d’autres portraits.
En consultant le même journal sur la période 1903-1908, c’est près de 300 clichés qui sont à notre disposition avec les noms et adresses des malades.
Certains noms reviennent plusieurs fois mais toujours avec le même cliché. Avec les évolutions technologiques, certains témoins sont passés du dessin de portrait à la photographie.
Pour la Saône et Loire, une jeune femme se plaint de maux d’estomacs et témoigne en faveur des pilules Pink.
Melle Virginie Fontaine est modiste à Mervans. Ni elle, ni aucune personne portant ce patronyme n’est cité dans les recensements de 1901 et 1906 pour cette commune. Son témoignage étant cité en 1903 et de part son métier, on peut imaginer qu’elle n’était que de passage à Mervans. A moins, que les personnes ne soient finalement inventées….
Un troisième témoignage de Saône et Loire est diffusé dans le même journal avec un article qui précise qu’avec les certificats de guérison et les nouveaux procédés de clichage qui permettent de faire figurer le nom des photographes, les lecteurs ont toutes les garanties et preuves de véracités que les malades existent.
Melle Augustine Lacomme habite chez ses parents, faubourg St Jean à Autun. En 1906, elle apporte son témoignage dans une publicité parue dans Le Petit Parisien : elle ne souffre plus d’anémie depuis qu’elle prend des pilules « Pink».
Il existe bien une famille Lacomme en 1906 à l’adresse indiquée dont une fille couturière née en 1883 à Cordesse. La demoiselle, qui ne se mariera qu’en 1911, a donc 25 ans, cependant elle ne s’appelle pas Augustine mais Justine.
Le photographe, garant du cliché, s’appelle Mr Raphaël . Or il n’y a que trois photographes recensés à Autun, tous habitant l’avenue de la gare :
Aucun d’entre eux ne porte donc le patronyme du cliché, mais le dernier photographe pourrait être une piste. En fouillant un peu plus sur internet, on trouve la trace de clichés photographiques qui portent la mention « G. Raphaël, Lauréat de l’Ecole des Beaux-Arts, 25 avenue de la Gare, Autun ».
Excepté le problème de prénom de la malade, c’est le premier témoignage où la personne semble réellement exister.
Le témoignage des lyonnais n’est pas rare : on en dénombre 18 sur la période 1903-1908 toujours dans le petit Parisien, dont un article paru deux fois.
Sur une ville de l’importance de Lyon, la migration de population est importante. On ne peut pas limiter la recherche aux recensements de population et il faut donc élargir les recherches à d’autres ressources avec deux difficultés : les femmes n’ont pas le droit de vote et le « petit personnel » n’est pas recensé dans les annuaires des « principaux habitants » de Lyon.
Les portraits parus sont tout d’abord dessinés (parfois à partir d’une photographie) avant l’usage quasi systématique des photos à partir de 1906.
Dans les témoignages de cette époque, Melle Jeanne Pivat 24 rue des capucins (Lyon 1 er ) n’a pas été retrouvée. Les autres laissent des traces probables de leur existence :
Edouard Bron , né en 1860 à Charmoille (Suisse) est photographe au 31 rue Grenette (Lyon 2ème). Il réalise les clichés de plusieurs témoins des pilules Pink.
Deux témoins sont aux abonnés absents : Mr Louis Baurier , employé 109 avenue de Bonnel et Mme Béroujon , 17 Rue Marc Antoine Petit.
Joseph Deserthaud est né en 1877 à la Chaize (43). Il est photographe aux 31-33 Rue Victor Hugo (Lyon 2 ème ) et il va réaliser un tiers des clichés des malades de la période 1903-1908.
Honoré Cavaroc est né en 1846 à Lyon. Il est photographe dans la rue Victor Hugo au numéro 6.
Deux de ses clients ont leur portrait diffusé lors de leur témoignage de guérison grâce aux pilules Pink :
Louis Gimbert est né en 1837 à Chabeuil (26), il est photographe au 86 avenue de Saxe (Lyon 3 ème .
Il effectue le cliché de Melle Madeleine Brazier domestique âgée de 18 ans, demeurant 4 quai Fulchiron qui n’apparaît pas dans les recensements de 1906.
Enfin, deux témoignages sont relevés dans les communes du Rhône : Melle Villard 19 ans,à Thurins et Mr Fillardet mécanicien PLM retraité à Grigny.
Si on trouve bien Melle Marie Villard cultivatrice à Soly, Mr Fillardet n’apparaît pas à Grigny dans le recensement de population. Il est cependant présent dans les listes électorales de 1903 né en 1847 à St Nizier le Bouchoud (01) mécanicien.
Sur les 23 portraits de malades ayant acheté des pilules Pink, 5 n’ont pas été retrouvés. Tous les autres existent (parfois avec quelques éléments de doute), ainsi que les photographes cités. Rien ne prouve, cependant, ni qu’il s’agit bien de la photo de la personne, ni qu’elle souffrait des maux décrits.
Sources :
6M Autun 1906, 6M St Germain du Bois 1906, 6M Macon 1906, 5E144/10-AD71, 6MP 489-AD69, 6MP491-AD69, 6MP492-AD69, 6MP493-AD69, 6MP494-AD69, 6MP496-AD69, 6MP497-AD69, 6MP499-AD69, 6MP500-AD69, 6MP502-AD69, 6MP504-AD69, 3M232-AD69, 3M319-AD69, 3M295-AD69, 3M320-AD69, 3M321-AD69, 3M323-AD69, 3M347-AD69, 3M350-AD69, 3M351-AD69, 3M375-AD69, 2Mi 110 D78-AD69, 2mi 110 D 80-AD69, 2E1337-AM Lyon, 2E597-AM Lyon, 2E992-AM Lyon, site laphotoduxix.canalblog.com, gallica.bnf.fr: le petit parisien.
© 2015 Généalanille Article publié le 17 janvier 2015
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